Nous sommes à la fois le nombril et la poussière

J’estime que la société n’est qu’un agrégat d’individus, qu’elle ne peut rien faire sans la bonne volonté de ces individus. Si ma propre influence est petite, mesquine, éphémère, d’autres « moi » peuvent agir dans le même sens chacun à leur petite échelle. Ce sont tous ces petits riens qui forment finalement la conscience de tout un peuple en mouvement ; nous sommes personnellement à la fois le nombril et la poussière. Si la société va mal, nous en sommes à la fois responsables et coupables. J’élabore mes propres dix Commandements :

  1. Chacun de nous est Dieu qui nous tire de l’inconscience ;

  2. Notre conscience ne peut accepter d’autre conscience que la sienne ;

  3. Vous n’érigerez pas en pierre ou en image rigide votre propre conscience ;

  4. Le septième jour au culte de votre conscience sera consacré ;

  5. Tuez votre père et mère afin de libérer votre conscience ;

  6. Conscience d’autrui ne prendra ni ne retiendra injustement ;

  7. Vous ne tuerez point d’autres consciences ;

  8. le reste est encore moins bon…

En février 1971, je participe à un WE sur violence/non-violence. Pas grand chose à retenir. Je préfère me polariser sur le statut de l’enfant, à l’insatiable curiosité. Pour moi, c’est évident, la révolution ne peut éclore qu’à la maternelle, c’est la révolution du jardin d’enfant de Vera Schmidt juste après la « révolution » bolchevique. L’enfant est ouvert au monde, malheureusement les influences sont bonnes au mauvaises. Là est le drame, car en même temps que l’épanouissement possible, il y a tout ce que les adultes montrent : frustration, ignorance, possessivité, racisme, violence, passivité… Moi j’ai passé l’âge de l’enfance. Je n’ai plus de spontanéité, j’analyse tous les mécanismes répressifs qui bloquent mon libre arbitre, la société de consommation comme je l’apprendrai plus tard. Je n’aime pas aller au cinéma pour voir un spectacle-qui-fait-passer-un-bon-moment, m’amuser pour m’amuser. Je n’aime pas bouffer en cœur pour boire en peu plus. Je réfléchis trop. J’ai déjà conscience de ne pouvoir appartenir à aucune chapelle. Il n’y a pas plus grand châtiment que d’habiter tout seul le paradis des idées ! (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI