HULOT : premiers succès de l’écologie en politique

De 1974 (René Dumont) à nos jours, l’écologie a toujours été politiquement reléguée après le social (l’emploi) et bien après l’économie (l’emploi). La nomination de Nicolas Hulot au poste de ministre d’État, troisième dans la hiérarchie gouvernementale, semblait changer la donne. Le soutien d’Emmanuel Macron à l’écologie n’était pas visible lors de sa campagne présidentielle, maintenant il semble devenir un nouveau converti. Quelques extraits significatifs du MONDE :

Emmanuel Macron a affirmé la nécessité « d’une forte volonté politique relayée par l’ensemble du gouvernement » : « Nous allons décarboner la production d’énergie, soutenir le prix du carbone, développer la finance verte, mobiliser les financements publics et privés, intégrer le changement climatique dans le commerce international et dans nos modes de production, maintenir les énergies fossiles dans le sous-sol... Tout cela, ce sera la feuille de route que la France annoncera avant la fin du mois de juillet pour sa politique nationale et européenne. » (en concluant les travaux de la conférence sur « le pacte mondial pour l’environnement » le samedi 24 juin 2017)

Nicolas Hulot a remis sa feuille de route au premier ministre le 15 juin 2017. Le ministre de la transition écologique veut que l’écologie aille au-delà de son ministère et devienne une orientation globale pour l’ensemble du gouvernement. Pas moins de dix priorités, de l’énergie à l’économie circulaire, des océans et la biodiversité jusqu’à l’agriculture, sans oublier la finance verte ou l’innovation sociale et solidaire : « viser la neutralité carbone à l’horizon 2050. » ; « l’interdiction de tout nouveau projet d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures » ; « planification d’une trajectoire de diminution de la part du nucléaire ambitieuse et pragmatique » ; « atteindre les objectifs internationaux de la Convention sur la diversité biologique (Aichi, 2010) d’ici 2020 » ; « intégrer dans les lois de finances les conséquences des mesures nécessaires à la transition écologique et énergétique » Etc. Notons que les mesures d’interdiction des substances dangereuses (pesticides, perturbateurs endocriniens, nanomatériaux) dépendront de la réglementation européenne.*

Plus important que tout, la volonté de Nicolas Hulot d’inscrire l’écologie dans le temps long. « Le climat sera l’une des priorités de mon nouveau job, qui j’espère ne sera pas simplement un job d’été », ironisait-il le 24 juin 2017. « Si l’on doit tout piloter dans l’urgence, ce n’est pas de la politique, c’est de la gestion quotidienne, et l’on n’a pas besoin de moi pour ça ». Nicolas se voit en « ministre du temps long » : « En matière de transition énergétique, on ne peut pas construire une stratégie de planification sans évaluer, au préalable, les critères économiques, ­sociaux de ces choix. » Les ONG sont conviées à au moins « une ou deux réunions par jour » au ministère, sur des sujets comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les perturbateurs endocriniens, la mer, le climat…Le calendrier législatif du ministre Hulot ne devrait débuter qu’à l’automne, par une réforme du code minier qui s’impose afin d‘interdire toute nouvelle exploration d’hydrocarbures.**

* LE MONDE du 27 juin 2017, Environnement  : le « projet de société » de Nicolas Hulot

** LE MONDE du 27 juin 2017, Le ministre de la transition écologique s’inscrit dans le « temps long »

3 réflexions sur “HULOT : premiers succès de l’écologie en politique”

  1. Personnellement, pour l’instant… j’observe. Je l’ai déjà dit, ce n’est pas moi qui leur mettrai des bâtons dans les roues. Nous ferons le bilan à la fin.
    Que le boulot de Nicolas Hulot ne soit pas des plus faciles, j’en conviens. Il l’a voulu, maintenant qu’il se débouille ! Alors bien sûr les compromis sont parfois nécessaires… En fait tout dépend sur quoi. Selon moi il y a des grands écarts à ne pas faire, des choses sur lesquelles il n’y a pas à transiger, des choses absolument inconciliables (ex : le beurre, « et en même temps » l’argent du beurre). L’occasion de se souvenir de Gilles Châtelet (l’auteur de  » Vivre et penser comme des porcs ») et de citer ce bouquin paru en 2010 qui réunit plusieurs de ses textes sur la critique du consensus :  » Les animaux malades du consensus « .
    Bien sûr au stade où nous en sommes aujourd’hui , nous ne pouvons que nous réjouir du fait que « le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes à partir de septembre 2018 ». L’occasion de se souvenir de Ségolène et du Roundup (glyphosate) interdit à la vente dans les jardineries au 1er janvier 2016. C’est bien joli de légiférer (c’est déjà ça …) mais s’il n’y a personne sur le terrain pour surveiller et faire appliquer les lois, en quoi cela nous avance t-il ? Et de plus, quand il n’y a pas de réelle volonté à ce que ces lois soient respectées, je vous laisse imaginer.

  2. premier arbitrage du premier ministre en faveur de Hulot : « le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes à partir de septembre 2018 ».
    Par ce communiqué lapidaire, Matignon éteignait la polémique entre le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, et Stéphane Travert, le ministre de l’agriculture. Un document de travail interministériel suggérait une volonté gouvernementale de revenir sur l’interdiction des insecticides dits « néonicotinoïdes ». Interrogé le 26 juin 2017 sur la portée du document, M. Travert avait confirmé sa volonté de revenir sur cette mesure d’interdiction. Le ministre de la transition écologique avait répondu immédiatement sur son compte Twitter : « Les interdictions de néonicotinoïdes ne seront pas levés, les arbitrages ont été rendus en ce sens », a-t-il écrit.

  3. Pour l’instant je suis plutôt favorablement impressionné par le travail de Nicolas Hulot, j’en mesure aussi toute la difficulté et la façon dont les inévitables compromis le conduiront à être rejeté par une partie de ses fans, il faut un certain courage pour l’accepter mais c’est le seul moyen d’avancer sur un certain nombre de points.
    Ne faisons pas comme l’extrême gauche qui par son extrémisme justement demande le maximum et exige l’extermination totale du capitalisme, et n’a obtenu, précisément à cause de cela, pas le début du commencement de ce qu’elle réclame. La modération est parfois la façon la plus intelligente de faire changer les choses.
    Se battre avec le réel est une chose respectable, donc tous nos encouragements à Nicolas Hulot (même si pour ma part je continuerai à tenter de l’alerter sur la démographie).

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