Il n’y a sans doute pas de voiture vraiment « propre »

Ils partagent une même vision des transports, le fait de circuler, tous les jours, sans voiture. Lui en métro, à Paris (Denis Baupin). Elle à vélo et en tramway, à Strasbourg (Fabienne Keller). Bref, « avec Fabienne, c’est du sérieux », dit Denis. « Avec Denis, c’est du sérieux », répond Fabienne. Ces deux parlementaires viennent de commettre un rapport de 261 pages sur l’avenir de la « voiture écologique ».

Le tandem s’attaque à certains tabous :

– L’écologique, ce n’est pas l’électrique.

– L’électrique, c’est beaucoup de comm’.

– Haro sur les rocades et les autoroutes : Les élus demandent des infrastructures proportionnées aux besoins. On songe à l’aéroport Notre-Dame des Landes, aux centres commerciaux, aux infrastructures routières…

Baupin et Keller envisagent aussi quelques solutions :

– Le partage plus performant que la technologie : mutualisation d’une automobile, autopartage et covoiturage.

– L’écotaxe, plus grand, plus fort. Le rapport comporte un volet fiscal, des avantages seraient accordés aux véhicules moins puissants et moins volumineux, aux flottes d’entreprise « écologiques ». (résumé d’un texte d’Olivier Razemon)*

* http://transports.blog.lemonde.fr/2014/01/22/10-choses-pas-tres-consensuelles-a-savoir-sur-la-voiture-ecologique/

Quelques commentaire intéressants d’internautes :

– 50% des déplacements font moins de 3 km (chiffre Ademe). 99% de ces déplacements de moins de 3 km sont fait en voitures…
cherchez l’erreur !

– Certains semblent présenter le vélo comme une torture physique. Dans certains pays, les gens se marreraient bien en nous voyant acheter du carburant à l’autre bout de la terre pour nous trimbaler une tonne d’acier avec nous juste pour aller acheter du pain, et considérer le fait d’utiliser ses jambes comme une torture moyenâgeuse. Personnellement, je pense pas qu’il soit exagéré de considérer ces choses comme un luxe.

– Si le monde entier vivait avec le niveau de vie de la France, les ressources terrestres ne suffiraient pas. Il y a donc forcément un moment où on va devoir réduire notre consommation et renoncer à certains avantages. Le progrès collectif ne passera pas toujours par une augmentation de votre petit luxe.

– Quand on voit une femme de 50 kg (mais c’est aussi valable pour un homme de 70 kg hein, pas de sexisme) utiliser 1.5 tonnes de ferraille pour se déplacer sur quelques kilomètres, on se dit simplement que l’essence n’est pas encore assez chère.

En effet, l’essence coûte 2 fois moins chère aujourd’hui qu’en 1971, ceci rapporté au SMIC, 3.3 litres en 1971 pour 1 heure de Smic, 6.5litres en 2014.

– Vous voulez des données chiffrées et vérifiables :
1971: SMIC horaire brut = 3,69 FF ; litre d’essence (plombée) = 1,13 FF
2014: SMIC horaire brut = 9,53 € ; litre d’essence (SP95) = 1,47 €
Deux simples divisions vous font retrouver les chiffres précédents.

– Déduire ses frais kilométriques de ses impôts est un vraie aberration. Celui qui fait le choix d’habiter plus proche de son lieu de travail et qui doit donc supporter un loyer plus élevé ne bénéficie pas des même avantages. Dans les deux cas, il s’agit de dépenses de fonctionnement. Pourquoi l’état favorise-t-il l’habitat dispersé dans les zones rurales et non l’habitat collectif en ville au travers de ces mesures?

– Un mot sur le barème kilométrique de l’administration fiscale qui permet de déduire plus de frais si on a un véhicule plus puissant !

– C’est moins vrai aujourd’hui. Depuis l’année dernière, le barème kilométrique est limité à 7 CV.

– Tout cela va devenir une question de survie très rapidement, et pour des raisons très « banales », le fait que l’on est actuellement au « pic » (maximum d’extraction) de pétrole.

– Conclusion du Rapport au Club de Rome en 1972 : on ne peut avoir une croissance infinie basée sur des ressources finies.
http://www.manicore.com/documentation/club_rome.html

– L’électricité est aussi propre que la manière de la produire. Dans les pays où l’électricité est faite au charbon, la voiture électrique pollue plus que la voiture à pétrole ! Par ailleurs, les éoliennes et autres panneaux PV ne sont pas « propres » ni renouvelables non plus (il faut du lithium pour les batteries, du neodyme pour l’aimant permanent, etc.)

– Dire qu’une voiture électrique ne pollue pas n’est vrai que sur son lieu d’utilisation ! Mais sa fabrication nécessite des matières premières rares et non renouvelables (dont l’extraction pollue, par ailleurs), et le passage à l’échelle est donc limité par la disponibilité de ces matières premières (e.g. lithium, zinc, etc.) dont l’épuisement est annoncé à peu près en même temps que le pétrole i.e. dans pas très longtemps.

– Le bilan environnemental d’une automobile ne se mesure pas seulement quand elle roule, mais entre le moment de sa conception et sa destruction.

1 réflexion sur “Il n’y a sans doute pas de voiture vraiment « propre »”

  1. Sur la voiture vraiment propre, ou plutôt sur son inexistence puisqu’il faut en réalité prendre en compte le processus de bout en bout et intégrer aussi bien la fabrication, la mise à disposition, le recyclage que la fabrication de l’énergie dite propre (hydrogène ou électricité), je ne peux que partager les conclusions de cet article.
    Toutefois je serais pire encore, la voiture vraiment propre ne peut exister par nature, même si nous avions une baguette magique pour la faire apparaitre (construction) disparaitre (recyclage) et rouler (énergie gratuite et non polluante). En effet dans ce cas, cette voiture parfaite et du fait même de sa perfection ne connaitrait plus aucune entrave, et cela serait bientôt les 7 milliards de terriens qui auraient au minimum deux autos par personne et rouleraient sans compter, détruisant par la présence nécessaire de toute les infrastructures, ce qui reste de monde sauvage. Bref, sans ses défauts, la voiture serait partout et donc serait totalement destructrice. Donc ne souhaitons pas de miracle en la matière. Curieusement les défauts de l’automobile sont ce qui participe à freiner (pas assez à mon goût mais la déplétion pétrolière va s’en charger) l’envahissement généralisé de la planète part notre très chère automobile.

Les commentaires sont fermés.