La famille d’un homme de 64 ans hospitalisé à l’Institut Gustave-Roussy pour un cancer de la gorge avait introduit un référé-liberté pour s’opposer à la décision d’arrêt des traitements et à la sédation terminale conduisant à sa mort.
Béatrice Jérôme : L’équipe médicale du service de réanimation avait informé sa fille de son intention d’arrêt des traitements et d’une sédation terminale conduisant à la mort, considérant que son maintien sous ventilation mécanique relevait de l’« obstination déraisonnable ». La famille de M. Teboul a introduit un référé-liberté pour s’opposer à cette décision d’arrêt des traitements et à la sédation terminale conduisant à sa mort. Dans une décision rendue le 30 septembre 2025, un tribunal a donné gain de cause à la famille : « En entendant son prénom murmuré à son oreille par sa fille Henia, Chabane Teboul a tourné vers elle sa tête posée sur l’oreiller. » Et la famille de M. Teboul a produit une lettre signée par lui indiquant : « Je souhaite que tout soit entrepris pour me soigner et prolonger ma vie. »
Le point de vue des écologistes réalistes
– Nos sociétés modernes ont été conditionnées à refuser la mort. Or celle-ci faisait partie du quotidien de l’humanité dans les temps anciens et dans d’autres pays aujourd’hui.
– Si on peut se réjouir des traitements qui nous permettent d’éviter une maladie grave, d’en guérir ou d’obtenir un maintien en vie dans des conditions acceptables, l’acharnement de cette famille est choquant.
– La décision du patient est un absolu, elle doit donc être respectée. Mais soyons logique. Cette décision individualiste entraîne un poids supplémentaire pour les autres, injustifié dans le cas présent. Chabane Teboul en rédigeant sa lettre aurait donc du considérer que sa famille devrait normalement supporter les charges de sa fin de vie sous ventilation artificielle et autres techniques coûteuses. Plutôt que d’être une charge, les habitants de l’île de Kéa (IIIe siècle avant Jésus-Christ) préféraient boire de la ciguë dans une atmosphère festive ; l’acte était considéré comme héroïque.
– Le Titanic de la solidarité collective bercé par l’orchestre jouant l’air de l’abondance à crédit heurte une nouvelle fois l’iceberg de l’égoïsme individuel figé dans ses certitudes.
– Je plains le jeune accidenté de la route ou toute personne ayant besoin d une place de réanimation en urgence qui devra accepter de mourir, faute de place, pour qu’une famille puisse faire tranquillement souffrir l’un des leurs dans son agonie finale.
– La question est donc malheureusement posée : Doit-on continuer à dépenser pour une situation sans issue au détriment d’autres situations qui ouvrent une perspective de guérison ?
– Le cas d’Ariel Sharon est significatif. Il végétait depuis une attaque cérébrale en 2006. Il coûtait cher, 296 000 euros par an. Contre l’avis médical, les enfants refusaient le débranchement. Sharon a été maintenu en vie par les médecins jusqu’à ce que l’hôpital demande à la famille de payer les soins… il a fini par être débranché en 2014. Huit années d’acharnement qu’on ne peut plus appeler « thérapeutique ».
– Il faut savoir reconnaître la mort qui vient car elle est par nature notre lot commun. Prolonger une vie qui n’en est plus une est indigne, cela paraît incompatible avec notre faculté de penser et de juger la réalité des faits.
– Rappelons que la loi Macron (toujours en suspens) ne privilégie pas l’essentiel de la fin de vie, respecter la libre volonté des personnes qui veulent en finir avec une vie jugée par eux insupportable. Laissons la pilule létale en vente libre en pharmacie et le problème sera résolu une fois pour toutes, que ce soit d’ailleurs pour le grand âge, les malades au bout du rouleau ou les petits jeunes qui en ont marre de vivre ce qu’on leur fait vivre. L’État doit s’abstenir dans tous les cas de se permettre de juger de leur propre sort à la place des citoyens.
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Ariel Sharon est mort-vivant, Pauwels vivant est mort (2014)
extraits : Ariel Sharon survit depuis le 4 janvier 2006 sous respiration artificielle, à la suite d’un grave accident cérébral. Ariel Sharon est un patient qui coûte cher : 1,5 millions de shekels (296.000 euros) par an*. Son état vient de s’aggraver récemment, mais aux dernières nouvelles il est toujours « vivant », à savoir « en danger de mort imminente ». Emiel Pauwels, un Belge de 95 ans, qui était considéré comme « le plus vieil athlète » du royaume, est mort mardi par euthanasie après avoir « célébré » la veille son départ avec une centaine de proches : « Qui ne voudrait pas en finir avec du champagne en compagnie de tous les siens ? »…
Nous sommes 7 milliards, Ariel Sharon est de trop (2011)
extraits : Le 26 septembre 2000, Ariel Sharon annonce son intention de se rendre sur l’esplanade des mosquées… il déclenche volontairement la deuxième Intifada.Ariel Sharon aurait mieux fait de défendre la décision de l’Assemblée générale des Nations-Unies du 29 novembre 1947 qui recommandait l’établissement d’un Etat juif, mais aussi d’un Etat arabe. Ariel Sharon survit depuis le 4 janvier 2006 sous respiration artificielle. Beaucoup de raisons pour débrancher Ariel Sharon ! Le judaïsme reste intransigeant sur le thème de la défense de la vie « jusqu’à son terme naturel ». Mais Ariel Sharon n’était pas du tout religieux (dans un Etat juif !). Et qu’appelle-t-on « naturel » ?….

Le Conseil d’Etat a autorisé le 3 novembre 2025 l’interruption du traitement de Chabane Teboul : « Les graves lésions neurologiques dont Chabane Teboul est affecté présentent un caractère irréversible ». Le maintien des traitements constitue une « obstination déraisonnable ».Ce terme, défini par la loi depuis 2005, désigne le fait de maintenir des soins qui apparaissent inutiles, disproportionnés ou ayant comme seul but le « maintien artificiel de la vie ». Les directives anticipées de M. Teboul demandant que « tout » soit entrepris pour son maintien en vie ne pouvaient s’appliquer à une situation aussi désespérée
Quand il y a « obstination déraisonnable » voulue par la famille, il serait normal que celle-ci prenne en charge son obstination sur ses propres de deniers. Surtout au moment où notre système de santé est en burn-out.
J’ose encore croire que pour beaucoup d’entre nous, décider de la mort de quelqu’un n’est pas quelque chose d’anodin. Et que ça laisse des traces, sur la conscience. Les directives anticipées sont là pour aider les médecins et/ou la famille à prendre cette décision, ou leur responsabilité si vous préférez… et contribuer ainsi à alléger leur conscience, ce qui n’est pas rien.
Or, ici, ces directives ne vont pas dans le sens de ce qu’on appelle couramment l’acharnement thérapeutique, c’est même le contraire.
Aujourd’hui on ne dit plus acharnement thérapeutique… on dit obstination déraisonnable.
Seulement voilà, où sont les limites du raisonnable et du déraisonnable ?
– Fin de vie : controverse judiciaire autour de l’« obstination déraisonnable »
( la-croix.com 8 octobre 2025 )
– Le médecin, les parents et le juge. Trois regards sur l’obstination déraisonnable
( Camille Bourdaire-Mignot, Tatiana Gründler – hal.parisnanterre.fr )
Si l’obstination n’est pas claire… qu’en est-il de l’argumentation, des uns et des autres ? Est-elle raisonnable ou déraisonnable ? J’entends, ici et là, certains dire que ça coûte cher… et puis que cet homme de 64 ans en réanimation prend la place d’un autre qui en aurait plus besoin que lui… ou qui la mériterait plus, que lui… un plus jeune va savoir.
ON pourrait rajouter qu’avec une Dette de 3300 milliards il est grand temps de faire des économies là aussi. Misère misère !
Ceux-là, qui ici sont POUR… le débrancher… ne raisonnent pas, ils résonnent.
Comme les tambours, ils s‘obstinent et s‘acharnent… à voir et penser les choses comme s’ils avaient une calculette à la place du cerveau. Ou du cœur si vous préférez. (à suivre)
(et fin) Ces malheureux zéconomistes à deux balles semblent avoir besoin de mettre un prix sur tout et n’importe quoi, ici une vie humaine. Dans le même genre, ceux qui ne parlent pas en euros mais en tonnes carbones, empreinte écologique etc. ne valent pas plus cher. ON commence comme ça, et ON finit avec le Plan 75.
Oui je sais… la pente glissante et patati et patala. 🙂
Si j’ai bien compris… cet homme de 64 ans est en réanimation depuis le 16 août dernier, dans un état critique. Ou plus que critique… à tel point que le 28 août, les médecins ont pris la décision d’arrêter la ventilation et de le placer sous sédation profonde et continue jusqu’à son décès.
Seulement voilà, le 8 septembre… celui que tout le monde donnait pour mort a tourné la tête.
Ce qui veut dire qu’il a donné un signe de vie. Alors bien sûr, je ne suis pas médecin, et encore moins Dieu. Je me garderais donc de crier à l’erreur médicale, tout autant que de dire quoi que ce soit sur ses chances de rémission ou de survie. (à suivre)
(suite) Seulement, et tout aussi important, il se trouve que cet homme avait auparavant rédigé des directives anticipées. Dans lesquelles il écrivait : « Je souhaite que tout soit entrepris pour prolonger ma vie. Je demande à ma famille de se battre pour moi. »
C’est son droit, non ? C’est son choix, ou sa liberté… diront certains.
Eh oui, les directives anticipées ne sont pas à sens unique, elles ne servent pas uniquement à demander (exiger ?) d’être débranché (et plus si possible) au cas où.
Et là aussi il faut être logique, comme dans l’autre sens il faut respecter.
Et finalement là encore… à chacun sa responsabilité !