je ne sais pas ce que je sais

Nous ne voulons pas savoir ce que nous savons. Trois exemples :

1) Les Etats-Unis savaient que s’engager dans un conflit en Afghanistan était une impasse. Selon le Wall Street Journal, « Les Talibans sont en train de gagner (LeMonde du 12 août). Les Américains ont été obligés précédemment de partir du Vietnam, ils savaient que les Russes avaient abandonné la partie en Afghanistan, ils ont quand même déclenché une guerre dans un pays fier de ses résistances alors qu’ils ne cherchaient que Ben Laden.

2) Le livre de 1935, « On achève bien les chevaux », montrait parfaitement les conséquences de la Grande crise : « A quoi ça rime d’avoir un gosse si l’on n’a pas assez de fric pour l’élever », s’exclamait Gloria quand le rêve américain s’est effondré (LeMonde du 12 août). Le passé de la société  capitaliste nous montre que l’activité économique est cyclique et qu’une crise est inéluctable quand le système s’essouffle. Mais nous n’avons pas vu venir le tsunami financier alors que les conditions de crédit facile étaient assez similaires à celles qui ont précédé le jeudi noir.

3) Face aux prochains chocs écologique, Jean-Pierre Dupuy, dans Pour un catastrophisme éclairé (quand l’impossible est certain), nous assène que le malheur est notre destin parce que les hommes n’y reconnaissent pas les conséquences de leurs actes : « Le défi qui est lancé à la prudence n’est pas le manque de connaissance sur l’inscription de la catastrophe dans l’avenir, mais le fait que cette inscription n’est pas crédible. La temporalité des catastrophes réfute l’implication que savoir, c’est croire. Quelle était la pratique des gouvernants avant que l’idée de précaution voie le jour ? Mettaient-ils en place des politiques de prévention ? Pas du tout, ils attendaient simplement que la catastrophe arrive avant d’agir. Alors que depuis vingt ans nous connaissons parfaitement le risque lié au réchauffement climatique, la vérité consiste à dire que nous n’avons strictement rien fait ; aucun apprentissage n’a lieu. »

            La maxime socratique « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » n’est vraiment qu’une approche ironique de notre société surinformée d’aujourd’hui, et pourtant toujours aussi aveugle.

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