JNE journalistes pour la nature et l’écologie

Pour mieux connaître cette association fondée en 1969, deux années avant la création du ministère de l’Environnement (intervenue le 2 janvier 1971), voici quelques témoignages écrits par des membres des JNE, journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie, ordonnée selon la date de leur adhésion à cette association :

1969, Jean-Claude Chantelat : Mon adhésion aux JNE, ou plus exactement à l’époque « Association des Journalistes et Écrivains pour la Protection de la Nature et de l’Environnement », s’est faite tout naturellement quand Pierre Pellerin a créé l’association en 1969. Je connaissais alors Pierre et collaborais régulièrement à Bêtes et Nature, la revue animalière dont il était rédacteur-en-chef… J’ai effectivement été un chasseur dans l’âme, passionné mais, je crois, mesuré. J’ai abandonné aujourd’hui toute activité cynégétique, après avoir déjà démissionné il y a bien longtemps de mes fonctions de responsable de revues de chasse, jugeant alors qu’il ne m’était plus possible de défendre les chasseurs dans leur grande majorité. A l’heure actuelle, je ne me reconnais plus dans la majorité de ces personnages vêtus de couleurs vives et ignorant tout pour la plupart de cette Nature qui les entoure.

1969, Claude-Marie Vadrot : j’ai rejoint l’association, alors en cours de formation, à la demande de la Fédération Nationale des Sociétés de Protection de nature (devenue plus tard France-Nature-Environnement), pour me sentir moins seul dans ma préoccupation personnelle et journalistique pour l’écologie. J’étais alors, et suis resté, grand reporter spécialisé dans la couverture des conflits et des événements internationaux. Tout en bataillant, au sein d’un quotidien, pour obtenir en plus un « petit coin » de mon journal pour la nature et l’environnement. Un rôle double que j’ai assumé dans toutes les rédactions desquelles j’ai été salarié. Devenu président des JNE en 1995, j’ai souhaité et obtenu que notre association rompe ses liens institutionnels avec France-Nature-Environnement. Nous ne pouvions être à la fois juge et partie, même si nous restions des journalistes non pas militants mais « concernés ». Nuance qui nous a toujours caractérisés.


1971, Marc Ambroise-Rendu : J’ai rédigé mon premier papier sur les périls de la pollution de l’air à Paris dès 1958. J’ai adhéré aux JNE en 1971, deux ans après leur création par Pierre Pellerin, Jean Carlier et une poignée de collègues. J’aurais pu faire carrière. Impossible  : la fièvre environnementaliste montait dans les villes et les campagnes. Une époque effervescente. 1970-1980 les dix glorieuses de l’écologie ! Les alarmes arrivaient de partout  : de Jean Dorst au Muséum, de Pompidou à Chicago, de Rachel Carson dans le middle-west, du Club de Rome, de Robert Poujade au ministère, de Bernard Laponche au Commissariat à l’énergie atomique. Mais aussi de nos confrères Pierre de la Garde qui crie «  Chefs d’oeuvres en péril  !  », de Louis Bériot dénonçant ceux qui «  défigurent la France  », d’Alain de Swarte qui traque les démembreurs de nos campagnes, de Jean Carlier dont le micro fustige les promoteurs sur la Vanoise. Moi qui suis né au cul des vaches dans le Sud-Ouest mais dans une famille d’artistes, je souffre personnellement de ces multiples agressions.

1971, Alain Hervé : En complet désaccord avec la politique agricole de la FAO à Rome, je démissionne en 1968 du Ceres. En 1971 je crée les Amis de la Terre et le Courrier de la Baleine. En 1973, création et direction du Sauvage (jusqu’en 1981). Mais les intellectuels dominants ont vu dans l’écologie une menace électorale pour la gauche et ses vieilles bastilles. Le public était ivre des délices de la modernité, une menace pour son tout neuf paradis de la consommation. Je me suis inscrit en 1971 à l’association de l’ami Pierre Pellerin l’AJEPN (devenue les JNE) de 1971 à 1995 pour rencontrer tous ceux qui chacun à sa manière commençaient à exprimer les mêmes convictions. Je me suis réinscrit aux JNE en 2008, pour rencontrer ces phénomènes qui ont mieux compris ce qui se passait, que toute notre classe politique bouchée à l’émeri à propos de l’écologie. (ndlr, Alain Hervé nous a quitté le 8 mai 2019)

1974, Jean-Philippe Beau-Douëzy : Je deviens membre des J.N.E. avant la présidentielle de 74. René Dumont y porte la parole écologique. Les J.N.E sont un lieu d’intenses débats entre conservationnistes et « écologistes politiques ». Nous menons de belles campagnes sur les préceptes du Cdt Cousteau : « on ne peut protéger que ce que l’on n’aime, on ne peut aimer que ce que l’on connait ». Les JNE évoluent. Ils sont toujours pour moi un espace unique dans lequel la communication, le journalisme, l’activisme, le militantisme, « écologique », sont liés dans un vortex humaniste insufflé par ses fondateurs dont Pierre Pellerin.

1983, Roger Cans : Après six ans au département Éducation du journal Le Monde, je peux enfin reprendre la rubrique Environnement en 1983, qu’abandonne alors Marc Ambroise-Rendu. Je ne connais pas encore les associations, ni de protection de la nature, ni de journalistes. Au printemps 1983, je reçois une invitation d’EDF pour un voyage de presse à la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly. Bien entendu, j’y participe car je ne connais encore rien en la matière. Lorsque je monte dans le car qui nous y emmène, quelqu’un me dit : « Tu n’as pas payé ta cotisation ». Stupeur de ma part, car j’ignore alors qu’il s’agit d’un voyage de presse conjoint EDF et JNE. Une fois renseigné sur cette association de journalistes, je fais mon chèque d’adhésion dans le car. Pour moi, ancien journaliste gâté d’un grand quotidien, je suis resté reconnaissant à cette association qui mélange tout le monde, aussi bien des journalistes en carte que des pigistes, des illustrateurs, des photographes ou des écrivains. (ndlr, Roger Cans nous a quitté le 27 novembre 2018)

Olivier Nouaillas : Après presque 40 ans de journalisme à l’hebdomadaire La Vie, dont la moitié à la rubrique «.environnement.» et dix ans comme vice-président des JNE, l’heure est – peut-être – venue d’un premier bilan. D’abord celui d’une prise de conscience du jeune étudiant que j’étais avec la campagne présidentielle de René Dumont en 1974 et bien sûr la lecture de «La Gueule Ouverte», dont le sous-titre était déjà «le journal qui annonce la fin du monde». A rappeler (avec humour) à certains collapsologues qui – pas tous  ! – nous abreuvent aujourd’hui de prédictions plus apocalyptiques les unes que les autres. Ce que j’ai appris justement en 40 ans de métier c’est que l’histoire n’est jamais écrite .C’est pour cette raison qu’il faut continuer à se battre pour chaque dixième de degré en moins, chaque ver de terre, coquelicot, hirondelle préservés… Les sociétés qui s’effondrent donnent souvent naissance – hélas, on l’a vu dans l’histoire – à la barbarie et au règne du chacun pour soi. Après 40 ans de journalisme, je préfère continuer à agir pacifiquement à travers ce que j’aime le plus  : l’information, c’est-à-dire les faits et les mots. De préférence ceux qui introduisent la complexité, la nuance, la modération, le questionnement. Bref tout ce qui manque de plus en plus dans un monde où les réseaux dits sociaux et les tweets de 140 signes (dont ceux de Donald Trump, le climato-sceptique en chef) tiennent lieu d’arguments et nous entraînent chaque jour un peu plus vers l’ignorance et le chaos. C’est aussi à cela qu’il faut résister.

5 réflexions sur “JNE journalistes pour la nature et l’écologie”

  1. Je persiste et signe !
    Tout se règlera par la force ou l’ ultraviolence , mon cher misère, misère et vous le savez bien .
    Une guerre civile aura bien lieu en France et il sera hautement recommandé de savoir se défendre (ce qui, sans vantardise est mon cas : je n’ ai rien d’ un bisounours humaniste (j’ adore cet adjectif signifiant bobo gauchiste).
    Les recommandations pacifistes et les comportements onctueux promus par les journaleux😜 de votre journal « la décroissance  » (sommité en matière écologique (sic)) ne pèseront pas plus qu’ un angström lorsque tout partira en sucette .
    D’ avance , je m’ esbaudis !!!!!

    1. Cultiver une telle haine, un tel dégoût de vivre, se réjouir et s’esbaudir à l’idée de la catastrophe qui s’annonce n’a rien de normal. Mon pauvre MARCEL, je persiste et je signe, votre cas relève de la médecine. Plus exactement de la psychiatrie.

  2. Comme tous les goûts sont dans la nature, comme il y a lecteur ET lecteur, comme pour tout, il y a journaliste ET journaliste. Certains sont spécialisés dans les sujets d’environnement, comme d’autres dans le domaine de la politique, ou du foot, des pipôles etc. Comme partout il y en a des bons, des très bons et puis d’autres qui le sont moins, beaucoup moins. Ceux-là on les appelle journaleux, journalopes ou journaputes. Comme il se trouve que ce sont ceux-là qu’on voit et entend partout, ce sont donc les plus connus. Ceux-là sont les bons toutous à leur maimaître, ils s’appliquent à nous amuser, nous abuser, nous réciter le Catéchisme, etc. Non seulement ceux-là salissent l’image de leur profession, nous faisant ainsi oublier les bons, mais ils portent un tort considérable à ce climat favorable à la vie en société. Il n’y a pas que le climat des climatologues dans la vie. Ce qu’écrit là Olivier Nouaillas me plait beaucoup.

  3. commentaire supprimé par la modération de ce blog biosphere
    car attaque injustifiée contre des personnes
    et développement en dehors de la thématique abordée par l’article à commenter…

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