immoralité de la gestation pour autrui

La chronique* de Caroline Fourest « Que dire à un bébé sans papiers ? est un monument de mauvaise foi. Sa morale peut se résumer à une seule expression : « Parce que j’ai envie ». Caroline Fourest défend la possibilité des mères porteuses en laissant croire que le bébé n’a plus en France de filiation alors même que la loi française est claire, « La mère, c’est celle qui accouche ». Caroline Fourest prétexte de l’intérêt de l’enfant alors qu’il s’agit de la seule prétention d’une femme à avoir un enfant malgré sa stérilité, par pur égoïsme : « A cause de mes ovules, je ne pouvais pas avoir d’enfant. Mais papa si. Nous avions tellement envie de t’avoir… ». Parce qu’on a envie, on peut donc mettre au boulot une mère porteuse pour qu’elle nous délivre sa marchandise (et si ça ne plaît pas dans les six jours, retour à l’envoyeur). Caroline Fourest croit sortir de la loi du plus riche alors que prendre l’enfant d’une autre est un acte de riche dominant. Caroline Fourest se veut porteuse de la vérité, c’est son avis « que cela plaise ou non » ; mais le droit à l’enfant n’est pas un droit. Caroline Fourest croit sortir de l’ère de la jungle alors qu’elle y retourne : la morale dans une société ne peut reposer sur le seul désir de ses membres. Signalons aussi qu’une femme stérile peut très bien adopter un enfant abandonné au lieu de marchandiser le corps d’une autre femme (gestation pour autrui).

Les mécanismes psychologiques qui conduisent à l’exigence d’une filiation à tout prix ne sont que l’exacerbation actuelle de notre ego et non la perspective de l’épanouissement de l’enfant. Une personne ne fait pas un enfant pour son plaisir personnel, mais pour l’intégration durable de cet enfant dans la société. La stérilité est une réalité qui doit être acceptée dans une société qui retrouve le sens des limites imposées par la nature. Et nous avons bien besoin de limiter nos désirs-envies à une époque où nous pillons les richesses de la Terre et le ventre des femmes pour satisfaire nos moindres caprices de soi-disant maîtres et possesseurs de la nature.

* LeMonde du 9 avril, Sans détour