Euthanasie, la législation aux Pays-Bas

L’aide à mourir est inscrite depuis 1994 dans la loi des Pays-Bas. L’évolution législative va vers de plus en plus de liberté de choix, ce que regrette Theo Boer. Le débat est ouvert.

Theo Boer : Depuis plus de vingt ans, les Pays-Bas expérimentent l’euthanasie. En 2024, leur nombre a connu une hausse de 10 %. Ce n’est plus une fluctuation, c’est une tendance structurelle. L’euthanasie n’est plus exceptionnelle : elle devient, dans bien des cas, une fin de vie parmi d’autres. L’émergence de l’« euthanasie à deux » permet à des couples ou à des fratries de mourir ensemble. Les euthanasies pour troubles psychiatriques ont progressé de 59 %, touchant des personnes parfois très jeunes. Des patients physiquement en bonne santé, mais plongés dans des souffrances mentales que la médecine peine à soulager, demandent désormais à mourir – et obtiennent gain de cause. La demande d’euthanasie est souvent fondée sur la crainte d’une dépendance, d’une perte de dignité ou sur un testament de vie signé bien avant les premiers symptômes. Une constante revient : la pression s’accroît. Ce n’est plus seulement une demande individuelle, mais une attente sociale. Jusqu’où irons-nous ?

Le Parlement néerlandais étudie prochainement une proposition de loi visant à accorder le suicide assisté à toute personne de plus de 74 ans, même en l’absence de pathologie grave. Le seul critère serait l’âge. On ne meurt plus parce qu’on souffre, mais parce qu’on estime avoir assez vécu. Chaque ouverture du champ de l’euthanasie crée de nouvelles attentes, de nouvelles demandes, une nouvelle normalité. On introduit l’idée que certaines vies, dans certaines conditions, ne valent plus la peine d’être vécues – ni même d’être soignées.

Le point de vue des écologistes qui veulent en finir

 Le suicide assisté n’est pas une question médicale : nul besoin d’un médecin, c’est une question technique pour sa réalisation, mais surtout un choix personnel. PERSONNEL ! Que le corps médical, les religieux de tous poils ou les profs de morale arrêtent de prétendre savoir à la place des autres. Un référendum sur la question et ils auront droit à leur voix, ni plus ni moins… Et encore, on ne voit pas pour quelle raison une majorité interdirait de choisir le moment de sa mort et le moyen le moins sale pour y parvenir. La possibilité du suicide existe toujours, aucun réglementation sur la question !

– Le débat sur la fin de vie, c’est encore et toujours une affaire de pouvoir. Avoir barre sur la vie et la fin des autres est tellement jouissif.

– Tout est pression sociale. L’image que nous avons de nous-même ou de notre qualité de vie nous est renvoyée par la société autour de nous. Notre liberté dépend en fait des interactions spéculaires.

– La liberté d’un individu se situe toujours entre différentes contraintes. Vaut-il mieux mourir chez Orpéa à 3 500 euros le mois, dans mes couches et à bien vouloir qu’on veuille me laver de temps en temps ?

– Et oui ne vous en déplaise, certaines vies dans certaines conditions n’ont plus de vie que de nom. Et si un individu ne veut tout simplement pas de la vie qu’il subit ?

– En matière de choix, nous sommes tous des porteurs de dignité, que ce soit refus d’une transfusion sanguine ou de toute autre pratique thérapeutique jugée inutile par nous.

– La sagesse, c’est de ne pas mettre en suspens le vieillissement de nos artères, d’accepter la fatalité et la nécessité de notre mort.

– Une vie ne vaut que si elle est utile pour soi et pour les autres.

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Le suicide assisté, une pente glissante ?

extraits : La seule certitude de la vie sociale en démocratie, c’est le principe de la libre détermination de la personne une fois qu’on lui permet de choisir en toute connaissance de cause. Si dans un pays libre on permet le suicide assisté à des personnes ayant toute leur faculté de penser, c’est à la personne de décider pour sa propre mort sans qu’on puisse la rendre responsable du suicide des autres personnes. Theo Boer parle « d’incitation au désespoir ». Mais on peut aussi bien considérer la réalité psychologique inverse : si on sait qu’on peut choisir de mourir quand on veut, autant décider de continuer à vivre le plus longtemps possible. Une de ses phrases interpelle : « Dans une société où l’aide à mourir est accessible, les gens sont confrontés à l’un des choix les plus déshumanisants qui soient : est-ce que je veux continuer à vivre ou est-ce que je veux mettre fin à mes jours ? »

Et alors ? En quoi est-ce déshumanisant. C’est peut-être le contraire, une interrogation personnelle sur ce qu’est le sens de l’humain, le sens de la vie sur Terre. Au delà de sa propre personne, il faut s’interroger sur le sentiment d’être ou non encore utile à la collectivité humaine…

9 réflexions sur “Euthanasie, la législation aux Pays-Bas”

  1. pour ou contre ???

    Le film « Plan 75 », présenté mi-mai 2022 à Cannes : dans un futur proche et face au vieillissement, le gouvernement japonais estime qu’à partir d’un certain âge, les seniors deviennent une charge inutile pour la société. Il met en place le programme « Plan 75 », lequel permet aux plus de 75 ans de se faire euthanasier s’ils le souhaitent pour ne plus être un « fardeau » pour la société.
    Un référendum en France sur une telle question est toujours possible. Mais comme l’expérience historique le montre, les gens ne votent pas sur le contenu de la question posée, mais pour ou contre la personne qui la pose. Une démocratie véritable repose sur le positionnement de citoyens éclairés. Nous ne connaissons pas actuellement une seule nation qui ait une majorité de citoyens éclairés. Il faudrait pour cela lire tous les jours notre blog et comprendre ce qui se dit pour pouvoir agir au mieux.
    Lire, Bientôt un seul enfant de – 14 ans au Japon !
    https://biosphere.ouvaton.org/blog/bientot-un-seul-enfant-de-14-ans-au-japon/

    1. Si un référendum en France sur une telle question est toujours possible… hélas il ne faut plus s’étonner de rien… je voulais juste savoir s’il serait souhaitable ou pas.
      Compte tenu bien sûr de l’état de notre démocratie (démocraSSie).

      – « Que le corps médical, les religieux de tous poils ou les profs de morale arrêtent de prétendre savoir à la place des autres. Un référendum sur la question et ils auront droit à leur voix, ni plus ni moins… » (biosphère)

  2. Le Mouvement pour l’extinction volontaire de l’humanité, ou VHEMT (de l’anglais Voluntary Human Extinction Movement), est un mouvement écologiste qui appelle tous les humains à s’abstenir de se reproduire. Le VHEMT prône l’extinction de l’être humain principalement parce qu’il estime que cela permettrait d’éviter la détérioration de l’environnement. Le VHEMT est fondé en 1991 par U. Knight, un militant américain qui s’engage dans le mouvement écologiste dans les années 1970.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_pour_l%27extinction_volontaire_de_l%27humanit%C3%A9

    L’Église de l’Euthanasie (Church of Euthanasia) est un groupe religieux fondé par Chris Korda en 1992. Il prône la réduction de la population humaine dans le but de préserver l’environnement. Son unique commandement est « Tu ne procréeras point » (« Thou shalt not procreate »). Il prône entre autres le suicide et l’avortement.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_de_l%27Euthanasie

    1. Le VHEMT fait la promotion d’une idéologie plus extrême que Population Action International, groupe qui défend l’idée que la population humaine devrait être réduite pour protéger la planète, mais pas disparaître. Par contre, la position du VHEMT est plus modérée et plus sérieuse que celle de l’Église de l’Euthanasie, qui prône la réduction de la population par le suicide. Une ‘étude de 1995 révèle que 36 % des adhérents du VHEMT se considèrent également membres de l’organisation Earth First!

      Knight indique que l’idéologie de son groupe va à contre-courant du natalisme de la société contemporaine. Il pense que cette pression a empêché de nombreuses personnes de soutenir, ou même de débattre du contrôle démographique. Il reconnaît que les chances de succès de son groupe sont maigres, mais maintient qu’essayer de réduire la population de la planète est la seule option morale.

      1. J’ai donc parfaitement raison quand je dis que le malthusianisme est une religion. Ah elle est belle votre religion !
        Et j’ai donc encore parfaitement raison quand je dis que tout le monde aujourd’hui est écologiste. Ah elle est belle votre écologie !

  3. – « L’évolution législative va vers de plus en plus de liberté de choix, ce que regrette Theo Boer. Le débat est ouvert. »

    Le point de vue de Theo Boer est parfaitement respectable, celui de ceux qui veulent en finir montre qu’il n’y a pas de débat. À titre PERSONNEL j’estime que Theo Boer a de très bonnes raisons de (se) poser la question : Jusqu’où irons-nous ?
    Et oui ne vous en déplaise, les Pays-Bas sont sur la pente glissante.

    Petite question : Que viennent faire les écologistes (qui veulent en finir) dans ce «débat» ?

    1. Michel, le droit à la vie n’est pas un principe intangible, il est modulable selon l’évolution de la conscience sociale et écologique. Sur une planète de 8 milliards d’êtres humains, surpeuplée, on peut s’interroger aussi bien sur les conditions de donner la vie comme sur les modalités de sa mort. Le mouvement gink (pas d’enfant pour des raisons écologiques) est une option. L’interruption volontaire de vieillesse (ou de maladie) une autre. L’essentiel dans les deux cas est de respecter la liberté de choix des personnes. Si on ne limite pas la population en proportion des ressources, alors il y a mortalité non désirée, famine, guerre ou épidémie comme l’a montré Malthus et l’histoire humaine.

      Le commandement « tu ne tueras point » est d’ailleurs mis à mal de tous temps sur des champs de bataille. Le plus souvent ces morts sont sanctifiés par les tenants de telle ou telle religion. La guerre sert d’infanticide différé, mais ce n’est pas le choix de notre blog…

      1. Merci de cette réponse, très claire, je comprends mieux dès à présent ce que les zécologistes- malthusiens (pléonasme) viennent faire dans ce «débat».
        Tant qu’à bien glisser, je pense qu’il serait bon de préciser les limites de ce droit à la vie… tel que vous le concevez. Déjà en terme de temps. Qui, comme le chantait Brassens, ne fait rien à l’affaire.
        Vous nous avez rappelé il y a 2 jours que Paul Lafargue s’était fixé sa limite d’âge à 70 ans. Avec ses 78 balais Michel Sourrouille semble avoir placé sa barre plus haute. Après tout c’est son choix, et comme quoi finalement il n’est pas si pressé que ça. Bref, là encore toute la difficulté est de trouver la juste mesure.
        75 me semble être bien… c’est d’ailleurs la limite qui est fixée dans ce film d’anticipation, sorti en 2022, et dont nous avons déjà parlé sur ce blog.
        J’en arrive donc à cette question : (à suivre)

        1. pour ou contre ?

          Pour sauver la planète… et bien entendu dans les règles de la Démocratie (avec 2 SS c’est beaucoup mieux), et évidemment sur la base du Volontariat, ce qui est l’Essentiel (la bonne blague)… êtes-vous favorable à un referendum sur le Plan 75 ?

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