F1, société du spectacle à Miami et CO2

Après être tombée en désuétude, la formule 1 enthousiasme à nouveau les Etats-Unis. Les coureurs ont disputé, ce 7 mai 2023, le premier des trois Grands Prix américains à Miami, avec notamment une tribune transformée en beach club et une « fausse » marina reconstituée abritant une dizaine de petits yachts. Qu’en dit LE MONDE ?

Anthony Hernandez : La stratégie de la F1 tient en un mot : « entertainment ». « Sans divertissement, il manque quelque chose pour impliquer le fan ». La reconquête de l’Amérique par la F1 n’a rien d’un accident. En rachetant ce barnum vieillissant au Britannique Bernie Ecclestone, Liberty Media avait échafaudé son planUne collaboration avec un géant américain du divertissement, Netflix, a dépoussiéré l’image de la discipline outre-Atlantique – et dans le monde entier. Sorte de série documentaire aux accents de télé-réalité, « Formula 1 : Drive to Survive » chronique depuis cinq ans le championnat du monde. Rivalités, amitiés, trahisons, suspense, dramaturgie, le séduisant storytelling du docufiction passionne un nouveau public… La F1 ambitionne de décrocher la pole position. « Nous ne faisons qu’effleurer la surface de ce que nous pouvons réaliser aux Etats-Unis. Nous voulons nous assurer que la F1 est présente trois cent soixante-cinq jours par an ».

Le point de vue des écologistes en vélo

« entertainment » veut dire distraction, diversion, manière de combler les vides de l’existence de nos contemporains. La F1 est un non sens écologique, l’information dans un quotidien « de référence » ne devrait pas se limiter à n’être que la vitrine d’un « sport » assis dans un baquet.

La formule 1, incitation vociférante aux émissions de gaz à effet de serre, était à l’agonie. Dans l’impasse financière, Honda avait abandonné la F1 en 2008, imité l’année suivante par BMW et Toyota. Il n’y  a pas eu de Grand Prix de France de F1 en 2009.

Mais il y a plus grave pour l’avenir de la F1. Les protagonistes des sports mécaniques sont confrontés au glissement des valeurs. La crise écologique pousse à abandonner le culte de la vitesse, le culte du bruit, le culte de l’abrutissement des masses qui font vroom vroom par procuration puisque maintenant le radar les attend au tournant. Il faut économiser l’énergie fossile pour ne pas dépasser 2 °C, la mesure symbolique par excellence serait l’arrêt définitif des compétitions de F1.

enfin! La fin de la F1… (2008)

Copenhague et la F1 (2009)

3 réflexions sur “F1, société du spectacle à Miami et CO2”

  1. Oui mais… désormais la F1 est verte ! Et elle va l’être de plus en plus. Toujours plus !
    – « les prochains moteurs hybrides à partir de 2025 auront la neutralité carbone, fonctionnant avec du carburant non fossile » (Wikipédia : Formule 1)

    Et puis faut pas oublier la FE.
    – « La Formule E est un concept unique dans le sport automobile, qui a pour but d’unifier le sport automobile et le développement durable. » (Wikipédia : Formule E)

    Vive le Développement Durable ! Vive la FE, vive la F1 verte !
    Vive les motos, les 4×4, le Dakar etc. Vive tout ce Cirque !
    Vroum Voum Tut Tut Pouet Pouet !!! En attendant … (à suivre)

    1. (suite)
      – « Il faut économiser l’énergie fossile pour ne pas dépasser 2 °C, la mesure symbolique par excellence serait l’arrêt définitif des compétitions de F1.»
      ourquoi par excellence ? La Formule 1 n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des aberrations de ce système qui carbure au Business (as usual) et au Spectacle (Jeux du Cirque, abrutissements divers et variés : The Show must go on ! )
      En matière de mesures symboliques nous sommes déjà servis. Même dans la F1, qui comme je le disais précédemment s’est mise au vert, mode oblige.
      Les mesures symboliques c’est de la foutaise. Là encore du trompe-couillons !
      Je dirais plus, du trompe-couillons par excellence ! Parce que nous le valons bien.

      1. Ce sont des mesures radicales (voir étymologie du mot) que nous devons oser penser. Et même exiger. Gentiment. Tous ensemble tous ensemble, ouai ouai ! Osons… c’est à ça que nous nous reconnaîtrons. Les radicaux à gauche, et les symboliques à droite. On en crève du symbolique !
        La Compétition (en général) est bien plus toxique que la seule F1. Voire que toutes ces courses de vroum-vroun à deux, trois, quatre ou six roues. La Publicité n’en parlons même pas. Les Jeux du Cirque, les jeux à gratter, les Euromillions, la Vulgarité et la Bêtise omniprésentes sur les écrans… tout ça est mille fois pire que cette pauvre F1. Et 8 milliards de fois pire que le Tour de France. 🙂

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