fête des morts ; où les enterrer ?

Quand la crise économique rencontre le souci écologique, ça donne une tendance do it yourself très américaine. Hélène Crié-Wiesner* a vu grandir ces dernières années aux USA la vogue des green burials (enterrements verts). L’augmentation fulgurante du chômage a généré le retour à une pratique ancienne : l’enterrement dans le jardin ou, au minimum, le traitement familial intégral des gestes et cérémonies consécutives à un décès. Dans le jardin ? Oui, aux Etats-Unis, c’est permis la plupart du temps en zone rurale ou semi-rurale. En France il est aussi possible de se faire enterrer dans une propriété privée, à condition qu’elle se trouve en dehors d’une zone urbaine et à plus de 35 mètres des autres habitations. Il faut au préalable une enquête hydrogéologique ainsi que l’autorisation du préfet de département.

Il est facile de trouver aux USA des cercueils très simples, conçus « pour le jardin », biodégradables. Les cercueils en carton arrivent aussi en France, plus « écologiques » que leurs ancêtres en chêne ou en sapin. Il s’agit de papier recyclé, dans lequel on injecte des fibres naturelles et de l’amidon de maïs pour le solidifier. Un cercueil en carton pèse environ sept kilos, et peut supporter un poids de 250 kilos. Mais nous avons rencontré beaucoup plus radical de la part de commentateurs sur lemonde.fr :

–          Pour ma part, je me fous de tout ça, je ne veux pas de cercueil, un trou, qu’on me balance à même cette terre sur laquelle je suis né.

–          Il existe d’autres solutions, au sein de ma lignée il est de tradition de mourir en mer ; croyez bien que, même si vous viviez à 300 km de la plus proche côte, l’Etat ne viendra pas fourrer son nez dans vos affaires.

* American Ecolo d’Hélène Crié-Wiesner (delachaux et niestlé, 2011)

2 réflexions sur “fête des morts ; où les enterrer ?”

  1. Quelques précisions :
    Agréés par le ministère de l’intérieur, les cercueils en carton restent interdits de crémation dans 44 départements français. De plus ils reviennent en moyenne à 400 euros, contre 420 euros pour le cercueil en bois le moins cher aux services funéraires municipaux. Les prestations requises par la loi se résument à un cercueil de 22 mm d’épaisseur – 18 mm pour une crémation -, une garniture étanche, quatre poignées, une plaque d’identification, et un véhicule agréé pour le transport du défunt. C’est presque tout.

    Mais on ne peut pas se faire enterrer n’importe où : uniquement dans la ville où l’on a sa résidence principale, dans celle où l’on dispose d’une résidence secondaire, ou dans celle où il existe déjà une sépulture familiale. Les communes peuvent aussi enterrer les personnes décédées sur leur sol, quel que soit leur domicile. Toutes les communes doivent aussi proposer des tombes gratuites.
    (LE MONDE du 1er novembre 2011, Une dernière demeure ne s’installe pas n’importe où, ni à n’importe quel prix)

  2. Lorsque je traverse les hautes terres des Atlas marocains, là où le malin progrès n’a pas encore dérégler les horloges biologiques, je suis toujours admiratif de ces cimetières berbères d’où jaillit une Nature spontanée, flamboyantes prairies florifères au premier printemps survolées de papillons. Ces cimetières font passer cet admirable message de la mort comme source de vie. Les corps y sont enterrés dans un simple suaire, personne ne foule du pied l’espace sacré et la Nature prend sa revanche sous la forme d’oasis de biodiversité au beau milieu d’un univers de montagnes généralement scalpées par le surpâturage. Des cimetières-potagers, des cimetières-paradis !
    (de la part de Michel Tarrier)

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