Alors que l’Allemagne, la Suisse ou les pays nordiques ont depuis longtemps intégré le plein air à leur pédagogie, la France est à la traîne. Dans une tribune au « Monde », un collectif d’élus et de professionnels de l’éducation appelle à systématiser par une proposition de loi des sessions de classe dehors, sur tout le territoire.
collectif : Face au réchauffement climatique, à l’effondrement de la biodiversité et à la crise sanitaire et sociale que traversent nos enfants, le lien au vivant n’est plus un luxe, mais une nécessité. Apprendre dehors et au contact de la nature, sur tous les temps de la vie de l’enfant, à la crèche, dans la cour de récréation, un potager pédagogique, un tiers-lieu ou en classe découverte, c’est apprendre autrement. C’est découvrir le monde par les sens, l’émerveillement, l’enquête, l’attention, l’ouverture à l’autre. C’est aussi ancrer les savoirs fondamentaux dans une expérience vivante du réel, qui stimule la concentration, la curiosité, l’apprentissage, développe la motricité, la confiance en soi, améliore les compétences langagières et mathématiques. C’est aussi un levier puissant de santé publique, en luttant contre la sédentarité, le stress, l’exposition excessive aux écrans et les troubles de l’attention.
Or les enfants français passent dix fois moins de temps dehors qu’il y a trente ans. Près de 40 % des enfants de 3 à 10 ans ne jouent jamais dehors en semaine. Ce déficit de nature engendre un isolement sensoriel, un appauvrissement de l’imaginaire, un mal-être croissant. Nous avons donc besoin d’une loi pour inscrire durablement l’éducation au contact de la nature dans notre système scolaire. Il ne s’agit pas d’une loi de plus, il s’agit d’un basculement : celui qui fait du vivant une part pleine et entière de l’expérience scolaire.
Le point de vue des écologistes du retour à la terre
Les commentaires sur lemonde.fr
– Pendant qu’on fait des lois pour apprendre dehors, le dedans verrouille les grilles. La nature ? Oui, mais encadrée. Chronométrée. Répertoriée. L’enfant doit rester assis, visible, numéroté. L’autorité perd son plan de salle, ça panique.
– Faut-il rappeler que l’administration et les profs s’étranglent dès qu’un quidam propose un cours sous un arbre du lycée ? Un buisson, c’est une zone grise. Une brindille, c’est une prise de risque.
– Oui, mais s’il pleut ? La nature, ce n’est pas seulement le ciel bleu, l’herbe verte et les petits oiseaux… c’est aussi le froid, la pluie, la grêle, les fourmis, les guêpes… On marche, on n’est pas surveillé par des parents précautionneux. Il faut savoir ce qu’on veut !
– Un petit qui se fait mal, un vêtement qui se déchire, et tout le monde monte au créneau.
– Le coût des classes de découverte a explosé du fait des contraintes réglementaires croissantes. Et on ne ferait plus les choses comme il y a trente ans sous peine de faire hurler les parents sur les conditions d’hébergement, d’hygiène, d’encadrement, etc.
– Les bourgeois envoient leurs enfants chez les scouts, et les classes populaires n’ont droit qu’au bitume de leurs cités.
– Quand l’évasion passe actuellement par le seul écran d’un portable, il n’y a plus de nature…
René Dumont se passionnait pour la terre. « Dès que j’ai eu la force physique de prendre la fourche au poing, je l’ai fait. » Partout l’agronome plaide pour la réhabilitation du travail manuel. « Apprendre à labourer est plus urgent que le théâtre de Racine », répète-t-il en Afrique où le diplôme universitaire a pris une dimension quasi-mythique. Les étudiants applaudissent à tout rompre son discours sur les inégalités Nord-Sud. Soudain il hausse le ton et tend un doigt accusateur : « Vous êtes un par chambre, vous vivez comme des petit-bourgeois, savez-vous combien ça coûte aux familles de paysans pour vous entretenir ? » Silence glacial. Il en appelle à une éducation fonctionnelle : « à six ans les enfants peuvent repiquer, sarcler en terre légère, arroser, commencer à produire des légumes »…
René Dumont a été candidat à la présidentielle en 1974 au nom de l’écologie… Sa leçon aux pays dits émergents aurait des applications en France où notre civilisation devient hors sol.
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Enfants coupés de la nature, civilisation sans âme
extraits : « Quoi ? Pieds nus dans l’herbe ? Ça va pas la tête ! C’est dégoûtant. Il y a des bêtes… » Dans un monde normal, on découvre le contact direct avec la terre dès qu’on commence à marcher. Aujourd’hui, quatre enfants sur dix (de 3 à 10 ans) ne jouent jamais dehors pendant la semaine. Et les petits franciliens sortent encore moins. Quand on ne sait plus grimper aux arbres et jouer dans l’herbe, on se déconnecte aussi de tout contact avec le sensible, notre odorat, notre toucher. Quand un enfant joue dehors, la nature lui offre des défis variés, il a l’occasion de prendre des décisions, de résoudre des problèmes. Mais tout retient les enfants à intérieur des habitats, l’attrait des écrans, l’urbanisation, les « dangers » de l’apprentissage de l’autonomie. Des enfants dénaturés, le constat est terrifiant. Comment devenir écolo dans un tel contexte ?….
Notre très inquiétante séparation d’avec la nature
extraits : Que reste-t-il de la vraie nature dans nos villes, nos intérieurs aseptisés, nos supermarchés climatisés, nos jardinets engazonnés, nos autoroutes embouteillés et nos parcs d’attraction ? A la maison, à l’école ou au travail, quand sommes-nous en contact sensoriel avec la texture de la terre, la lumière, les cycles de la terre, les esprits des arbres, la puissance de la vie ? Où et comment apprenons-nous cela ? De par leur formatage intérieur dès la petite enfance, nombre de personnes sont – existentiellement et émotionnellement – trop séparées de la nature pour être véritablement touchés par les maux qui l’affectent. Fruit de la modernité, la culture de la société industrielle est déconnectée de son substrat naturel. Nous savons notre impact écologique négatif, mais nous n’y prêtons guère attention, car la nature ne fait plus vraiment partie de notre être et de notre vie….
Quoi ?
3 commentaires seulement ? sur un sujet aussi vital !
Faut il en conclure que
1 les décroissants ne font plus d’enfants ( voir sujet ci dessous sur la natalité )
2 les mêmes décroissants ET ceux qui ont des mômes sont déjà déconnectés et ont abandonné les écrans.
JE VOTE POUR LE 2.
Bonjour Anne
merci pour tes réactions. Mais malgré nos efforts depuis 20 ans, nous ne sommes pas devenus un « influenceur » de masse. Ce qui est pour certains côtés un bon point pour nous, nous faisons appel à l’intelligence des intervenants ! Ajoutons qu’à notre époque, on préfère demander ce qu’il faut penser à ChatGPT plutôt qu’à ses recherches et son propre cerveau… Ainsi va la vie actuelle, dans le mur.
Quant aux décroissants, une bonne partie ne veut pas entendre parler de la question démographique, ni même de la nature, à commencer par leur tribune, le bimestriel La Décroissance.
» car la nature ne fait plus vraiment partie de notre être et de notre vie »
Ben ça je vous l’ai affirmé ici il y a bien de très nombreuses années, je vous ai expliqué que le béton, les villes, les supermarchés etc étaient devenus notre environnement naturel ! On réagit tous comme si c’était notre environnement naturel normal ! Nous sommes nés dedans dans cet environnement urbain, moi même n’est pas connu un environnement sans supermarché. La vie est simple, on se promène dans un supermarché, on se sert dans les rayons comme si les marchandises seraient illimitées et toujours à disposition pour l’éternité, les rayons se réapprovisionnant tout seul, puis on passe en caisse, on sort de la monnaie, on rentre chez soi, puis on mange direct !
Ça n’a plus rien à voir avec les chasseurs cueilleurs ou les civilisations agricoles (c’est à dire où 90% de la population travaille à la ferme). La plupart des individus ne sait même pas faire pousser un radis, pourtant c’est ce qu’il y a de plus simple à faire pousser, mais au supermarché en 2 secondes tu t’en appropries une botte…
Oui, vous avez raison.