Fin de vie, les médecins n’ont rien à en dire

La Haute Autorité de santé (HAS) recommande le midazolam (distribué sous le nom d’Hypnovel) pour mettre en place les sédations profondes et continues jusqu’au décès. Mais ce puissant sédatif est exclusivement délivré par les pharmacies hospitalières, la potion magique n’est pas en vente libre. L’Assemblée nationale et Macron hésitent depuis des années à avoir un point de vue. En avril 2024, la ministre de la santé avait saisi la HAS pour connaître sa position sur la notion de « pronostic vital engagé à moyen terme », de six à douze mois. Les députés avaient remplacé cette condition par une autre : « le pronostic vital en phase avancée ou terminale ». Voici la position de la HAS rendue publique le 6 mai 2025.

la Haute Autorité de santé (HAS) :  L’examen de la littérature scientifique montre qu’il n’existe pas de consensus médical sur la définition du pronostic vital engagé à moyen terme, ni sur la notion de “phase avancée”. La « prédiction » du « pronostic temporel individuel » ne pouvant être déterminée « avec une certitude scientifique suffisante », tout médecin saisi d’une demande d’aide à mourir (euthanasie ou suicide assisté) d’un patient doit savoir apprécier « la subjectivité » de la personne souffrante, « seule légitime pour dire ce qui relève pour elle de l’insupportable ». Pour expliquer qu’une personne malade incurable vit plus ou moins longtemps, les « symptômes physiques ou psychiques », les « facteurs sociaux, la résilience individuelle très variable d’un malade à l’autre » sont déterminants. On peut définir la « phase avancée » « comme l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé de la personne malade qui affecte sa qualité de vie ».

Le point de vue des écologistes (non)respectueux des malades

Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs : « A la lecture de la HAS, on ne peut plus dire que la PPL [proposition de loi] prévoit des critères précis, stricts solides pour évaluer la demande d’aide à mourir d’un malade. A quel moment un médecin considérera-t-il qu’une personne atteinte de la maladie de Charcot est dans une phase avancée ? Quand elle ne peut plus marcher, respirer, s’alimenter, parler ?

Pierre Robes :  » Il va y avoir, poursuit la présidente de la SFAP – contre l’aide à mourir –, des « conflits d’interprétation » entre médecins et malades. Pour qui se prennent-ils : les nouveaux prêtres ? La réponse de fond est la suivante : Le médecin est au service du malade et ses états d’âme, ses dogmes ou ses névroses personnelles n’ont pas à intervenir !

BR29200 : S’il y a des « conflits d’interprétation » entre les médecins et le patient, l’avis du patient doit prédominer.

MEKEDA : Quand on débute un Alzeimer, on est incurable. Quand on ne peut plus définitivement se déplacer ni effectuer seul les geste essentiels de la vie c’est incurable. Ceci jusqu’à la mort qui peut être lointaine. Plus on attend, plus grande est la souffrance pour soi et pour les proches. Toute loi au suicide légal qui ne prend pas en compte ce type de souffrance ne répond pas à la demande claire et exprimée de la population par la convention citoyenne sur laquelle les politiques et certains médecins s’assoient tranquillement.

BOUL : On ne demande pas une aide à mourir mais simplement qu’on ne vous empêche pas d’avoir accès aux produits nécessaires .

Fmo : Faudrait porter plainte contre les députés s’ils mettent des lois qui empêchent d’être aidés. Faut-il se pendre, se jeter sous un train ou s’immoler par le feu pour faire son dernier voyage ?

Kendiraton : La vie est une maladie mortelle, sexuellement transmissible, comme disait Woody Allen. Donc tous les vivants vont mourir un jour. Il serait bon qu’on leur permette de mourir quand ils veulent et comme ils veulent… quand ils en ressentent le besoin.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Fin de vie, comparaison internationale

extraits : En 2001, le Conseil national suisse (chambre basse du Parlement) confirmait, par un vote, que l’assistance au suicide était possible dès lors qu’elle n’avait pas un mobile égoïste. Cette assistance au suicide, humaniste et compassionnelle, est celle que nous connaissons encore aujourd’hui, de l’autre côté des Alpes. Le 1er avril 2002, les Pays-Bas ont été les pionniers du soin ultime, en légalisant l’aide médicale à mourir ; le décret sur la fin de vie sur demande et le suicide assisté est entré en vigueur un peu plus tard. En mai 2002, la Belgique emboîtait le pas aux Pays-Bas en votant une loi relative à l’euthanasie, puis, en 2009, avec le vote de la loi luxembourgeoise sur l’euthanasie et l’assistance au suicide, les peuples du Benelux étaient réunis dans une même reconnaissance du droit individuel à rester maîtres de leur propre fin de vie. En France, la loi du 2 février 2016 ne s’applique que dans les dernières heures voire les derniers jours de la vie et laisse de côté les malades atteints de maladies neurodégénératives (Charcot, Alzheimer, Parkinson…)….

Nos textes antérieurs sur la fin de vie

janvier 2025, Fin de vie : François Bayrou dit non

juillet 2024, Éducation thérapeutique et fin de vie

mars 2024, Fin de vie, un historique synthétique de wiki

mars 2024, Fin de vie, libre choix ou principes moraux ?

mars 2024, Fin de vie, Emmanuel Macron en décide seul

février 2024, Fin de vie, Macron invite encore les religions

janvier 2024, Fin de vie, le choix de Jacqueline Jencquel

janvier 2024, Fin de vie, le lobbying religieux

décembre 2023, Fin de vie, la procrastination de Macron

novembre 2023, Fin de vie. Les élucubrations d’une juriste

septembre 2023, Fin de vie, Emmanuel Macron procrastine

juin 2023, Blocage palliatif sur la fin de vie

avril 2023, Convention sur la fin de vie, le manifeste

mars 2023, Serment d’Hippocrate et fin de vie digne

mars 2023, Oregon, paradis de la fin de vie

mars 2023, Fin de vie, vive l’anorexie finale

février 2023, Fin de vie, débat au dîner, lobbies acceptés

février 2023, La zone grise tragique de la fin de vie

décembre 2022, Fin de vie, ma mort m’appartient

décembre 2022, Incertitudes de Macron sur la fin de vie !

décembre 2022, Fin de vie et arrêt des soins palliatifs

octobre 2022, L’ADMD et la Convention « fin de vie »

octobre 2022, Fin de vie et suicide, un débat actuel

octobre 2022, Fin de vie, le débat confisqué

octobre 2022, Débat «Fin de vie», noyé dans les parlottes

septembre 2022, Dilemme, mettre fin à la vie d’un proche

novembre 2021, Fin de vie, comparaison internationale

mai 2021, 297 députés veulent choisir leur fin de vie

avril 2020, Covid-19, comment gérer la fin de vie

janvier 2020, Fin de vie à domicile, la galère

janvier 2020, Fin de vie, prendre du midazolam ?

décembre 2014, Fin de vie, encore une mesurette de François Hollande

novembre 2014, L’engagement 21 de François Hollande sur la fin de vie

juin 2014, Acceptons la fin de vie, par nature notre lot commun

janvier 2014, Vincent Lambert, qui peut décider de sa fin de vie ?

4 réflexions sur “Fin de vie, les médecins n’ont rien à en dire”

  1. – « Il ne peut y avoir d’évidence en matière d’aide à mourir » ( Yannick Monnet )

    – Aide à mourir, notion de pronostic vital…. Ce qu’il faut savoir avant l’examen des textes sur la fin de vie à l’Assemblée nationale ( humanite.fr 11 mai 2025 )

  2. Le « progressisme » techno-médical a mis au rencart Ivan Illich (1926-2002) qui écrivait : « Le traitement précoce de maladies incurables a pour seul effet d’aggraver la condition des patients qui, en l’absence de tout diagnostic et de tout traitement, demeureraient bien portants les deux tiers du temps qu’il leur reste à vivre. »
    Ivan Illich avait développé la notion de « contre-productivité » pour rendre compte des conséquences néfastes de certaines institutions lorsque leur fonctionnement dépasse certains seuils au-delà desquels ces institutions produisent l’effet inverse de leur but initial : alors la médecine rend malade, l’école abrutit, les communications rendent sourd et muet, l’industrie détruit, l’État étouffe la société civile, les transports immobilisent.

    1. ivan illich

      En 1974, quand j’écrivais Némésis médicale, je pouvais parler de « médicalisation » de la mort. Les traditions occidentales régissant le fait de mourir sa propre mort avaient cédé à l’attente de soins terminaux garantis. Je forgeai alors le mot « amortalité » pour désigner le résultat de la liturgie médicale entourant le « stade terminal ». Ces rituels façonnent désormais les croyances et les perceptions des gens, leurs besoins et leurs demandes. Le dernier cri en matière de soins terminaux a motivé la montée en flèche de l’épargne de toute une vie pour financer la flambée de l’échec garanti.

      Quand l’oncologiste a prescrit une autre chimiothérapie à Jim, je lui ai demandé comment il se sentait. Il m’a dit de rappeler le lendemain, mais seulement après onze heures, quand il aurait reçu les résultats du labo !

      1. Concernant l’euthanasie, Illich a exprimé des opinions nuancées. Dans ses écrits, il a critiqué la médicalisation de la vie et a plaidé pour une approche plus humaniste de la souffrance et de la mort.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *