Insécurité alimentaire aiguë et insouciance politique

En 2018 dans 53 pays, 113 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë selon le rapport annuel publié le 2 avril 2019 par le Food Security Information Network. Le rapport s’inquiète de l’accumulation dans le temps des phénomènes météorologiques extrêmes, qui fragilisent de plus en plus la capacité de résilience des systèmes agricoles. L’insécurité alimentaire aiguë est définie par le FSIN comme un déficit de consommation de denrées entraînant une malnutrition aiguë et nécessitant une action urgente. Dans sa définition plus large, la sous-alimentation chronique touche selon la FAO 821 millions de personnes dans le monde.*

La faim est à l’intersection de l’organisation sociale et du poids de l’humanité sur les ressources naturelles. Le prix Nobel d’économie 1998, Amartya Sen, est un indien. Il avait constaté étant jeune que les riches ne meurent pas de faim ! Dans un discours du 15 juin 1999, il affirmait : « Il est tout à fait remarquable, quand on étudie les famines dans l’histoire, de voir que celles-ci ne surviennent pas dans les démocraties. En effet, il n’y a jamais eu de grande famine dans un pays démocratique, quel que soit son degré de pauvreté. C’est dû au fait que les famines sont, en réalité, faciles à prévenir, pour peu que le gouvernement s’y emploie ». Ce point de vue est obsolète, il ne tient pas compte des dégradations écologiques de toutes sortes des sols cultivables et de l’épuisement des nappes phréatiques, en Inde comme ailleurs. Sans action sur la fécondité humaine, on ne peut pas gagner une course sans fin entre population et alimentation. Il ne faut pas compter sur la « démocratie » ; deux politiques s’opposent, celle des natalistes qui sont encore majoritaires dans le Monde, et celle trop rare des malthusiens. En voici deux exemples.

Fin 2015, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, avait fait de la relance de la natalité la priorité absolue de son gouvernement. Budapest consacrait déjà 4 % de son PIB aux politiques favorisant la fécondité. Les familles ayant un ou deux mineurs à charge sont aidées. A partir de la troisième naissance, le système de réduction d’impôts et de cotisations sociales est très généreux. Et il existe déjà une batterie de mesures pour concilier emploi et garde d’enfants. Une nouvelle mesure incitative spectaculaire a été encadrée par décrets en février 2016. Désormais, les couples s’engageant à avoir trois enfants dans les dix prochaines années et les foyers en ayant déjà trois bénéficieront d’aide financière pour l’achat d’un logement neuf… En 1974 en France, le candidat à la présidentielle René Dumont : « Depuis 1650, la population du globe a augmenté à un rythme exponentiel. Nous sommes près de 4 milliards, nous serons 7 milliards en l’an 2000 ; même avec une réduction importante des taux de fécondité, on ne serait pas loin de 6 milliards. C’est la FIN du monde ou la FAIM du monde. Nous sommes les premiers à avoir dit que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers-Monde, par le gaspillage des matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesse. L’homme attaque la nature depuis 100 000 ans par le feu, le déboisement, le défrichage, etc. Nourrir plus d’homme implique la destruction du milieu naturel. Du reste, si nous nous multiplions inconsidérément, le phosphore nécessaire à l’agriculture manquerait bientôt. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. »

* LE MONDE du 3 avril 2019, Sept chiffres sur la malnutrition et l’insécurité alimentaire dans le monde

18 réflexions sur “Insécurité alimentaire aiguë et insouciance politique”

  1. Pour recadrer avec le sujet. Notre monde est en effet caractérisé (entre autres) par une insécurité alimentaire aigüe. Ce problème ne concerne pas seulement ceux qui souffrent de la faim mais tout le monde.

    Notre bouffe n’a certainement jamais contenue autant de poisons (junk-food). Dans « nos » pays dits « riches » nous bouffons trop et trop mal. A elle seule l’obésité cause trois fois plus de morts que la malnutrition (ça tombe bien, nous sommes paraît-il trop nombreux).
    D’autre part, n’oublions pas le problème du gaspillage alimentaire et particulièrement celui au niveau des cons ommateurs. Une HONTE ! Là encore comparons, d’un pays à un autre, et désignons les porcs. N’oublions pas non plus les budgets militaires, ce que coûtent ces guerres que mènent ces pays qui n’en ont jamais assez. Des milliers de milliards de dollars ou d’euros ! Une HONTE ! Le budget mondial de la publicité est de l’ordre de 500 milliards de dollars par an ! Une HONTE ! Une étude de l’ONU a démontré que 10% de cette somme suffisait à réduire la moitié de la faim.

    Mais non, vous comprenez… faut penser à tous ces emplois, à tout ce business, à tous ces milliards et patati et patata. (Lire absolument « Vivre et penser comme des porcs »). Qui sont ceux qui veulent supprimer la pub, hein ? Après ça on peut raconter et SE raconter toutes les histoires qu’on voudra.

  2. @ Didier Barthès.
    Les ponts et les murs servent souvent de métaphores. Les ponts relient, les murs séparent. Reste à voir ce qui est le mieux, pour moi c’est tout vu. Maintenant, et vous le savez, je suis d’accord avec vous pour dire que nous sommes allés trop loin. Hélas nous n’en avons pas fini. Là encore, il reste à voir ce que nous devrions développer, toujours plus, et ce que nous devrions stopper, faire décroître et surtout éviter. Dans la limite de nos réelles possibilités, évidemment. Et là aussi, sans aucune démagogie, pour moi c’est tout vu.

  3. Didier Barthès

    La diversité et donc la richesse culturelle du monde suppose au contraire un certain compartimentage. Nous sommes allés bien trop loin dans la mondialisation, a force de la porter en drapeau nous somme en train d’abolir toute diversité.
    L’image « des ponts plutôt que des murs » est par trop démagogique.
    Des pont, nous en avons tant maintenant que nous sommes en train de détruire tous les territoires dont nous avons pourtant tant besoin.

  4. » Les gens se sentent seuls parce qu’ils construisent des murs au lieu de ponts.  »

    Arrêtez avec vos slogans mensongers pour faire consentir à immigration illimitée !
    Lorsque les frontières étaient fermées, ça n’a jamais empêché le commerce international et la coopération sur de grands projets (comme le concorde avion franco-anglais)…. Si on ne veut pas disparaître la régulation de l’immigration est nécessaire.

  5. Vous tirez des plans sur la comète en pensant qu’ en 2050 1 terrien sur 4 sera africain (noir ) : dame nature peut très bien siffler la fin de la récréation et ramener le chiffre de population de ces gens à des niveaux raisonnables .
    Détrompez-vous les murs bien construits et bien gardés empêcheront tout envahisseur avide d’ allocations délivrées par des propagandistes ou politiciens occidentaux au cerveau malade de les percevoir .
    Les conditions de vie d’ alors se seront probablement à ce point dégradées que le bisounoursisme actuel et le politiquement correct seront balayés et l’ on reviendra très vite à un traitement très dur de l’ envahisseur : je ne dois pas vous faire un dessin !
    Lucidité et instinct de conservation (cerveau reptilien) reprendront le dessus , soyez en sûr !

  6. Eh ben, je vois que le niveau est toujours aussi « élevé » sur Biosphère. Ce n’est pas avec ceux là qu’on va se tirer d’affaire. Question disque rayé je suis loin derrière. Misère misère ! (tiens, voilà que je fais des rimes 🙂

    Plus sérieusement, Didier Barthès, je vous fais remarquer que c’est René Dumont qui en 1974 comparait l’énergie consommée par un newyorkais et un indien. D’autre part, merci de me rappeler que « chaque jour la Terre gagne 240 000 habitants ». Quoi que vous pensiez, quoi que vous fassiez au sein de votre chapelle, vous pouvez toutefois vous préparer à l’idée qu’en 2050 un terrien sur quatre sera africain. Et n’allez pas croire que des murs empêcheront « tout envahissement ». Bref, vous pouvez faire un stock de mouchoirs.

  7. @ marcel

    C’est normal c’est un candauliste, il ne parvient pas à soulager voir féconder sa femme à cause de son micro-kiki alors il fait appel à des migrants pour se charger de sa femme….

  8. @D. Barthes :

    remarquez que notre « ami » michel C ne tire que sur une cible unique : l’ abominable homme blanc coupable à ses yeux de gauchiste , des pires abominations sur cette planète tandis que le pov habitant du 1/3 monde est paré de toutes les vertus car victime des actions des monstrueux blancs seuls et uniques ravageurs sur terre.
    Son disque culpabilisant est bien rayé .

  9. Ne vous en déplaise Michel C, l’étude que vous évoquez est ici mal interprétée,
    D’un coté vous parlez pour un Newyorkais de 500 fois plus d’énergie qu’un paysan indien et de l’autre de 500 fois esclaves énergétiques, ce n’est pas la même chose sauf à ce qu’il soit démontré qu’un paysan indien soit exactement un esclave énergétique, ce qui me semble douteux car lui aussi utilise un minium d’outils et de produits venu d’ailleurs, et encore une fois il n’y a aucun sens à comparer un urbain et un paysan (dans ce cas comparez aussi un riche urbain indien à un décroissant américain.
    Enfin bien sur la question ne se résume pas à l’énergie même si c’est un facteur important et ne se résume pas non plus à la nourriture, le paysan dispose aussi d’ un minimum d’habitat et d’autres biens.
    Quant à la Creuse, la Lozère , l’Ariège (de bien jolis départements, que Dieu les préserve de tout envahissement), et même les « etc. » , j’espère que vous plaisantez ces départements seraient (sur) peuplés en une semaine de croissance démographique mondiale (chaque jour la Terre gagne 240 000 habitants).

  10. Pourquoi l’ homme, cette créature qui en grand nombre est un véritable fléau invasif, devrait – il s’ accaparer le peu d’ espace naturel disponible
    au détriment de la biodiversité (animaux + forêts) ?
    Cet anthropocentrisme est hallucinant .
    De nombreuses espèces animales et végétales sont menacées de disparition en Asie (Inde notamment) par la prolifération « d’ asiatiques sobres » qui détruisent leurs habitats pour cultiver des lopins de terre et nourrir leur innombrable progéniture

  11. Ne vous en déplaise Didier Barthès, mais cette comparaison est parfaitement fondée. Je vous rappelle que J-M Jancovici démontre qu’en terme d’énergie un occidental dispose de l’équivalent de 500 esclaves 24h/24.
    Quant à ceux qui se sentent à l’étroit, pour l’espace (vital) … je l’ai déjà dit, il y a en encore en Lozère, dans la Creuse, en Ariège etc. Et les vaillants peuvent même y faire pousser des patates et des poules.

  12. Didier Barthès

    Un américain ne mange pas 500 fois plus qu’un indien, et même en énergie de tels ratios sont sans signification tans ils sont excessifs, ces deux catégories ne vivent pas non plus dans les mêmes conditions climatiques et vous comparez là des paysans et des urbains, bref c’est une comparaison faussée. Et le problème de la consommation d’espace reste entier, même un indien a besoin d’espace.

  13. Une seule chose est à retenir : « 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. » (René Dumont en 1974). Tous les problèmes, tout le scandale, partent de là et pas d’ailleurs. Tout le reste n’est que du verbiage dont le but est de minimiser l’hubris des petits bourgeois occidentaux.

  14. Sans les migrations , nous connaîtrions les joies de la décroissance démographique et
    l’ expansion de l’ espace vital pour chacun et cerise sur le gâteau l’ indispensable réduction de ces chancres que sont les grandes villes à la résilience inexistante (elles concentrent toutes les tares : dépendance totale alimentaire envers les campagnes , surpollutions , surconsommations d’ energie / d’ eau , violence et agressivité …)

  15. @Bga80 :
    lu quelque part que l’ Inde procédait chaque année à environ 1 million de stérilisations
    (vasectomies / ligature des trompes) et à l’ ouverture de nouveaux centres dédiés à cette pratique .
    La stérilisation n’ est pas la panacée universelle mais elle est irréversible et porte rapidement ses effets .
    Il est temps d’ en faire de même avec l’ Afrique , continent catastrophique à ce point de vue .
    Cela aurait le mérite de cesser / atténuer les migrations délirantes que nos lâches dirigeants n’ ont pas l’ intention d’ arrêter

  16. Sur le plan biologique, les besoins alimentaires d’un européen sont les mêmes que ceux des africains, asiatiques et arabes. C’est plutôt dans ces pays là qu’il faut réduire la natalité ! En Europe c’est déjà fait hormis pour les européens issus de l’immigration extra-européenne.

  17. Dans les pays riches les taux de natalité sont en-dessous du seuil de renouvellement depuis plus de 40 ans ! Et encore nos taux sont redressés à la hausse par les migrants ! Alors halte au sketch !

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