Évitons l’optimisme en 2019, cela empêche le réalisme

LE MONDE recycle l’anti-pessimisme de Steven Pinker. L’article du 26 novembre 2017, « Steven Pinker, le bon augure », devient le 1er janvier 2019, Steven Pinker : « Notre pessimisme nous conduit à croire que tout effort pour améliorer le monde est une perte de temps ». Steven Pinker n’est en fait qu’un manipulateur de la réalité. Par exemple dans son livre, il minimisait le nombre absolu de morts de la seconde guerre mondiale en la comparant à la révolte en Chine au VIIIe siècle qui a entraîné la mort d’un sixième de l’humanité d’alors. Il semble oublier qu’il n’y a pas d’évolution positive de l’humanité, les possibilités de violence humaine restent les mêmes aujourd’hui ou avec les chasseurs cueilleurs ! Sauf qu’avec 7,5 milliards de Terriens en 2019, la probabilité croissante de déflagration sociopolitiques et écolo/économiques risque fort de nous faire perdre la « part d’ange en nous » Résumons de façon critique ses propos.

Bien sûr le monde est devenu plus prospère, mais au prix du gaspillage des ressources énergétiques qui vont en s’épuisant rapidement. Bien sûr les famines sont plus rares mais plus de 1 milliards de personnes ne mangent pas à leur faim quand tant d’autres deviennent obèses. Bien sûr il y a de nouveaux antibiotiques, mais l’inefficacité de ce genre de traitement progresse rapidement. Bien sûr l’espérance de vie moyenne progresse mais pas l’espérance de vie en bonne santé. Il n’y a pas de progrès « tangible », seulement une illusion techniciste. Que Pinker fasse confiance aux « réacteurs nucléaires modulaires » en est un exemple. Bien entendu cet illusionniste croit encore à la démocratie et aux marchés. Dormez braves gens, contre-pouvoirs et droits inaliénables empêchent la corruption des dirigeants et les abus de pouvoir. Pinker est un digne représentant de nos élites, adepte de la mondialisation qui « rend les vêtements et la nourriture moins chers ».

Pinker croit que « le biais pessimiste conduit au fatalisme ». C’est au contraire parce qu’il faut considérer que le monde tel qu’il va court à la catastrophe socio-écologique que nous nous donnerions des chances de réagir. L’optimisme conduit à l’immobilisme. Notre seul point commun avec Pinker, c’est le peu de crédit qu’il faut accorder aux médias. La survalorisation de faits événementiels comme le terrorisme est le premier exemple qui lui vient en tête. Alors que les dommages par accidents de voiture sont bien plus conséquents. Donnons maintenant la parole aux internautes.

Jobst : C’est de l’optimisme conservateur, comme Louis Pauwels, en son temps. On fait croire que tout ne va pas si mal et que tout pourrait s’arranger avec du réformisme. C’est aussi mensonger que le pessimisme désabusé. Avec la surpopulation, le triomphe des dictatures hypercapitalistes comme la Chine, des neo fascistes, le monde est déjà dans l’horreur.

Marc Herrera : Pas un mot sur l’environnement et le fait que toutes ces avancées ont été permises en très grande partie par un accès aux énergies fossiles qui sont en train de détruire la planète… Le constat est donc complètement erroné…

Stéphane SARRETE : Tout va mieux mais pas un mot sur le réchauffement climatique qui est la menace systémique qui menace l’Humanité, c’est un peu fort !

Jcb : un réacteur nucléaire modulaire qui ne produit pas de déchet, qui connaît cette avancée technique? En existe-t-il qui ont dépassé la stade théorique ou conceptuel ?

fch/ich @ jcb : « Les PRM n’existent pas encore en Occident, mais les Laboratoires nucléaires canadiens espèrent construire un prototype d’ici huit ans. […] Leur principal avantage : ils pourraient être construits à la chaîne en usine et assemblés sur le site choisi. Comme tous les réacteurs, ils engendreraient toutefois des déchets nucléaires. » Dixit Fannie Olivier, correspondante parlementaire à Ottawa.

4 réflexions sur “Évitons l’optimisme en 2019, cela empêche le réalisme”

  1. La Terre héberge en ce 1er janvier 2019 entre 7,6 et 7,7 milliards de personnes. La croissance de nos effectifs a été d’environ 92 millions en 2018, soit une augmentation annuelle de 1,2 %, sensiblement la même que l’an dernier. Cela correspond à l’arrivée de 250 000 personnes supplémentaires chaque jour sur la Terre en données nettes, c’est à dire naissances moins décès !
    source : http://economiedurable.over-blog.com/2018/12/la-population-mondiale-au-1er-janvier-2019.html

  2. Pessimisme et optimisme ont fait couler beaucoup d’encre alors qu’il ne s‘agit avant tout que d’une affaire de tempérament et de philosophie de vie.

    Comme pour tout nous trouvons diverses formes d’optimismes et de pessimismes allant des plus naïves aux plus cliniques.
    Le catastrophisme est généralement présenté comme une forme grave de pessimisme, force est de constater que la «positive-attitude» fait meilleure recette, et pour cause elle est plus sympathique. Pourtant là aussi il existe diverses formes de catastrophismes, le « catastrophisme éclairé » de Jean-Pierre Dupuy n’étant pas le même que le « catastrophisme positif » de Pablo Servigne.
    Du catastrophisme nous franchissons allègrement le pas pour parler du fatalisme, qui de nos jours semble être la pire des postures. Pourtant là encore il existe une différence entre le « à quoi bon ? » et le « plus rien à foutre » qui lui exprime le nihilisme.

    Selon moi la meilleure des postures reste le réalisme, celui qui consiste à essayer de voir la réalité (le réel) au plus juste, c’est à dire comme il est et non comme on aimerait qu’il soit. Autrement dit essayer de voir le Monde ( les choses, les hommes, à commencer par soi-même) comme il est et non comme on se plait à le voir.

    Ce réalisme diffère du fameux pragmatisme, aujourd’hui dans toutes les bouches, qui lui a la prétention d’agir sur le réel afin de le changer. Seulement ces fameux « pragmatiques » ne peuvent être crédibles que s’ils ont vraiment la vue claire et l’esprit libre. S’ils sont assujettis à telle ou telle doctrine, contrainte économique, telle ou telle force qui les poussent dans tel ou tel sens, alors tout ce qu’ils peuvent raconter ne vaut pas grand chose.

    Après avoir vu (aussi clairement qu’il soit possible de voir) la situation qui est la notre, nous en revenons à la sempiternelle question : QUE FAIRE ? Question qui peut se décliner sous d’autres formes : Quel sens a tout cela ? Que m’est-il permis d’espérer ? etc. Et là il ne s’agit plus que d’une affaire strictement personnelle, un problème des plus intimes.

  3. Didier Barthès

    Je ne vois pas comment aujourd’hui la lucidité pourrait conduire à l’optimisme, sauf à être adepte de la méthode Coué. Difficile en tout ca de dire aux 10 % de vie sauvage qui subsistent encore difficilement que tout va bien.

  4. Ce n’est ni ‘l’optimisme ni le pessimisme, mais c’est l’habitude qui tue…

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