Frédéric Lemaître lu par biosphere

L’éditorialiste Frédéric Lemaître, dans son analyse du déclin français (LeMonde du 27.02.2008) ne sort pas des sentiers battus.

1) « C’est parce qu’ils innovent peu que les exportateurs français subissent la hausse de l’euro ». Il n’est pas difficile de concevoir que l’innovation court après son ombre à une époque où la mondialisation des techniques est un fait établi. C’est la Chine qui sera d’abord l’initiateur de l’innovation, ou alors la Chine utilisera le rapport de force à son avantage comme elle a su le faire avec l’assemblage chez elle de certains Airbus ou l’achat de la licence de fabrication du nucléaire. Ce n’est pas l’innovation qui sauvera le marché français, c’est la relocalisation des activités de base, y compris dans l’industrie du jouet (en bois).

2) « Notre pays est trop peu présent dans les deux secteurs stratégiques pour l’avenir, les biotechnologies et les technologies de l’information. » Nous savons pourtant pertinemment que les OGM ne nourriront pas le monde. Les techniques d’avenir sont totalement autres,  décrites plus loin dans le décryptage p.17 : « Partout on voit baisser les rendements agricoles (…) Ce spécialiste en microbiologie développe une méthode au moment où sa discipline s’étiole ». Ce sont les microbes, champignons et vers de terre qui peuvent nourrir le monde, pas une agriculture innovante qui épuise les sols. Pour les technologies de l’information, ce n’est plus la 25e génération de mobile qui importe, mais le contenu de l’information qu’il faut revaloriser : apprenons à nous parler en face à face physique, pas à échanger des spams artificiels.

 3) « Le problème n’est pas que Mittal ferme son usine, mais que la Lorraine se montre incapable d’attirer des industries innovantes pour prendre le relais. » Encore une fois, Frédéric met en avant l’innovation, il n’a que ce mot comme vocabulaire de base. Pourtant les régions vont devoir fonctionner comme des bassins d’emploi, pas en attirant les investisseurs extérieurs, mais en réhabilitant les produits locaux et les échanges de proximité. Quand le baril sera à 300 dollars, vous verrez que nous irons au plus pressé sans nous soucier de techniques sophistiquées.