FNE, des présidentiables qui se disent écolos (2/2)

Des présidentiables se sont exprimés le 28 janvier à Montreuil devant les 2300 représentants de 3000 associations environnementalistes (fédérées dans FNE). Après avoir passé hier en revue les nuls de l’écologie, voici les présidentiables qui se disent écolos :

Jean-Luc Mélenchon a improvisé un brillant discours. Il a changé, il vilipende maintenant le « productivisme qui a été la pensée de la gauche traditionnelle ». Jean-Luc reconnaît que « nous sommes tous semblables puisque nous dépendons du même écosystème ». Il estime à juste titre que l’échec de la conférence de Durban est une « tragédie ». Jean-Luc a ses solutions avec la planification écologique, qui introduit le cycle long dans la politique. Il précise même que la souveraineté alimentaire postule le retour à une agriculture paysanne contre l’appropriation des semences par le capitalisme. Jean-Luc ne croit pas au capitalisme « vert », il veut protéger les lanceurs d’alerte comme les faucheurs volontaires, etc., etc. Jean-Luc est devenu écolo, c’est super.

Mais pouvons-nous croire Jean-Luc Mélenchon ? Il s’est allié avec un parti qui reste fondamentalement productiviste, le Parti communiste. Mélenchon se déclare « personnellement » en faveur de la sortie du nucléaire, mais comme le PC veut l’inverse, il se contente de promettre un referendum : « Nous devrions avoir un seul maître, le peuple. » Populisme ? Rappelons que Mélenchon a été socialiste et ardent partisan du productivisme. Lors du Congrès socialiste du Mans en 2005, sa contribution générale sur le problème de l’énergie était absolument vide. C’est à cela qu’on reconnaît un populiste, enfourcher le thème porteur même si par ailleurs on s’assoit dessus. En fait le livre de Mélenchon, « Qu’ils s’en aillent tous » était très clair : seul Mélenchon doit rester. L’écologie n’est qu’un prétexte.

Corinne Lepage rappelle son « expérience de 35 ans » sur les questions environnementales. Les combats de France-Nature-Environnement sont aussi les siens, c’est indéniable. Corinne a l’expérience de la lutte contre le nucléaire, contre les OGM, contre les gaz de schiste, elle a été ministre de l’environnement, elle a écrit des livres pertinents, son cabinet d’avocat est un expert dans la défense contre les pollutions… Corinne sait que l’écologie n’est pas le problème, c’est la solution, elle l’affirme explicitement, elle souligne que « la plupart de vos propositions [de FNE] figurent dans mon programme de 2012 ». Corinne veut revoir la totalité de notre mode de production et de consommation, veut mettre en place un Conseil des générations futures à la place du CESE. Corinne veut un contrôleur du développement soutenable dans chaque ministère avec droit de veto, etc., etc. Corinne est écolo, Corinne est activiste, c’est super.

Mais la compétence de Corinne Lepage masque son principal défaut. Elle connaît bien ses dossiers, mais hélas elle est aussi la présidente auto-proclamée d’un groupuscule qui n’a aucune visibilité médiatique. Aux présidentielles 2002, Lepage faisait déjà bande à part, obtenant presque 2 % des voix sans pouvoir empêcher Noël Mamère au nom des Verts d’obtenir plus de 5 %, assurant ainsi le financement de l’écologie politique. Cette fois, la division qu’elle crée au sein de l’écologie politique risque fort d’empêcher Eva Joly d’obtenir les 5 %. Pourtant rien ne pouvait l’empêcher de participer aux primaires de l’écologie, ouvertes à tous ; il lui suffisait de 10 euros pour devenir coopérateur comme Nicolas Hulot et peut-être même de l’emporter ! Lepage est en fait le parfait symbole de l’éclatement des écolos en différentes chapelles, permettant aux puissants de continuer de régner. Quel jeu joue-t-elle si ce n’est celui de la droite et donc de Sarkozy ?

Eva Joly est une bonne élève, elle a bien lu le texte qu’on avait écrit pour elle. Eva a dit ce qu’un parterre d’environnementaliste attendait. Elle a donc été très applaudie. Eva représente l’écologie politique institutionnalisée, elle a été le vainqueur de primaires, elle pense que « tous les électeurs auront les yeux rivés sur son résultat au premier tour ».

Eva Joly oublie que pour les électeurs, elle représente l’écologie en parole, non en acte. Eva Joly oublie qu’à l’époque de la politique-spectacle, les électeurs votent pour une image caricaturée. Eva Joly oublie aussi que l’électeur se croit un bon tacticien politique. Heureusement que le groupe de députés écologistes ne sera pas négocié entre les deux tours !

François Hollande est passé en dernier et n’a guère fait de concessions. Il n’a pas la fibre écolo. La salle a applaudit poliment à la fin. Il bénéficiera du vote utile, il a bien de la chance…

Nous pensons qu’au premier tour des présidentielles, un électeur conscient de l’urgence socio-économique ET écologique se doit de voter pour le plus écologiste des candidats le 22 avril 2012. Mais le vote de chacun appartient à l’isoloir…

6 réflexions sur “FNE, des présidentiables qui se disent écolos (2/2)”

  1. D’un correspondant :
    En 2012, faut pas que Sarkommence,
    mais faut pas croire non plus Hollandemains qui chantent.
    Pas Lepen de se faire mal, mais surtout ne Mélanchons pas tout,
    sinon c’est la Bayroute annoncée !
    Eva être Joly l’année 2012 !!!! »

  2. Que c’est difficile de changer la société. T’as raison, la planification écologique a la Mélenchon, qu’est-ce que ca donnera ? Je ne sais pas. Que prendra-t-il en compte ? Pas la moindre idée.

    Sinon lorsque je parle de besoins sociaux, l’Etat dans l’histoire je le mets hors circuit! C’est les premiers concernés qui doivent définir leur besoins, mais cela implique de reels debats, la prise en compte des contraintes ecologiques etc… Ce qui implique par exemple une réduction du temps de travail pour une implication au débat, a la reprise en main de notre destin. Et cela mon ami, cette société la, ne peut qu’exister si nous supprimons les rapports de production. La Commune (1871) en est le parfait exemple. Démolir pour construire qqch de nouveau.

  3. je qualifie de productiviste les courants qui « cherche a faire des gains des productivités au détriment du travailleur et de la santé de la planète, et qui de surcroit pense que la croissance quantitive est le seul vecteur de bonheur. »

    Peut on vraiment qualifier un coco de productiviste forcené en ce que son projet de base -de base hein!!- est la prédominance de le valeur d’usage sur la valeur d’échange, autrement dit: produire en fonction des reel besoins sociaux et non pas en fonction de ce sa rapporte.
    [plus je me pose de questions et plus je me rends compte que je ne sais rien]

    Tchou!

    1. @ Konovalovsk
      Le problème dans votre phrase est le notion de « réels besoins sociaux ». Car les besoins sont définis socialement, donc variables et relatifs. L’Etat a soutenu le besoin de fumer à une époque, aujourd’hui il soutient l’addiction à l’automobile individuelle.

      Que ferait une planification écologique à la mode Mélenchon sur le besoin de voiture ?

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