Léna Lazare, Pauline Boyer et Cyril Dion participeront le 21 mars 2025 au festival Nos futurs, autour du thème « Environnement : faut-il faire peur, désobéir, donner envie ? ». Voici une première approche.
Léna Lazare : Les marches pour le climat ont été une voie d’engagement pour des centaines de milliers de jeunes dans toute la France, dès les années 2010. Songez qu’il y a eu jusqu’à 300 comités, beaucoup dans des petites villes, voire dans des villages. Toute la jeunesse s’est sentie concernée. Aujourd’hui, nous sommes capables de monter des actions avec des organisations qui ont pourtant des cultures de lutte différentes des nôtres comme la CGT, Solidaires, Bassines non merci ou la Confédération paysanne… L’autre piste que nous avons suivie est celle de l’ancrage local. C’est un postulat stratégique : partir de luttes sur les territoires pour mettre la pression et porter le débat au niveau national. Il va falloir contraindre les dirigeants à agir, au fond comme le montre l’histoire des mouvements sociaux. Ce que nous devons transmettre aujourd’hui, c’est une culture du passage à l’action.
Il faut aussi admettre qu’il existe différentes intensités d’engagement et que c’est très bien ainsi. Aujourd’hui, par exemple, je ne me définis plus seulement comme activiste. J’ai un métier, je suis paysanne boulangère
Pauline Boyer : Dans un monde qui glorifie la violence, celle-ci est, à tort, assimilée à la force. Cette confusion peut la rendre attractive, mais les actions violentes entraînent des risques pour les mouvements sur plusieurs plans. La violence contraint à une certaine clandestinité, ce qui, avec le temps, peut rendre les mouvements impopulaires de par leur déconnexion du reste de la population. L’histoire de la lutte armée pour l’indépendance du Pays basque illustre cette impasse. En plus de ne pas être stratégique, la violence ne peut façonner un monde en paix. Pour Simone Weil, « L’atmosphère du meurtre quotidien efface aussitôt le but même de la lutte, car on prend l’habitude de tuer, de ne plus estimer la vie humaine, en contradiction avec le but poursuivi. »
La non-violence est à la fois un moyen et une finalité. Par son exigence de radicalité et la manière dont elle engage la confrontation, elle ouvre la voie vers un changement de paradigme. Face à la montée de l’autoritarisme, aux inégalités qui se creusent, au racisme et à la haine véhiculés par la résurgence de l’idéologie fasciste, nos plus grandes forces seront notre réseau ; notre capacité à s’organiser collectivement.
« L’optimisme est quelque chose qu’on doit travailler », expliquait Angela Davis. L’action transcende la peur. Bloquer l’Assemblée générale de TotalEnergies pour demander l’arrêt des projets d’extraction d’énergies fossiles ou occuper une mine de charbon avec des milliers de personnes fait naître un contagieux courage.
Cyril Dion : Toutes les expériences que j’ai vécues montrent que le premier levier du passage à l’action, c’est le sens. Personne ne se mobilise durablement par militantisme sacrificiel. On agit pour soi, pour ses enfants, pour son entourage… Le second levier, c’est de se dire que c’est possible. D’où l’importance des récits, de libérer l’imaginaire. Les gens se disent, « c’est possible, je peux le faire ». A chaque fois, les assemblées citoyennes arrivent à des résultats plus ambitieux que les politiques. Mais pour que ces conventions aient de l’impact, il faut qu’elles participent à la décision. Il n’y a rien de pire que la fausse démocratie participative.
Nous sommes confrontés au lobbying de grandes entreprises, notamment les grands groupes pétroliers, sur tous les sujets. Je vois le jeunesse plus désabusée que lorsque j’avais 20 ans. Elle a vu échouer beaucoup de stratégies. Elle s’est aussi endurcie – Gérald Darmanin ou Bruno Retailleau dirait qu’elle s’est « radicalisée » !
– « Dans le cadre de la quatrième édition du festival Nos futurs, qui se déroule du 21 au 23 mars aux Champs libres, « Le Monde » vous propose de participer à trois « grandes assemblées » sur le climat, l’information et les relations parents-enfants. » (Festival Nos futurs à Rennes : participez à nos « grandes assemblées » – Le Monde 14 mars 2025)
– « Nos futurs, c’est l’occasion unique de donner la parole à la relève, dans toute sa diversité, dans un monde en transitions, pour qu’elle partage avec le grand public les sujets qui lui tiennent à cœur. » (Festival Nos Futurs – sciencespo-rennes.fr)
J’invite déjà les jeunes, de 7 à 77 ans (la relève dans toute sa diversité), à lire le programme et découvrir l’ensemble des questions au menu de ces « grandes assemblées »…
– « Faut-il faire peur, désobéir, donner envie ? »
J’ai comme l’impression qu’ON ne sait plus sur quel pied danser. Mais bon, peu importe puisque tout est bon pour faire la fête. Passer un bon moment, et rigoler.
Plus sérieusement, quoique, ces trois là disent des choses évidentes, et en même temps des choses discutables. Ce qui légitime donc cette grande question qui devrait occuper, voire amuser la relève dans toute sa diversité un bon petit moment.
Faut-il faire peur ? De mon point de vue surtout pas !
N’en rajoutons surtout pas à la Sinistrose, au contraire il faut faire rire. Donner envie de rire.
Parmi les autres questions au programme de ces « grandes assemblées » :
– Déconnecter… ou pas ! Est-il égoïste de se couper du monde ?
– Quand c’est qu’on devient vieux ?
– Comment éduquer nos parents ?
(à suivre)
Vive le règne des «dé» ! Se déconnecter, se débrancher, pour ne pas s’exposer aux «fake news», s’épargner les souffrances du monde (sic)… pourquoi serait-ce égoïste ? Du moment qu’ON fait gaffe aux autres… balancer la télé par la fenêtre en se disant « un militaire avec un peu de bol se la mange en pleine tête »… comme le fait Renaud dans L’aquarium… et la radio, par la fenêtre, « en priant pour qu’elle tombe pas sur la tronche du môme en bas, petit joueur d’accordéon à casquette »… pour moi ça c’est tout le contraire de l’égoïsme.
Quant à c’est quand qu’on devient vieux, n’importe quoi ! Et quand c’est qu’ON devient con ? Là c’est Georges qui nous donne la réponse : Le temps ne fait rien à l’affaire ! Et puis depuis quand il faudrait éduquer nos vieux, parents ?
Mais pour qui ils se prennent ces gosses… mais qui donc les éduqués aussi mal ?