gauche prolétarienne

Je connais bien la GP. C’était au tout début des années 1970. La GP m’a envoyé en prison. J’étais dans une manif GP, invité par un copain GP. La GP a attaqué un commissariat de police, ou tout au moins elle a cassé quelques vitres. Cela m’a pris au dépourvu ! Je me suis immédiatement désolidarisé d’une telle action : tout le monde est parti en courant dans un sens, moi lentement dans l’autre. Bien entendu on n’a arrêté qu’une seule personne. Moi ! Je n’ai pas voulu en savoir davantage sur la GP. J’étais un militant naïf à l’époque, depuis je ne le suis plus (naïf). Mais je suis toujours militant, toujours non violent, toujours écolo.

 

Un des patrons de la GP vient de mourir. A part le fait qu’il soit né la même année que moi, cela ne me fait ni chaud ni froid : Guy Lardreau il s’appelait (LeMonde du 14.07.2008). Jamais entendu parlé de lui. Il a quand même droit à une demi-page de la rubrique nécrologique. Cela ne lui fera ni chaud ni froid. Mais comment donc des intellectuels (il a fini prof agrégé de philo), même jeunes à l’époque, ont pu se tromper à ce point par rapport au sens de l’histoire. Le maoïsme ! On sait ce que cela a déjà donné à l’époque de Mao, on sait ce que c’est devenu, un capitalisme  habillé de rouge.

 

A l’époque, nous aurions déjà du savoir que la planète allait mal, aujourd’hui le capitalisme est toujours malin, il sait s’habiller de vert. Mais le MEDEF est autant dans l’erreur que la GP, il n’y a pas d’avenir pour notre société thermo-industrielle. Guy Lardreau a l’air d’être mort sans s’être rendu compte de cette évidence, la Biosphère a toujours raison à long terme. Guy Lardreau croyait à la puissance subversive du langage. Il y a trop de monde qui s’aveugle de mots, la réalité n’est pas un slogan. Nous ne pouvons rien dire ni faire qui aille contre les équilibres de la Biosphère.

 NB : La sanglante prise en otage des athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972 amène la GP à renoncer à toute action violente. Peu après éclate l’affaire Lip, et la GP découvre que les salariés de l’usine occupée n’ont pas eu besoin d’elle pour se mobiliser. Fin 1973, la GP décide sa dissolution, il y a dissolution de l’idée de révolution. Faisons la paix avec la planète, et laissons les hommes se démerder dans leurs vaines querelles, révolutionnaires ou non.