frugalité ordonnée

Robert Solé dans son billet (LeMonde du 1er avril 228) traite Antoine Zacharias de « grand serviteur de la Croissance », écrit à juste titre avec un grand C : quand Zacharias reçoit un complément de retraite de 12,8 millions d’euros, il est vrai qu’il représente parfaitement un illustre défenseur de la croissance de Soi. Le problème, c’est que LeMonde reste aussi dans ce même numéro un grand serviteur de la Croissance.

 

            En page 23, LeMonde nous offre une présentation du 19e salon du cabriolet et du coupé qui frise la propagande.  Dans la page suivante, on enchaîne sans pouvoir respirer un air non pollué avec le Mercedes SLK (219 à 255 g/km de CO2) et autres Chrysler (183 à 248 g/km de CO2). Tout s’explique en page 2, la croissance est Kyoto-compatible selon l’analyse de Frédéric Lemaître : « L’homme est en mesure de réparer le mal qu’il a fait » ; « Les chiffrages de Nicholas Stern, de l’OCDE et du GIEC sont contestés » ; « La lutte contre le réchauffement climatique ne passe pas par une réduction de la croissance » ; « Limiter la croissance ne peut que contribuer à maintenir les pauvres dans leur état actuel » ; « Autre raison de ne pas céder aux sirènes de la décroissance… ». Le Maître enfile les affirmations gratuites, laissons-le à son délire.

             La Biosphère préfère lire les vrais analystes, ceux qui ne répètent pas tout le temps la même chose : « y’a bon la Croissance ! ». Il suffit de rester dans LeMonde du 1er avril pour lire dans le supplément économique  une analyse enfin pertinente, celle de Blake Alcott. Il nous montre qu’une restriction de la consommation individuelle ne peut être bénéfique que si elle est organisée et réglementée au niveau mondial. Il nous montre aussi que les principales stratégies prônées pour limiter l’impact de l’humanité sur l’environnement ont déjà été identifiées dès 1974, l’effectif de population (P), la consommation individuelle (A) et l’impact de la technologie (T). Comme ces trois dimensions sont interdépendantes, il faut agir sur tout cet ensemble en même temps. Ces prophètes nous préparaient à penser la décroissance dans les années 1970, mais leurs analyses sont encore marginalisées par mon journal de référence en 2008, sans poisson d’avril.