Et si tu étais une abeille ? Un livre de Cauwelaert

Un livre* formidable, avec plein de dessins et de photos, dont voici un aperçu : « N’as-tu jamais rêvé de voler durant des heures sans la moindre fatigue et d’avoir un GPS dans la tête pour ne jamais te perdre ? Pour cela il te suffirait d’être une abeille.Ta mémoire est extraordinaire : en quelques journées de vol, tu apprends par cœur plusieurs kilomètres carrés d’arbres, de buissons, de cours d’eau… tu te construis une carte mentale. Après le vingtième jour de ta vie, tu quittes le personnel au sol pour devenir personnel navigant. Neuf heures par jour, tu butines de fleur en fleur le nectar et le pollen. Durant les quelques semaines qu’il te reste à vivre, tu vas réussir à parcourir en moyenne plus de 800 kilomètres. Et avec tes yeux en facettes, tu peux enregistrer 300 images à la seconde, là où l’homme n’en perçoit que 24. Il y a une seule teinte que tu ne vois pas, le rouge. En revanche tu distingues parfaitement les ultraviolets, ce dont les humains sont incapables. Et comme les fleurs appellent les abeilles en envoyant des ultraviolets, ça tombe bien. La reine des abeilles, durant les cinq ans de son existence, pondras en moyenne plus de trente millions d’œufs. Quand un humain a mis en danger une ruche, et qu’il a été piqué pour cette raison, il risque de se faire piquer durant quelques jours par toutes les abeilles qu’il rencontre, même à l’autre bout du pays. Le venin dont il est porteur dégage une phéromone d’alerte, une odeur particulière qui signifie « Attention, ennemi ! ». Elles s’attaquent aussi à des femmes dont certains parfums et vernis à ongle à base d’acétate d’isoamyle dégage la même odeur que le venin d’abeille !

En jouant à l’apprenti-sorcier avec la nature, l’homme est en train de la détruire sous prétexte de la protéger. Des études ont montré qu’à proximité des champs d’OGM, le miel était contaminé par les produits toxiques que l’homme a introduit au cœur de ces plantes pour tuer les insectes « nuisibles ». Avant l’utilisation massive des pesticides, les végétaux savaient se défendre tout seuls, en attirant par une odeur particulière les insectes ennemis de ceux qui les attaquaient. Le maïs par exemple, pour lutter contre son plus grand parasite, la chenille pyrale, produit une odeur qui attire une guêpe qui adore manger ces chenilles. Mais aujourd’hui les insectes ne sentent plus que l’odeur des pesticides. Les humains sont de plus en plus allergiques au pollen qui s’échappe des fleurs et des plantes. Là encore, c’est leur faute : la pollution qu’ils causent oblige les végétaux à renforcer la densité de leurs pollens pour se défendre contre cette agression. Victime des pesticides, l’abeille a déjà disparu de régions entières en Chine. Des êtres humains la remplacent, grimpant dans les arbres pour polliniser les fleurs avec des plumeaux télescopiques. Rendement ridicule comparé à celui des butineuses. Et vision cauchemardesque de notre futur. Le progrès, c’est parfois de revenir en arrière… »

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

28 février 2019, L’exaspération des apiculteurs et des apicultrices

10 juin 2018, Pour sauver les abeilles, adoptez une ruche chez vous

7 juillet 2017, Les dégâts prouvés des néonicotinoïdes sur les abeilles

25 avril 2014, Les abeilles, qui ne peuvent pas se défendre en justice

11 janvier 2014, Les abeilles manquent à l’homme et à la nature

3 mai 2013, Les tueurs d’abeilles vus au prisme de la démocratie

12 février 2013, Gaucho, Regent, Cruiser, l’infernal trio anti-abeille

24 février 2009, les abeilles ne dansent plus

* éditions Michel Lafon, 2018, 130 pages cartonnées pour 14 euros