fin de l’Etat-providence, retour au minimum vital

Les élèves de sciences économiques et sociales en lycée apprennent les bienfait de l’Etat-providence… et aussi le déficit structurel du budget social. Comment concilier avantages et inconvénients ?

Historiquement la solidarité est le fait du groupe familial ou du groupe d’appartenance. La montée des Etats-nations au XIXe siècle n’aboutira à une prise en charge collective généralisée qu’à partir de la fin  de la seconde guerre mondiale. En décembre 1942, William Beveridge produisit un rapport : la Sécurité sociale et ses services. Il est considéré comme l’ouvrage fondateur de l’Etat-providence, même si l’expression « Welfare State » n’y est pas mentionnée une seule fois. Beveridge identifie « les cinq géants » à terrasser : « Pauvreté, Maladie, Ignorance, Insalubrité, Chômage ». Il propose de financer la protection sociale par des cotisations sur salaire. Plusieurs pays européens, dont la France, s’en inspireront pour mettre en place leur Sécurité sociale.

Ce que les enseignants de SES ne disent pas à leurs élèves, c’est que Lord Beveridge est plus proche de l’idée de simplicité volontaire que des familles assistées avec écran plat dans la chambre des enfants (comme l’exprime le journaliste du MONDE*) : la vision de l’austère économiste, qui prenait un bain glacé tous les matins, était assimilée au minimum vital. L’assistance offerte par l’Etat, préconisait Beveridge, ne devait pas être « généreuse » mais « permettre de survivre », afin de ne pas supprimer l’incitation à la recherche de travail. Or la croissance des Trente Glorieuses et différents plans de relance à la keynésienne ont entraîné une démesure des besoins et la création d’un gouffre financier. La part des dépenses publiques de protection sociale dans les PIB européens a atteint 27,2 % en moyenne dans l’UE en 2005, et 33,8 % en 2010 pour la France. Ce modèle n’est ni généralisable, ni durable. La croissance est derrière nous, il va falloir apprendre ce qu’austérité et rigueur veulent dire en période de descente énergétique.

Après avoir détruit les mécanismes de solidarité de proximité, les politiques vont avoir une lourde tâche devant eux : les reconstruire ! Cela ne pourra se faire sans violences que si les citoyens comprennent pourquoi les contraintes écologiques et financières de notre temps obligent à la simplicité volontaire et à l’entraide locale. Obligation et volontarisme ne sont pas en soi des opposés, il n’y a liberté véritable que dans la mesure où on sait discerner personnellement le meilleur chemin pour arriver à la plénitude. Revenir à une conception du minimum vital chère à Beveridge et à Gandhi est une piste à approfondir.

* LE MONDE du 11 décembre 2012, Ces pays émergents qui jouent l’Etat-providence

4 réflexions sur “fin de l’Etat-providence, retour au minimum vital”

  1. @Philippulus

    Restez, on est quand meme toujours bien recu chez Biosphere. De bons hotes. Meme pour les croissansistes/natalistes comme moi.

  2. @ Philippulus
    Il nous semble que nous sommes d’accord au fond. La violence et le « brunâtre » n’adviendront que si nous n’apprenons pas collectivement à limiter nos besoins. La décroissance sereine et conviviale est notre référence commune. Quant à la cohérence, elle se cherche encore, nous devons la trouver ensemble sans anathèmes.

    Rappelons notre dernier paragraphe : « Après avoir détruit les mécanismes de solidarité de proximité, les politiques vont avoir une lourde tâche devant eux : les reconstruire ! Cela ne pourra se faire sans violences que si les citoyens comprennent pourquoi les contraintes écologiques et financières de notre temps obligent à la simplicité volontaire et à l’entraide locale. » Peut-on être en désaccord avec ces propos ?

  3. Associer Lord Beveridge et Gandhi, il fallait oser…Il est vrai qu’ici on ose tout, au nom d’une objection de croissance qui se voudrait radicale, mais qui n’est au mieux qu’incantatoire et au pire un peu brunâtre.
    Les ressources énergétiques fossiles s’épuisent et leur utilisation massive posent de graves problèmes : il faut en augmenter le prix et tant pis pour les gueux. Ils n’ont qu’à prendre des bains glacés, comme Lord Beveridge, ce précurseur ignoré de la décroissance et ce promoteur méconnu de la simplicité volontaire.

    Par ailleurs, si j’ai bien tout compris, il faudrait de toute urgence faire décroître les « dépenses publiques de protection sociale ». Il est vrai qu’elles ne servent qu’à entretenir des « familles assistées avec écran plat dans la chambre des enfants ».

    Alors là franchement, ça ne sent pas bon, je vais donc aller voir ailleurs si on peut militer pour une décroissance sereine, conviviale et cohérente.

  4. Associer Lord Beveridge et Gandhi, il fallait oser…Il est vrai qu’ici on ose tout, au nom d’une objection de croissance qui se voudrait radicale, mais qui n’est au mieux qu’incantatoire et au pire un peu brunâtre.
    Les ressources énergétiques fossiles s’épuisent et leur utilisation massive posent de graves problèmes : il faut en augmenter le prix et tant pis pour les gueux. Ils n’ont qu’à prendre des bains glacés, comme Lord Beveridge, ce précurseur ignoré de la décroissance et ce promoteur méconnu de la simplicité volontaire.

    Par ailleurs, si j’ai bien tout compris, il faudrait de toute urgence faire décroître les « dépenses publiques de protection sociale ». Il est vrai qu’elles ne servent qu’à entretenir des « familles assistées avec écran plat dans la chambre des enfants ».

    Alors là franchement, ça ne sent pas bon, je vais donc aller voir ailleurs si on peut militer pour une décroissance sereine, conviviale et cohérente.

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