John Magufuli le fou et Antonio Guterres le sage

John Magufuli, le fou : « Vous avez du bétail, vous êtes de grands fermiers, vous pouvez nourrir vos enfants. Pourquoi alors recourir au contrôle des naissances ? J’ai voyagé en Europe et ailleurs, et j’ai vu les effets néfastes du contrôle des naissances ; certains pays font face à un déclin démographique, il leur manque de la main d’œuvre… Il est important de se reproduire ! Les femmes peuvent désormais abandonner les moyens de contraception. »* C’est le discours hallucinant prononcé le 9 septembre 2018 par le président tanzanien. Notons que le taux de fécondité en Tanzanie est de 5,2 enfants par femme, supérieur au taux moyen africain de 4,6 ! La Tanzanie comptait 7,7 millions d’âmes en 1950, 12,5 millions en 1967, 30 millions en 1994 et aujourd’hui elle en accueille près de 56 millions. Selon l’ONU, les projections sont de 138 millions pour 2050, et de 316 millions pour 2100. Cette multiplication par 41 en un siècle et demi équivaudrait à atteindre 1,7 milliards de français ! C’est sûr, la Tanzanie sera bientôt peuplée de crève la faim et de bandits, alors que ses lions et chimpanzés seront devenus espèces disparues.

Antonio Guterres, le sage : « Si nous ne changeons pas d’orientation d’ici 2020, nous risquons des conséquences désastreuses pour les humains et les systèmes naturels qui nous soutiennent. Il est impératif que la société civile — jeunes, groupes de femmes, secteur privé, communautés religieuses, scientifiques et mouvements écologiques dans le monde — demande des comptes aux dirigeants. » C’est l’avertissement donné le 10 septembre 2018 par le secrétaire général des Nations unies. En dressant un tableau noir des menaces pesant sur la chaîne alimentaire et l’accès à l’eau, M. Guterres a jugé que le monde faisait « face à une menace existentielle directe » et au « plus grand défi » de notre époque : « Nous devons arrêter la déforestation, restaurer les forêts détériorées et changer notre manière de cultiver. Il faut aussi revoir la manière de chauffer, de refroidir et d’éclairer nos bâtiments pour gaspiller moins d’énergie. ».**

Bien entendu niveau de population et niveau de consommation sont reliés, on ne peut parler de bombe démographique en ignorant la croissance démographique et réciproquement. C’est ce que démontre l’équation de Kaya au niveau climatique :

CO2 = (CO2 : KWh)  x (KWh : dollars) x (dollars : Population) x Population = CO2

* http://lesinfos.online/2018/09/10/tanzanie-il-faut-abandonner-la-contraception/

** LE MONDE du 11 septembre 2018, Climat : « Nous devons rompre avec la paralysie », dit Antonio Guterres

3 réflexions sur “John Magufuli le fou et Antonio Guterres le sage”

  1. @ Barthes :
    je ne connais aucun dirigeant africain qui dénoncera les propos de M. Magufuli pour la simple raison qu’ ils sont tous natalistes et irresponsables !
    Pour connaître l’ Afrique , je peux vous dire que le s eul moyen de réduire la population africaine est de la confier « aux bons soins » de dame nature .

  2. Bonjour Didier Barthès
    « Comment peut-on tenir de tels propos ?  » demandez-vous. La réponse est pourtant simple. Parce que celui qui les tient (ici Magufuli) est câblé différemment de vous, il a une grille de lecture du monde totalement différente de la votre, de la mienne, de celle de Guterres etc.
    Appelons les choses par leur nom, Guterres n’a rien d’un sage. Par exemple il dit « si nous ne changeons pas d’orientation d’ici 2020… » Guterres est pourtant très bien placé pour savoir qu’il n’en sera rien. D’autre part il croit qu’il suffit que la dite « société civile » demande des comptes aux dirigeants. Mais qui sont ces dirigeants ? Et lui, que dirige t-il exactement ? Si Guterres a l’impression d’être dépassé, impuissant… même à la tête de ce « grand machin » (ONU) … alors qu’il fasse comme Nicolas Hulot.

  3. Il serait bon que des dirigeants africains dénoncent les déclarations du président Tanzanien et en soulignent le caractère irresponsable.
    Comment, alors que l’Afrique connaît une explosion démographique sans précédent (elle aura multiplié sa population par 20 entre 1950 et 2100), peut-on tenir de tels propos ? D’autant plus que la Tanzanie, elle-même, connaît une fécondité encore supérieure à celle du reste du continent.
    L’Afrique ne sait plus quoi faire de ses enfants qu’elle envoie toujours plus nombreux sur les routes de l’émigration. Elle pèse de plus en plus sur les équilibres écologiques, sa faible densité de peuplement qui longtemps lui a permis de préserver une mégafaune est désormais un souvenir. Dans ce cadre-là c’est l’exact contraire que devrait proclamer les dirigeants africains.

Les commentaires sont fermés.