image du futur

« Les racines brisent les marches des temples et culbutent les bas reliefs, il ne reste que ruines. Les cités mayas, disséminés du Honduras  jusqu’au Chiapas, sont couvertes par la végétation. Ses dirigeants ont rompu un délicat équilibre écologique parce qu’ils se croyaient tout permis. Les élites ont sacrifié leur environnement à leurs rêves de magnificence : nous n’avons pas fini d’en tirer les leçons. » (LeMonde du 14 février)

Dans son livre de 2006, « Effondrement » (comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie), Jared Diamond analysait l’échec de la civilisation maya, prémonitoire de ce qui peut arriver à la civilisation thermo-industrielle. Couvrant un territoire allant de l’actuel Yucatan (Mexique) jusqu’au Honduras, cette nation comptait à son apogée quelque quinze millions d’habitants. En quelques générations la société s’est effondrée, laissant derrière elles des villes désertées, des routes commerciales abandonnées et des pyramides en ruines. L’hypothèse climatologique de ce déclin semble aujourd’hui confirmée : c’est une période de sécheresse excessive qui serait à l’origine de cet effondrement entre 750 et 950 de notre ère. L’apogée de la consommation de ressources et de la production de déchets implique l’apogée de l’impact sur l’environnement, au risque de dépassement des ressources. Il n’est donc pas étonnant que le déclin ait tendance à suivre de près l’apogée.

              Aujourd’hui notre planète tout entière se retrouve face à une situation similaire aux Mayas, le réchauffement climatique, la surpopulation, les guerres intestines, les conflits sociaux, la déforestation. Pour Jared Diamond, la principale raison d’espérer est l’interconnexion du monde contemporain globalisé. Aujourd’hui, le flux d’information nous apprend en temps réel ce qui advient partout dans le reste du monde. Par ailleurs nous accumulons des connaissances sur l’effondrement des sociétés d’autrefois afin de tirer un bénéfice concret de ce savoir. Cette intelligence du temps et de l’espace serait notre chance. Il a donc écrit ce livre avec l’espoir de contribuer à ce qu’un nombre suffisant de nos contemporains saisissent cette chance et fassent la différence.

Il savait pourtant que les élites vont tout faire pour ne pas prendre les décisions qui s’imposent, mieux vaut soutenir les rêves de magnificence. Aujourd’hui nous nous croyons tout permis, on ne jure que par la croissance économique (qu’il faut relancer) et par la pouvoir d’achat (qui doit toujours croître). Or consommation rime avec destruction de ressources naturelles. Nos routes seront un jour recouvertes de sable ou de terre, nos villes seront envahies par la végétation, notre avenir ressemblera à la destinée de la civilisation maya…