Hollande, Sarkozy, et les boucles de rétroaction positive

Nous savons très bien décrire la catastrophe en marche, nous ne savons pas prévenir les crises. La campagne présidentielle française, qui a mis aux oubliettes la question écologique, en témoigne abondamment. Notons que LE MONDE*, qui relate la bombe à retardement que constitue le pergélisol pour le climat, se contente aussi de décrire et ne nous incite nullement à agir. Il est vrai que pour le moment, la recherche scientifique en est seulement au niveau du projet d’évaluation, MAGE21**. Notons enfin que les scientifiques du GIEC, en charge officiellement du modèle climatique, n’ont pas encore pris en compte la fonte du pergélisol !

De plus l’article de Stéphane Foucart n’aborde pas le problème sous-jacent du pergélisol, les boucles de rétroaction « positive ». Un mécanisme de rétroaction positive se produit lorsqu’un écosystème réagit à l’augmentation des températures en aggravant le phénomène perturbateur. Par exemple, comme l’eau absorbe beaucoup plus le rayonnement solaire qu’un glacier qui réfléchit la lumière, la fonte des banquises va réchauffer l’atmosphère. L’activisme de la société thermo-industrielle risque de n’être que le facteur déclenchant de l’emballement des températures, la Nature  va accélérer en retour le processus. Il existe deux exemples essentiels de rétroaction positive sur le climat :

–          Le permafrost, ce sol perpétuellement gelé des régions arctiques. Nous parlions déjà sur notre blog de bombe à retardement en août 2008.

–          L’acidification des océans conduit à la réduction de la capacité océanique à absorber le CO2 d’origine anthropique. Or cet effet tampon est loin d’être négligeable car les eaux de surface absorbent plus du tiers des rejets de gaz carbonique engendrés par la combustion des ressources fossiles. Plus l’océan est acide à cause de l’activité humaine, moins il est capable d’éponger les excès de cette activité. Un raisonnement similaire peut se faire sur les sols*** qui auront tendance, sous l’effet de l’assèchement, à relâcher du carbone au lieu d’en absorber.

Comme l’exprime un commentateur sur lemonde.fr, « Nos dirigeants prennent toutes les dispositions pour qu’une telle catastrophe arrive. La France construit une dizaine de centrales à gaz : Bouchain (510 MW), Blenod (430 MW), Martigues (930 MW) etc… de façon à obtenir une puissance de 200 GW en 2020 de thermique à flamme pour pallier à l’intermittence du renouvelable. L’Allemagne fait mieux elle construit 10 centrales au charbon et un certain nombre de centrales au gaz. L’avenir du permafrost est radieux. »

* LE MONDE du 17 février 2012, L’UE finance un projet de recherche pour mieux anticiper les effets du dégel des sols arctiques

** MAGE21, Permafrost in the Arctic and its Global Effects en the 21st Century

*** LE MONDE du 15 février 2012, Le réchauffement va empirer avec les pratiques agricoles intensives : selon un rapport du PNUE, les sols contiennent d’énormes quantités de carbone sous forme organique qui apportent des nutriments aux plantes. Cette substance décroît rapidement à cause de la déforestation et de l’agriculture intensive. Une fois convertie en dioxyde de carbone, elle contribue au réchauffement climatique. Près de 60 % du carbone emprisonné dans les sols et la végétation aurait été déjà perdu depuis le XIXe siècle.

2 réflexions sur “Hollande, Sarkozy, et les boucles de rétroaction positive”

  1. Le pire dans l’histoire, est que nous n’allons pas du tout tirer les leçons de cette crise écologique. Ce sera seulement un prétexte pour les multinationales avec les gouvernement de mettre en place des mesures coercitives afin de continuer de faire tourner la machine. Ridicule. Plus crétin que ca tu meurs.

  2. Ce concept de rétroaction positive (qu’on pourrait aussi appeler tout simplement cercle vicieux) est hélas très fécond et pourrait bien nous poser des problèmes. Les récentes découvertes de gaz de schiste en quantités importantes vont malheureusement permettre à l’homme d’émettre encore plus de CO2 et de poursuivre encore un peu plus longtemps son effroyable croissance démographique. Parfois je me demande vraiment s’il ne faut pas perdre tout espoir. Nous faisons en effet l’exact contraire de ce qui serait nécessaire et parfois en plus en se disant écolo, comme le font les allemands qui pour combattre le nucléaire font en façade un peu de renouvelable et en réalité énormément de « fossiles ». Oui, c’est ça, l’exact contraire…

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