guerre au Mali, encore des morts… pour rien

France-Indochine, une guerre pour rien. Algérie française, une guerre pour rien. Afghanistan, une guerre pour rien. Libye, une guerre sarkozyste pour rien sauf que des armes et des miliciens circulent maintenant partout. Guerre Hollandiste au Mali… une guerre pour rien ?

Prenons les 88 soldats français décédés en Afghanistan depuis 1901. « Morts pour rien », constatent la plupart des familles : « Le départ des troupes françaises sonnera le glas des minces progrès réalisés depuis dix ans ; les champs de pavot vont continuer à s’étendre et d’enrichir la famille d’Hamid Karzaï et d’autres potentats corrompus ; les talibans vont accroître leur souveraineté, fermer les écoles destinées aux petites filles, offrir une terre d’accueil aux réseaux terroristes islamistes ; quant à l’armée afghane, insuffisamment formée et infiltrée par la rébellion, elle s’avérera incapable de protéger l’embryon de démocratie. »* Remplacez « pavot » par « otages » et Afghanistan par Mali et vous avez la situation quand les troupes françaises vont se retirer du Sahel : morts pour rien, les soldats français ! Nos généraux et gouvernants n’ont rien appris de l’histoire, une guerre asymétrique avec d’un côté des troupes de soldats en uniforme et de l’autre un ennemi qui sait se rendre invisible est une guerre perdue d’avance. Que faudrait-il faire ?

D’abord considérer que la société civile d’un pays est la première responsable de ce qui lui arrive. C’est aux gens concernés de se prendre en main. Ensuite le terreau de la guerre disparaît quand  un peuple se trouve en harmonie avec son écosystème. Il y a conjonction entre une explosion démographique, des jeunes sans perspectives d’emplois, une prolifération des trafics, la marginalisation des populations rurales et les crises alimentaires. Dans un tel contexte, la population ne peut qu’être séduite par des idéologies extrémistes et prosélytes. Ce n’est pas la France qui peut reconstruire de l’extérieur par les armes un territoire unifié et sécurisé alors que la période de paix précédente a abouti à la faillite de l’Etat malien.

« La France est bien en retard d’une décolonisation, seul pays à entretenir des bases militaires permanentes depuis les indépendances. Une expédition militaire britannique est impensable par exemple au Kenya ou au Zimbabwe »**. Le gouvernement socialiste français ne connaît rien, ni aux complexités de la géopolitique, ni aux fondamentaux de l’écologie. Le dernier lion du Maghreb fut tué en 1929.

* Le magazine du MONDE, 19 janvier 2013, Avec les familles des soldats tués en Afghanistan

** LE MONDE du 18 janvier 2013, Un nouvel avatar de la Françafrique (Michel Galy)

3 réflexions sur “guerre au Mali, encore des morts… pour rien”

  1. Commentaire d’un directeur de recherche au CNRS
    « La France a une responsabilité directe dans l’effondrement de l’Etat malien. Elle a soutenu dès les années 1980 des programmes d’ajustement structurel d’inspiration néolibérale qui ont détruit l’école et la santé publiques et ont ainsi ouvert une voie royale aux institutions islamiques de substitution. Elle a endossé la libéralisation de la filière coton voulue par la Banque mondiale, qui a accéléré l’exode rural. Le coup de grâce est venu en 2011 : la guerre de Libye a conduit les Touareg maliens enrôlés dans les rangs du colonel Kadhafi à rentrer au pays avec plus d’armes que de bagages. On connaît la suite, l’OPA hostile des djihadistes sur le nord du Mali.
    Résultat final : déchaînement d’une violence paramilitaire. Mauvaise politique-fiction ? Le scénario se déroule déjà sous nos yeux avec la criminalisation de la Guinée-Bissau, l’implication croissante des autres Etats de la région et le financement du jihad.
    La France récolte ce qu’elle a semé. »
    Jean-François Bayart
    LE MONDE | 22.01.2013, Chronique d’une faillite programmée au Mali

  2. Résumé de la chronique d’Hervé Kempf, « La guerre normale »*
    Dans une large partie de l’Afrique, ce n’est pas le  » fanatisme  » et la  » barbarie  » des  » terroristes  » qu’il faut redouter, mais le délabrement des institutions des pays concernés et leur fragilité économique, qui créent les conditions du succès des  » envahisseurs « .
    Deux exemples. Malgré une pluviométrie bonne depuis quelques années, et faute d’une politique agricole active, les zones rurales des pays du Sahel restent dans une situation de dénuement qui nourrit l’exode et la déstabilisation des grandes villes. Quant au développement nouveau qui apparaît dans les chiffres macroéconomiques, il est largement lié à la ruée sur les mines (le Mali est le troisième producteur d’or au monde, et la mine d’uranium de Faléa pourrait s’y ouvrir), dont les profits partent à l’étranger grâce à des contrats léonins. Le croisement annoncé de la démographie et de la crise écologique préparera bien d’autres guerres, toujours plus féroces.
    * LE MONDE du 20-21 janvier 2012

  3. François Hollande lors de ses vœux aux Corréziens à Tulle le 19 janvier
    « La France restera au Mali le temps nécessaire pour que le terrorisme soit vaincu. Plusieurs fois, on me pose la question : combien de temps cela va-t-il durer ? Je réponds, parce que c’est la seule vérité que je connaisse : le temps nécessaire. »

    Commentaire de Sirius : « Guy Mollet a du dire à peu près la même chose à propos de l’Algérie (française). Or le FLN n’a jamais livré bataille à l’armée française et on connaît le résultat final. »
    Le Monde.fr avec AFP | 19.01.2013

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