impossible transparence

La multiplication des réseaux d’information transforme notre réalité en un magma informel en perpétuelle expansion ; il est donc difficile de savoir de qu’il faut savoir. Ainsi, dans l’éditorial du Monde du 14 janvier « Nucléaire responsable », on souligne les limites de la transparence. Sur le site de l’ASN (autorité de sûreté nucléaire), tout est dit, mais les énoncés techniques et abscons empêchent de s’y retrouver Ce n’est que grâce à la lecture attentive des militants du réseau « Sortir du nucléaire » qu’on peut relever l’essentiel : on ne peut pas faire confiance aux laboratoires d’EDF pour mesurer la radioactivité autour des centrales d’EDF. Trop d’informations tue l’information. Nous sommes submergés, entre la presse écrite et l’hypertexte qui permet d’être en contact direct avec la mémoire de tous, nous ne savons plus ce qui compte vraiment. Normalement les journalistes sont là pour nous rassurer. Ainsi Bruno Frappat aux Assises du journalisme en mai 2008 : « N’ayez pas peur ! Tant qu’il y aura des nouvelles, il faudra des gens pour faire le tri, hiérarchiser les événements, en jeter. Autrement dit pour penser l’actualité ; il faut parier sur le journalisme durable ».

Analysons l’événement qui mobilise une page entière du Monde du 14 janvier, « le chic électrique ». Le titre est engageant, la photo prometteuse, il y a un choix journalistique en faveur du Tesla Roadster, une voiture « 100 % propre », car tout électrique, et même sportive (démarrage foudroyant, vitesse de pointe à 200 km/h… Il faut lire attentivement l’article pour se rendre compte que le sous-titre « 100 % propre » devient 100 % « propre ». Notez l’astuce de l’emplacement des guillemets ! Alors, faudrait-il douter de la technologie verte du tout électrique ? Que nenni ! Jamais une interrogation dans cet article sur la provenance de l’électricité.  On parle géostratégie « guérir l’Amérique de son addiction au pétrole », on ne s’interroge jamais sur la part des centrales thermique dans la production d’électricité. Ce n’est pas faire du journalisme durable que de terminer en pontifiant : « Un jour, quand nous raconterons à nos petits-enfants que nous circulions dans des gros engins bruyants qui crachaient de la fumée toxique, ils auront du mal à nous croire. »

Nos petits-enfants auront à leur charge le réchauffement climatique, le traitement des déchets nucléaires et l’impossibilité de posséder un véhicule personnel. Ils auront du mal à croire que les médias d’aujourd’hui faisaient leur véritable travail d’(in)formation, ils auront du mal à croire à tant d’égoïsme de la part de la génération actuelle. Si tu lis ce blog, si tu  vas  sur mon site, tu deviendras peut-être un peu plus clairvoyant…