foot, opium du peuple

Le sport n’est qu’une invention du XIXe siècle, puis le XXe siècle a transformé l’activité de loisirs des nouvelles classes bourgeoises en sport-spectacle. Au début le sport n’était pratiqué que par des amateurs encadrés par des bénévoles. Mais on commence à parier sur les matches de boxe et à organiser des billetteries pour les matches de football. Ce n’est qu’en 1932 que les clubs professionnels de foot obtiennent en France de leur fédération l’autorisation d’organiser un championnat national. Le journal l’Equipe lance en 1954 l’idée d’un championnat d’Europe. Tout s’emballe dans les années 1980 avec la libéralisation du paysage audiovisuel. Les humains croient qu’ils sont libres alors qu’ils sont programmés par l’industrie du spectacle à oublier qu’ils ont un cerveau. La société du spectacle n’est rien d’autre que l’ensemble des compensations mensongères offertes à ceux qui ne sont plus rien.

 

Pour les médias, il n’existe pratiquement qu’un seul sport, le football (accessoirement le tennis). Après Roland Garros, l’Euro 2008 occupe les esprits au mois de juin. Pourtant le foot-spectacle n’est qu’une activité dont l’objectif est la sidération des masses, l’encadrement d’un troupeau dont chacun fait partie et auquel tous sont assujettis. Le spectacle de foot n’est pas une innocente passion populaire, une épopée fraternelle et glorieuse. Ce n’est qu’un business de plus, mais dans des stades où la violence et la haine sont exacerbées. C’est l’infantilisation d’une foule qu’on a rendu hystérique, qu’elle se rassemble d’ailleurs dans les stades ou qu’elle reste avachie devant sa télé. Le foot est devenu le plus puissant des opiums du peuple, la collectivisation de toutes les illusions individuelles. L’utilisation politique de l’hystérie collective est historiquement habituelle ! C’est ainsi qu’on peut résumer le livre de JM Brohms et M.Perelman, Le football, une peste émotionnelle, sous-titré la barbarie des stades.

 

Ces analystes constataient que lors du Mondial 1998, toutes les forces politiques et tous les intellectuels s’étaient rués sur le devant de la scène pour célébrer sans la moindre retenue l’ivresse, la transe, l’euphorie, la liesse de l’événement… alors que le foot n’est qu’une politique d’encadrement des foules, un moyen de contrôle social, l’application de la formule de la Rome antique  » panem et circenses  » (du pain et des jeux). « La tribalisation du stade se transforme en une communion nationale et procure une jouissance où l’amour nombriliste se fond dans l’amour communautaire ». Cette expression d’un philosophe montre que tout peut être prétexte au communautarisme, qu’il soit mondial, national ou local, alors que la seule communion qui importe est de partager tous ensemble les richesses avec la Biosphère.

 Comment redonner le goût de la Nature à des individus qui vont préférer rester leurs samedis et dimanches après-midi devant leur écran télé plutôt que de s’activer physiquement à l’extérieur de leurs linceuls ? En montrant l’exemple. Mieux vaut se ressourcer avec d’autres dans le silence de la Nature plutôt que dans les signaux détonants et assourdissants d’une civilisation condamnée.