Fukushima, problème technique ou existentiel ?

Un tremblement de terre et un tsunami pourraient faire de Fukushima le révélateur du dépassement des limites de notre technologie. Car la vraie catastrophe, c’est le développement techno-indusriel, ce ne sont pas les soubresauts de la nature. C’est le point central à quoi tout le reste se ramène, qu’il s’agisse du nucléaire, des pollutions diverses, des 13 millions d’habitant entassés à Tokyo, etc. Refuser la société industrielle a un sens, refuser le nucléaire c’est libérer l’homme de la technique.

– Pour contrôler les dangers de moyens de plus en plus puissants et fragiles parce que complexes, gérer un espace et des ressources qui s’épuisent, prévoir et maîtriser les réactions humaines qui empêcheraient de le faire, la société industrielle est obligé de renforcer l’organisation. Nous constatons que le ravage de la terre et des mers va de pair avec la prolifération désordonnée des techniques de contrôle social sur les peuples et les individus. L’écofascisme a l’avenir pour lui. C’est là le premier danger d’une économie nucléarisée. Notre paradoxe est de devoir nous hâter lentement, sommés de réfléchir dans une maison qui prend feu. L’écologie est la marraine de la révolte contre la société techno-thermo-industrielle, pas seulement le parrain des manifestations anti-nucléaires.

– La technique est déterminante dans la société industrielle en la rendant toujours plus massive et centralisée : technique nucléaire = technique dure. Un bon usage de la science et de la technique suppose un renversement copernicien : créer les moyens de sa société au lieu de la société de ses moyens. En choisissant l’énergie électrique sans mettre en cause le développement, on en arrive à soutenir le TGV et on ignore la vraie question, pourquoi aller plus vite ? Le solaire photovoltaïque lui-même, dans le cadre du développement, devient technique dure en recouvrant tout un canton d’un linceul funèbre. Et bien entendu cette technique concentrée tombera aux mains des trusts ou de l’Etat. D’ailleurs cela commence. Si l’on veut changer la vie, il ne suffit pas de s’en prendre au nucléaire, il faut changer la technique en adoptant des techniques douces et décentralisées. Pas de société conviviale sans technique douce à l’usage, douce à la reproduction du savoir-faire, douce à la Nature. Pour avoir un comparatif sur techniques douces/dures, voir sur ce blog.

On en revient toujours à la véritable raison d’être du mouvement écologique : non pas établir le paradis sur terre, mais y éviter l’enfer. Avec un fil conducteur : la nature quand on l’écoute nous enseigne nos limites. Et puis lisez Le Feu vert de Bernard Charbonneau (1980, réédition Parangon 2009) ; tout était déjà dit !

4 réflexions sur “Fukushima, problème technique ou existentiel ?”

  1. @ robespierre
    Mieux vaudrait sans doute que nous soyons assis dans notre caverne en train de graver au silex sur un bloc de pierre :

    « Nous voulons rester libre. Nous ne voulons ni ordinateur, ni Internet. »

    Oui, peut-être que cela aurait été mieux… ♥

  2. Ecrire que l’Homme doit se libérer de la technique, le tout sur un blog, c’est à dire en utilisant la quintessence de la technique moderne (interne, ordinateur, réseau,….) a quelque chose fortement ressemblant avec un gros foutage de gueule non ?

  3. Ce qui va être en jeu, c’est l’entrée dans une nouvelle époque, celle où il va falloir apprendre à agir et gouverner “en pensant systématiquement aux conséquences” (pour citer un autre livre et reprendre le titre d’un chapitre annonciateur dans celui de Yannick Rumpala, Développement durable ou le gouvernement du changement total).

  4. « refuser le nucléaire c’est libérer l’homme de la technique. »

    Ah oui qu’il serait bon de retrouver la liberté de l’homme des cavernes….


    Remarque des modérateurs du blog biosphere :

    Guillaume Sarkozy, ex vice-président du Medef, m’avait dit un jour publiquement d’un ton vif : « Et demain, vous allez retourner à la bougie, sans votre téléphone portable ? ». Je répliquai : « Si ceux qui ont le plus de capacité et de richesse ne reprennent pas notre destin par rapport à la crise écologique, nous irons précisément à un état de chaos social qui ne sera peut-être pas celui de l’âge des cavernes, mais qui serra extrêmement négatif. Donc, s’il vous plaît, monsieur Sarkozy, employons des arguments sérieux, et ne nous envoyons pas des bougies et des blocs de pierre à la figure. » (citation d’Hervé Kempf)

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