hystérie du spectacle

Le site biosphere répertorie un grand nombre de livres dans sa rubrique « Bibliothèque de la Biosphère ». La plupart sont résumés, on peut y accéder en cliquant sur le titre d’un livre dans http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=biblio. Voici par exemple la quintessence du livre de Michel BOUNAN, La folle histoire du monde (éditons Allia).

 

De même que les innovations techniques du XXe siècle ont eu pour moteur la nécessité de neutraliser les résistances au développement industriel, l’organisation socio-politique a été mise en place pour neutraliser le conflit social. L’impossible liberté réclamée par la classe laborieuse a été obtenue de façon illusoire. La négation du vivant et les exigences humaines ont donné son aspect original de « société du spectacle ». Les revendications ont été satisfaites au moyen d’images et de leurres que la nouvelle organisation technicienne pouvait créer en abondance. Ce mode d’organisation a fourni à ses emmurés des images de liberté et de vie. Le « spectacle » n’est rien d’autre que l’ensemble des  compensations mensongères offertes à ceux qui ne sont plus rien (p.73).

 

Cette façon de n’être au monde que par la médiation d’images a donné lieu à d’extravagantes manifestations collectives. L’extraordinaire importance des rassemblements sportifs d’un bout à l’autre du monde, l’intérêt que leur accordent les médias, les violences auxquelles elles donnent lieu de la part du public, relèvent bien de l’hystérie moderne. Les spectateurs d’une exhibition sportive vivent, par procuration, un affrontement dans lequel ils s’engagent personnellement, ils s’identifient à tel joueur, à telle équipe, et par cette identification, ils connaissent d’intenses émotions. Ces manifestations ont bien pour fonction de canaliser des impulsions interdites, de contrefaire une vie absente. Il en est de même des divertissements musicaux actuels, qui se déroulent en outre dans les mêmes lieux que les compétitions sportives (p.110) .

L’écologisme radical, contrairement aux simulacres qui lui sont opposés, proclame que toutes les nuisances actuelles résultent d’un système socio-économique mondial dont la production industrielle est à la fois le moteur et le résultat. C’est pourquoi ses porte-parole préconisent désormais une décroissance massive. Dans les conditions présentes, cette utopie rencontre un succès mitigé auprès d’un public fondamentalement hystérique, c’est-à-dire privé de son être propre et avide des multiples compensations que lui offre le marché moderne, compensations qu’il ne peut obtenir qu’en continuant à faire tourner les rouages du monde économique actuel (p.114)