fin programmée de l’exploitation du sous-sol

Le président panaméen Ricardo Martinelli a promulgué une loi qui interdit l’exploitation minière sur les territoires indigènes (©AFP / 26 mars 2012). Selon cette loi, l’attribution de concessions pour l’exploration, l’exploitation et l’extraction minières est interdite dans la région de Ngöbe Buglé.

Si une telle mesure était prise par les pays de l’OPEP pour le pétrole, ce serait l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle. Mais de cela les Américains n’ont qu’une très vague idée. La réalité du chiffre « 4 dollars le gallon » semble incompréhensible à l’automobiliste. Ce prix qui lui semble exorbitant découlerait  de considérations conjoncturelles : incurie du gouvernement, avidité des compagnies pétrolières, spéculation, problème iranien… jamais de l’épuisement des nappes de pétrole. De leur côté les candidats républicains ont une recette bien à eux, « Drill baby drill » (forons, forons). Il suffirait d’investir suffisamment et le pétrole va à nouveau couler d’abondance. Erreur ! Les économistes s’imaginent que l’augmentation du prix du pétrole se traduit par une proportionnelle des réserves : ont-ils seulement réalisé que les augmentations de prix seront incapables de créer le moindre gisement de pétrole dans le sous-sol ? Pourtant les géologues pétroliers ont donné l’alerte dès la fin des années 1980, quand il est apparu de façon indiscutable que les quantités de pétrole nouvellement découvertes déclinaient sans cesse et étaient devenues, en année moyenne, durablement inférieures aux quantités consommées. La prochaine bulle spéculative, après celle de l’immobilier américain, sera celle du pétrole, et les effets en seront bien plus graves ! Cette situation va entraîner une compétition croissante pour l’approvisionnement en énergie.*

De tout cela, la journaliste du MONDE, Claire Gatinois**, n’a semble-t-il aucune connaissance. Claire pense que nous prêtons une attention disproportionnée au prix de l’essence qui ne serait au fond pour les ménages qu’un prix parmi d’autres. Elle ne connaît pas l’analyse de Jean-Marc Jancovici : « Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. »  Claire pense que les Etats-Unis pourraient même supporter un baril à 140 dollars sans trop souffrir*. Elle n’a aucune conscience de l’avenir prévisible, un baril à 200 dollars, 300 dollars, 400 dollars… la rareté croissante du pétrole faisant exploser les prix.

* La crise pétrolière de Bernard Durand

** LE MONDE du 28 mars 2012, Pétrole : un prix pas comme les autres