2/6) Georges Pompidou, un cancre de l’écologie à l’Elysée

Georges Pompidou a été élu confortablement, le 15 juin 1969, au terme d’une campagne courte et sans passion. Dès le 24 octobre 1969, Pompidou lance une vigoureuse politique en faveur de l’environnement : lutte contre les nuisances, sauvegarde des paysages, élimination des déchets. Durant l’hiver 1970 à Chicago, Pompidou dans une allocution s’exprime ainsi : « Tel l’apprenti sorcier, l’homme du XXe siècle ne risque-t-il pas finalement de périr par les forces qu’il a déchaînées ? Il faut créer et répandre une sorte de morale de l’environnement imposant aux Etats, aux collectivités et aux individus le respect de quelques règles élémentaires faute desquelles le monde deviendrait irrespirable. » Malmené par de jeunes sionistes en quittant le Palmer House, il ne s’exprimera jamais plus sur la crise écologique.

Mais, phénomène peu pensable aujourd’hui, un groupe de protection de la nature s’est constitué à l’Assemblée nationale, auquel adhèrent plus de cent députés. En septembre 1970, Pompidou apprend que le Royaume-Uni vient de créer un important ministère groupant le Logement, l’Urbanisme et l’Environnement. Pompidou va donc créer le 2 janvier 1971 le « ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la protection de la nature et de l’Environnement ». Robert Poujade sera le poil à gratter des autres administrations et ministères.

En juin 1971, Pompidou résume en deux minutes son point de vue : « Sauver la nature, c’est sauver la nature habitée et cultivée. Une nature abandonnée par le paysan devient une nature artificielle et je dirais une nature funèbre. Il est plus rentable d’avoir des terres habitées et cultivées par des hommes que d’avoir de vastes réserves nationales protégées fatalement par une masse de fonctionnaires. » Pompidou exprime l’aversion du paysan envers tout ce qui échappe à ses outils : la friche, la zone humide, la forêt laissée à elle-même.

L’annonce de la conférence de Stockholm en juin 1972 le laisse de marbre ; la veille de la conférence, une campagne d’essais de la bombe H française est lancée sur un atoll polynésien. De plus, au volant de sa Porsche, Pompidou éprouve pour l’automobile la fascination des hommes. On passe de l’autoroute de dégagement à l’autoroute de développement : « L’automobile est une industrie essentielle, même si elle a de graves inconvénients. » La croissance reste pour lui le critère de la réussite politique, même après la parution du rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance : « Si la croissance s’arrêtait, l’opinion se retournerait. Les gens sont pour ce qu’ils n’ont pas. »

En 1973 germe cependant l’idée du Conservatoire du littoral. Mais dès août 1972, Pompidou apprend que la cause de ses malaises porte un nom redoutable, la maladie de Kahler, inguérissable. Le prix des carburants flambe en octobre 1973, suite à la guerre du Kippour. EDF propose de construire des réacteurs en série. En proie à des douleurs crucifiantes, le président laisse Messmer conduire l’affaire. Le Conseil des ministres avalise une première tranche de 13 réacteurs. Le nucléaire français se passera du feu vert démocratique.

Marc Ambroise-Rendu dans son livre Des cancres à l’Elysée (5 Présidents de la république face à la crise écologique)

1 réflexion sur “2/6) Georges Pompidou, un cancre de l’écologie à l’Elysée”

  1. Tu mets en avant LE président comme si toute la responsabilité lui incombait. En réalité elle en revient plutôt à la domination du pouvoir militaro-industriel.

    La démocratie ne renvoie qu’à un jeu d’égoïsmes. Le principe de responsabilité n’existe pas. La bienveillance s’applique au court terme, le reste est irresponsabilité et crimes.

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