Jair Bolsonaro, un des cinglés qui nous gouvernent

Le programme écologique du nouveau président brésilien était désolant, il n’y aurait plus de ministère de l’Environnement. Au cours de la campagne électorale, Jair Bolsonaro avait promis de l’abolir et de transférer ses fonctions au ministère de l’Agriculture. Or l’agriculture est entre les mains du « parti du bœuf », un groupe conservateur de parlementaires qui contrôlent environ un tiers du Congrès. Une nouvelle autoroute pavée serait lancée à travers l’Amazonie, il faut ouvrir les territoires autochtones à l’exploitation minière. Exprimant un point de vue commun dans le milieu militaire, il avait affirmé, sans preuve, que les droits fonciers autochtones faisaient partie d’un complot occidental visant à créer des États amazoniens séparatistes soutenus par l’ONU : « Tôt ou tard, nous aurons des douzaines de pays à l’intérieur du Brésil. Nous n’aurons pas de droit d’ingérence dans ces pays, le premier monde exploitera les Indiens, et il ne nous restera plus rien. » Les ONG internationales, telles que Greenpeace et WWF, pourraient être interdites dans le pays. En août 2018, Bolsonaro s’est même engagé à retirer le Brésil de l’Accord de Paris. Ainsi, le pays ne chercherait plus à réduire ses émissions, notamment celles dues à la déforestation de l’Amazonie, qui est pour le pays une source de gaz à effet de serre plus importante que la combustion des énergies fossiles. Bolsonaro reconnaît cependant que le climat change dangereusement. Mais quand Climate Home News l’a interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse en avril 2018, il a expliqué que la solution résidait dans un contrôle strict de la croissance de la population humaine. « Cette croissance démographique explosive conduit à la déforestation. Parce que vous ne cultiverez pas de soja sur la terrasse de votre immeuble ou n’élèverez pas de bétail dans la cour. Nous devons donc avoir une politique de planification familiale. Ainsi, vous commencez à réduire la pression de ce qui conduit, oui, à mon avis, au réchauffement de la planète, ce qui pourrait être la fin de l’espèce humaine. »

Élu président, le brésilien Jair Bolsonaro commence à mettre ses projets à exécution et s’entoure de ministres plus déjantés les uns que les autres. Quelques heures après avoir pris ses fonctions, Bolsonaro a signé une mesure provisoire afin de transférer le pouvoir de délimitation des terres indigènes de la Fondation nationale pour l’Indien vers le ministère de l’agriculture. Dit autrement, comme Jair Bolsonaro le promettait en campagne, « moi élu, plus un centimètre carré ne sera octroyé à l’Indien ». Pour ses vœux 2019, Bolsonaro place « le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous » dans un monde où Donald Trump prône « America first ». Avec son nouveau slogan, « Patria Amada Brasil » (« Brésil, patrie bien-aimée »), Bolsonaro entend incarner le passage « à une nouvelle ère » – celle où les idées qu’il prétend être de gauche n’auront plus leur place. A l’issue de son premier conseil des ministres le 3 janvier 2019, il a annoncé un « nettoyage » des contractuels employés dans l’administration publique pour débarrasser le Brésil « des idéologies socialiste et communiste ». Le chef du gouvernement, Onyx Lorenzoni affirme : « Ça n’a aucun sens de conserver dans un gouvernement ayant un profil comme le nôtre des gens qui défendent une autre logique, un autre système politique, une autre organisation de la société. »

Son ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araújo, a une vision particulière du changement climatique. Il pense qu’il a été « capturé par la gauche », pour en faire un dogme pour augmenter le pouvoir de l’Etat et des institutions internationales. Le 12 octobre 2018, Araújo écrivait sur son blog : « Ce dogme a été utilisé pour justifier l’augmentation du pouvoir réglementaire des États sur l’économie et le pouvoir des institutions internationales sur les États-nations et leurs populations, ainsi que pour étouffer la croissance économique dans les pays capitalistes démocratiques et pour promouvoir la croissance de la Chine. » A l’éducation, Ricardo Vélez Rodriguez, apprécié du lobby évangélique, entend lutter contre le pseudo « marxisme » enseigné dans les écoles. « Attention, professeurs : vos élèves qui entameront la première année de lycée n’auront pas besoin de connaître le féminisme, d’autres langues que le portugais ou l’histoire vue par la gauche… » La nouvelle ministre de la femme, de la famille et des droits de l’homme, Damares Alves, a célébré sa nomination le poing levé, lançant un slogan coutumier des mouvements traditionalistes : « Attention, attention. C’est une nouvelle ère au Brésil : les garçons s’habillent en bleu et les filles en rose », y scande-t-elle, reprise par les gens qui l’entourent.