« greenblaming », l’écologie c’est l’ennemie

Après le greenwashing, voici venu le temps du « greenblaming » : l’écologie serait devenue l’ennemie du pouvoir d’achat, l’obstacle aux libertés, la source de la crise agricole : à l’heure de l’emballement climatique, on affaiblit les normes, on dévoie la science, on neutralise les contre-pouvoirs.

COLLECTIF : Le projet de loi dit « de simplification de la vie économique » constitue une étape totalement décomplexée dans ce backlash (retour de bâton) écologique. Ce texte supprime ou fragilise les piliers de la démocratie environnementale que sont l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’Office français de la biodiversité (OFB) ou la Commission nationale du débat public (CNDP). Il généralise des dérogations au nom de l’industrialisation rapide. Data centers et infrastructures énergétiques ou minières pourront désormais s’implanter au mépris de la sobriété foncière, de la biodiversité ou de la loi Littoral. La priorité n’est plus à la protection du vivant, mais à l’obsession de la compétitivité, dictée par des lobbys bien en place. Dernier exemple en date : la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) : polluer plus, au nom d’une idéologie anti-écolo qui défie la science comme le bon sens. L’histoire nous jugera. En 2025, à l’heure où la France a connu son début d’année le plus chaud, où les canicules s’intensifient, où les sols s’effondrent et les espèces disparaissent, le pays désarme petit à petit ses propres outils de protection.

Le point de vue des écologistes de rupture

Bertig : Comme le notait Konrad Lorenz, les fourmis sont individuellement idiotes et collectivement intelligentes. Les hommes, c’est le contraire.

Une arlésienne : On cherche en vain ce qui a été jusqu’ici « punitif », pour reprendre le vocabulaire de l’extrême droite et de la FNSEA réunies. En revanche, ce qui est déjà punitif, c’est le dérèglement climatique, la pollution, la malbouffe, la disparition des glaciers, l’explosion des cancers, etc. Mais ça, ce serait beaucoup moins grave que la détresse des actionnaires.

Terl-F : L’excès c’est celui des températures et des catastrophes, c’est les maladies de la pollution, c’est la maladie de Parkinson des agriculteurs due aux pesticides, c est l’effondrement de la biodiversité, c’est l’agressivité contre les fonctionnaires de l’OFB, c’est la cour faite à la FNSEA, c’est la médiocrité de ceux qui invoquent avec des tremolos dans la voix la dette financière laissée aux générations futures, mais jamais la dette écologique etc. Ministres, parlementaires et contempteurs des écologistes, vous n’avez rien à cirer du monde dans lequel nos enfants vont vivre.

Laurent Libert : Sandrine Rousseau nous expliquait qu’il était normal de s’opposer à la construction d’une usine de turbines d’avions par Safran car « l’aviation n’est pas une industrie d’avenir »…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

25 février 2024, Écologie / Économie, les frères ennemis

extraits : Le 6 mars 2010, Sarkozy au Salon de l’agriculture : « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement. Parce que là aussi, ça commence à bien faire. » A un peu plus de trois mois des élections européennes de juin 2024, à nouveau « l’écologie, ça commence à bien faire ». Normal, pour être élu il faut faire plaisir aux citoyens. En Europe, les gouvernements réduisent leurs dépenses « vertes ». En France, face à la crise agricole, à laquelle le gouvernement a reculé sur des normes environnementales, mis en pause le plan Ecophyto, et les économies budgétaires annoncées par l’exécutif puisent largement dans les « crédits verts ». L’enveloppe du dispositif MaPrimRénov’ sera amputée de 1 milliard d’euros…

2020. Le faux clivage entre économie et écologie

extraits : Économie et écologie sont-elles définitivement irréconciliables ? Oui, si l’on entend par économie la croissance et la négation que les ressources de cette planète sont limitées ; mais non, si l’on envisage un autre modèle économique.La théorie économique dominante considère les activités humaines uniquement comme un circuit économique d’échange entre la production et la consommation. Pourtant il y a une continuelle interaction entre ce processus et l’environnement matériel. Non seulement les ressources naturelles se raréfient, mais les économiste oublient une loi écologique fondamentale, l’entropie : toute activité économique est en soi un processus de dégradation de l’énergie….

2013. l’économie comme succursale obligée de l’écologie

extraits : L’économie orthodoxe s’est transformée en religion de la croissance, une chose abstraite dénuée de fondements matériels. Cette croyance est relayée politiquement aussi bien par la droite ou la gauche. Sarkozy voulait aller chercher la croissance avec les dents, Hollande n’a  que le mot croissance à la bouche, Macron aussi. Il est difficile de changer mentalement de paradigme quand une période s’achève. Avant 1850, il n’y avait pas de croissance. Les progrès de ces 175 dernières années, principalement basés sur l’abondance relative des hydrocarbures, touche à sa fin… mais il est tellement plus facile de changer notre façon de penser que de changer notre comportement. Les sans-limites ont donc inventé les raisons pour ne pas changer de comportement….

2011. bioéconomie : l’économie comme sous-partie de l’écologie

extraits : D’un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), publié le 12 mai 2011, il ressort qu’une croissance mondiale viable, impliquant un retour aux consommations de ressources naturelles de l’année 2000, exigerait une division par trois des consommations actuelles de ces ressources pour les pays industrialisés, et une stabilisation pour les autres. Les auteurs de l’étude soulignent eux-mêmes que cela ne pourrait être obtenu que moyennant une quantité de contraintes qui « peut être difficilement envisagée ». Il nous faut réhabiliter les économies de proximité, assurer le droit des peuples à satisfaire par eux-mêmes leurs besoins fondamentaux. En un mot, réinventer le monde dans un temps limité. « There is no alternative… »….

2008. l’économie, filiale de l’écologie

extraits : Le New Green Deal d’Obama ne fonctionnera pas si l’on se contente par exemple de remplacer des voitures à essence par des voitures qui roulent aux carburants renouvelables. L’économie doit être pensée comme une filiale à 100 % de l’environnement. Le prix que nous donnons aux choses doit être réévalué. Si nous prenions en compte les coûts véritables de l’eau et des carburants nécessaires à la fabrication et au transport des biens, nous constaterions que les déplacer autour du monde comme nous le faisons coûte très cher. En 2009, l’influence des citoyens sera cruciale. C’est ainsi que s’exprime Jacqueline McGlade, directrice de l’Agence européenne pour l’environnement…

7 réflexions sur “« greenblaming », l’écologie c’est l’ennemie”

  1. Esprit critique

    – Camille Etienne et Théodore Tallent : une nouvelle perspective sur le backlash écologique
    (lafibredutri.fr 26 mars 2025)

    L’article est intéressant, il va dans le sens de ce que nous dénonçons, pourtant il y a un truc qui me gène. Un détail peut-être… mais je n’en suis pas certain.
    – « Backlash : Réaction négative ou mouvement de rejet face à un événement ou une tendance perçue comme indésirable. » (lalanguefrancaise.com)
    – Backlash traduction : Contrecoup
    – « Le contrecoup est un choc en retour. Il s’agit d’une répercussion d’un coup ou d’un événement.
    Par exemple, il peut s’agir d’une conséquence fâcheuse d’un événement. Le contrecoup peut également être plus dangereux que le coup initial. » (Larousse)

    Le Backlash n’est donc rien d’autre que le retour de bâton.
    (à suivre)

    1. Esprit critique

      (suite et fin)
      Le Backlash (Greenblaming) c’est donc le contrecoup au Coup porté par les… écologistes.
      Coup qu’ils ont porté à qui, je vous laisse deviner. Quoi qu’il en soit ce sont les écologistes qui ont porté le Premier Coup. Ce sont donc eux les salauds. C’est comme pour la guerre en Ukraine, et pour tout et n’importe quoi, c’est toujours l’Autre qui a commencé.
      – Le « backlash » ou le retour de bâton conservateur (Le MONDE 21 septembre 2022)

      Ce n’est pas parce les anglicismes sont à la mode que nous devons en rajouter.
      D’une manière générale nous devrions faire attention aux mots que nous utilisons.
      Plutôt que de parler du «backlash écologique» ou du «greenblaming» parlons tout simplement de la montée en puissance du discours anti-écologique. Et/ou de la régression (du retour en arrière) de l’écologie.

      1. un dernier mot

        Au sujet de ce mot, bien français, au cœur de ce nouveau «projet» que démonte ce collectif dans cette tribune au MONDE : Simplification.
        Là encore, combien de fois ne nous l’a t-ON pas servi !? De tous les cotés ON dit vouloir simplifier… alors qu’ON ne fait qu’en rajouter à la complexité.
        En novlangue, «simplifier» veut dire libéraliser. C’est à dire tout péter !

  2. – Greenblaming – La construction de l’épouvantail écologique (construirelecologie.fr 23 janv 2024)
    C’est bien connu, quand tout va mal ON a besoin de désigner des «responsables», des «coupables», autrement dit des boucs émissaires.
    Aujourd’hui, donc, si tout va mal c’est la faute des Écolos. Seulement vu que tout le monde s’en prétend, écolo… c’est quand même un peu embêtant. Le truc consiste alors à nous apprendre à reconnaître les bons, les vrais, ceux qu’il faut sauver… et les autres. Les Autres qui sont TOUS des affreux, des salauds, etc. comme toujours !

    Remarquons que, comme par hasard… du point de vue des «bons», des «vrais» (les Sarkozy, Wauquiez, MLP, Trump, FNSEA, TOTAL et Compagnie) l’écologie ne peut pas être de gauche.
    – Non, l’écologie n’est pas de gauche (YouTube Laurent Wauquiez 14 dec 2024)
    (à suivre)

    1. (suite) Après le Greenwashing voici donc le Greenblaming. Qui n’est rien d’autre que la haine (c’est bien de ça dont il s’agit, il faut appeler un chat un chat) des pastèques. Ce qui n’est rien d’autre que le Redblaming (ou Leftblaming). Ne les cherchez pas dans le Dico je viens de les inventer. Le Redblaming ce sont ces discours qui ne font qu’exprimer cette vieille haine des droitards et autres réacs envers les rouges, les cocos, socialos, gauchos, gauchiasses (sic) et j’en passe.
      – L’évolution du discours anti-écologique au sein de la droite depuis l’ère Sarkozy
      (lafibredutri.fr 22 février 2025)
      (à suivre)

      1. (et fin) C’est bien connu, pour Trump, et pas que lui hélas, si tout va mal c’est la faute de la gauche. Par exemple l’accident aérien du 29 janvier à Washington c’est la faute de la gauche ! Et pour tout et n’importe quoi c’est comme ça. Je vous laisse le loisir de trouver mille exemples, chez Trump ou chez nous, et même sur ce blog.
        Et puis ça aussi c’est bien connu, la gauche c’est le Wokisme.
        Bonjour le Wokeblaming et le Grand n’importe quoi !
        Et enfin, pour Trump, et bien sûr pas que lui, misère misère…la gauche c’est tout ce qui n’est pas blanc de pure race et à l’extrême droite. Sur ce blog ON dit Umps, ou autres conneries du genre.

  3. L’administration Trump met fin au bureau chargé de la diplomatie climatique, jugé « inutile ». « Nous ne participerons pas à des accords et initiatives internationales qui ne reflètent pas les valeurs de notre pays », a justifié un porte-parole du département d’État. Ce bureau était notamment chargé de représenter les Etats-Unis dans les discussions diplomatiques climatiques encadrées par l’ONU, qui organise les conférences sur le climat (COP). Cette suppression fait craindre une absence totale des Etats-Unis à la COP30 qui se tiendra au Brésil, en novembre 2025.
    Le Trumpisme déraille à nouveau alors que la planète entame une troisième année d’affilée avec des températures historiquement élevées ; 2024 est devenue l’année la plus chaude jamais mesurée, battant le record de 2023.

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