John Stuart Mill, Familles nombreuses, je vous hais

 Parmi les plus chauds partisans de Malthus, une place importante revient à John Stuart Mill (1806-1873). Il est d’ailleurs arrêté à 17 ans et passe une nuit en prison pour avoir distribué des tracts en faveur de la contraception. « J‘avoue que je ne suis pas enchanté par un idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que cette mêlée où l’on se foule aux pieds, où l’on se coudoie, où l’on s’écrase, et qui est le type de la société actuelle, soit la destinée la plus enviable pour l’humanité », écrit-il dans ses Principes d’économie politique de 1848. « Une population peut être trop nombreuse tout en étant largement pourvu de nourriture et de vêtements. Il n’est pas bon que l’homme soit obligé en permanence d’être en contact avec ses semblables. Un monde qui exclut la solitude est un idéal bien déprimant. La solitude est essentielle à la profondeur de la méditation et du caractère. Et la solitude en présence de la beauté et de la grandeur naturelles est le berceau de pensées et d’aspirations qui ne profite pas seulement à l’individu, mais dont la société ne saurait se passer. Il ne serait pas non plus très satisfaisant de contempler un monde où il ne resterait aucun activité naturelle spontanée, où chaque pouce de terrain capable de produire des aliments pour les hommes serait cultivé, tous les espaces fleuris et les pâturages naturels labourés,… où il n’y aurait plus un endroit où un buisson sauvage ou une fleur puisse pousser sans être arraché comme mauvaise herbe au nom d’une agriculture efficace… Si la terre doit perdre la plus grande partie de sa beauté par une croissance illimitée de la richesse et de la population, dans le simple but d’entretenir une population plus nombreuse mais pas plus heureuse, j’espère pour le bien de la postérité qu’elle se contentera d’être stationnaire avant d’y être forcée par la nécessité. »  « Un état stationnaire du capital et de la population n’implique pas un état stationnaire du progrès humain. Il y aurait toujours autant de place pour la culture, pour le progrès moral et social, pour améliorer l’art de vivre, et beaucoup plus de facilité pour le développer, quand les esprits seraient débarrassés de la préoccupation de la croissance. »

La croissance démographique, voilà l’ennemi. « Il est vain de dire que toute bouche supplémentaire, ce sont aussi deux bras. Les nouvelles bouches ont besoin d’autant de nourriture que les anciennes, et les mains ne produisent pas autant… Si la population continue à augmenter au même rythme il arriverait à un moment où personne n’aurait plus que le nécessaire, et peu après, un moment où personne n’aurait même plus le nécessaire, et la mort se chargerait d’arrêter l’essor de la population… Partout où la population n’est pas limitée, soit par les individus, soit par l’État, elle est limitée par la famine ou les épidémies. » C’est du pur Malthus. Quant aux pauvres, on ne s’est jamais autant lamenté sur leur sort, « avec des expressions telles que « le malthusianisme au cour sec « , comme si ce n’était pas avoir le cœur mille fois plus sec que de dire aux homme qu’ils peuvent donner l’existence à des myriades de créatures qui sont certaines d’être misérables et presque certaines d’être dépravées ». Il faut être logique : si on veut que l’État aide les pauvres, alors il faut aussi que l’État réglemente la reproduction de ces pauvres : « La société peut nourrir les nécessiteux, si elle est chargée de régler leur multiplication… Elle ne peut impunément se charger de les faire vivre et cependant les laisser se multiplier librement. »

«  Le fait de donner l’existence à un être humain est une des actions, dans le cours d’une vie humaine, qui entraînent le plus de responsabilité… Mettre au monde plus qu’un petit nombre d’enfants, ce qui a pour effet de réduire le prix du travail par la concurrence, est un crime sérieux envers tous ceux qui vivent de leur travail. Les lois qui interdisent le mariage, à moins que les parties ne prouvent qu’elles peuvent entretenir une famille, n’outrepassent pas le pouvoir légitime de l’État. On ne peut reprocher à de telles lois d’êtres des violations de la liberté. Par de telles lois, l’État intervient pour empêcher un acte nuisible aux autres, et qui devrait être l’objet de la réprobation et de la flétrissure sociale… On ne peut guère espérer que la moralité fasse des progrès tant qu’on ne considérera pas les familles nombreuses avec le même mépris que l’ivresse ou tout autre excès corporel. »

citations extraites du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

(éditions Perrin, 2011, 686 pages pour 26 euros

12 réflexions sur “John Stuart Mill, Familles nombreuses, je vous hais”

  1. 1/Que voulez-vous dire, @marcel, quand vous me demandez de ne pas oubliez ce que vous avez écrit?
    Je n’ai à aucun moment nié que les Africains eussent un niveau de pauvreté arriéré. D’ailleurs, je dis et dénonce cela.
    Et c’est justement parce que ces peuples sont frappé par une précarité moyenâgeuse que je prône de fortes aides financières leur permettant d’accéder chacun à la contraception.
    2/Concernant le fait de réaliser de vastes campagnes d’information sur la stérilisation, j’y suis entièrement favorable.
    Mais il est impératif que ça vienne en plus et non pas en remplacement des aides financières que je préconise. Par ailleurs, il est indispensable que les stérilisations soient sur la base du volontariat et sans aucune mutilation physique.

  2. @Invite 2018 :

    n’ oubliez pas que j’ ai écris  » que la plupart et même des gens faisant partie de l’ élite sont encore très primitifs et arriérés  » : c’ est pourquoi je ne crois nullement en une méthode douce à leur endroit .
    Regardez où ils en sont alors qu’ ils sont présents sur cette planète depuis aussi longtemps que nous .
    On pourrait parvenir à des bons résultats avec des Bengladashais / Indiens et autres asiatiques mais en aucun cas avec des Africains ou des musulmans .
    Cela dit , nous pourrions les aider à réaliser de vastes campagnes d’ information sur la stérilisation et même à la réalisation d’ opérations idoines .

  3. Bonjour @marcel.
    1/Comme vous dîtes, les peuples africains sont financièrement incapables d’accéder à la contraception.
    Mais cette incapacité est sans remettre en cause quoi que ce soit que j’aie dit, car je prône justement qu’on donne aux citoyens du tiers-monde les moyens financiers pour avoir le droit de ne pas procréer.
    2/Vous écrivez : « Avoir une nombreuse descendance pour ces gens signifie prestige et surtout possibilité de s’assurer une pension de retraite ».
    Oui, et c’est justement en raison de cela que je prône l’aide financière aux peuples d’Afrique pour qu’il puissent, sans être obligés de procréer, avoir la pension de retraite qu’ils méritent . Autrement dit, il faut attaquer la surnatalité par l’abolition du besoin de la surnatalité.
    3/Si la contraception n’a pas réussi en Afrique, c’est tout simplement parce que le capitalisme, avec la complicité des dictateurs locaux et de l’islam politique, a fait des choses incompatibles avec l’introduction du droit à la contraception dans le tiers-monde.
    La contraception ne risque pas réussir en Afrique sans y être introduite.

  4. Bonjour monsieur Barthès.

    Au lieu d’écrire que vous proposez une fin d’aide à la fécondité pour les pays développés et une aide au planning pour les pays en voie de développement, pourquoi ne prônez-vous pas clairement une forte aide financière à absolument tout peuple du monde pour le planning familial?

    Je ne suis certes pas en mesure d’être sûr(e) et certain(e) que vous ayez dit être opposé à ce que les prolétaires occidentaux fussent financièrement aidés à accéder à la vraie bonne contraception (contraception à laquelle, en l’état actuelle des choses, quasiment tout non-milliardaire est incapable d’accéder), mais il serait bon que vous clarifiassiez les choses afin d’assurer que vous n’insinuiez pas qu’il fallût ne pas étendre les aides à la contraception aux Européens.

  5. Je précise justement sur ces points que l’association Démographie Responsable propose dans les pays développés la fin des aides à la fécondité (réductions des allocations familiales et avantages afférents divers ) mais aussi pour les pays en voie de développement, une aide financière importante pour le planning familial. L »idée serait que 25 % de l’aide au développement soit consacrés à ce sujet. C’est probablement là que le moindre euro investi aura la plus grande efficacité pour lutter et contre la surpopulation et contre la pauvreté.

  6. @Invite 2018 :

    bonjour ,

    j’ ai de sérieux doutes sur la capacité des Africains qui forment les ethnies les plus prolifiques et primitives de la planète (je les ai côtoyés) à « adopter  » les méthodes de contraception (pilule , stérilet ,anneau vaginal ,….) pour des raisons culturelles surtout et aussi financières .
    Avoir une nombreuse descendance pour ces gens signifie prestige et surtout possibilité de s’assurer une pension de retraite .
    Si nous ne voulons subir le remplacement démographique en Europe par submersion , nous nous devons de désamorcer cette bombe P comme l’ appelait le Dr Ehrlich .
    Si la contraception a plutôt réussi en Europ et aux USA ou au Japon , il n’ en va pas de même avec des peuples aux cultures fondamentalement différentes des nôtres .

  7.  » Familles nombreuses, je vous hais  » … Moi j’ai horreur de la haine !
    Le mépris, la haine… ça n’amène rien de bon.

  8. Bonsoir monsieur Barthès.

    L’arrêt de la subvention de la natalité auquel vous faîtes référence est à priori pertinente, mais il est important de préciser que dans ce cas, pour chaque euros mensuel de réduction d’allocation, il faut que le grand patronat augmente le salaire de chaque citoyen d’au moins un euro mensuel.

  9. Bonsoir @Marcel.

    La stérilisation forcée, qui plus est la stérilisation qui n’est pas sans mutilation physique, est une solution inacceptable, mais aussi évitable. Je peux en dire autant des mesures autoritaires à la chinoise.

    Comme je l’ai prôné précédemment, il faut que la vraie bonne contraception efficace dépourvu d’effets secondaires indésirable soit financièrement accessible à tout citoyen du monde. Cela permettrait de rendre réel l’indispensable droit de ne pas procréer.

    Concernant le quotas d’enfant par famille, il est évitable dans la mesure où une famille de cinq enfants pourrait être compensé par compensé par dix familles auxquelles soit accordé le droit de n’avoir aucun enfant. Donc il faut poursuivre les combats féministes pour le droit à l’IVG et à la contraception.

  10. Bien sûr, arrêter la croissance démographique est le passage incontournable si l’on veut faire quoi que ce soit d’efficace pour préserver la nature.
    Une des mesures les plus simples serait déjà d’arrêter de subventionner la natalité.
    Que des gens qui n’ont pas ou ont peu d’enfants, et qui en cela préservent la planète doivent payer des impôts pour financer, (via les allocations familiales ou les réductions fiscales ou tous les autres avantages), ceux qui, s’en moquant complètement, comptent sur l’argent des autres pour élever leurs nombreux enfants, relève tout simplement d’une aberration, et d’une injustice.
    On devrait dans un premier temps supprimer toute allocations au-delà de deux enfants et utiliser au moins une partie de l’argent ainsi économisé pour aider à l’accès à la contraception dans les pays les moins développés

  11. La contrainte légère qui consisterait à fixer dans la constitution la taille maximale de toute famille en France / Europe ou tout autre pays du monde serait la bienvenue (3 enfants max / famille par exemple) .
    Toute personne dépassant ce chiffre serait automatiquement invitée à se faire stériliser (vasectomie , ligature des trompes) : le grouillement humain induit l’ absence de liberté , le mal vivre , la destruction de la biosphère , la surpollution .

    Pour les pays du 1/3 monde et vu l’ urgence du problème posé par leur natalité explosive , il convient de prendre des mesures autoritaires à la chinoise , c’ est malheureux certes mais le temps est compté avant que les derniers espaces sauvages et forêts disparaissent .

  12. Que l’Etat réglemente la reproduction des pauvres et leur impose quelque loi contraignante en la matière ne ferait que pourrir l’idée pourtant honorable de lutte contre l’explosion démographique en faisant passer cette même idée pour un monstre bafouant les libertés et ressemblant à la bureaucratie chinoise.

    Le problème démographique pourra être réglé, non pas via l’attaque contre le droit de procréer, mais via la réalisation du droit absolu de ne pas procréer.

    Ni les peuples du tiers-monde ni ceux des pays dits « du nord » n’ont financièrement accès à de la vraie bonne contraception qui soit efficace et sans effets secondaires indésirables. Si on remédie à cela, l’évolution démographique pourra être stoppé sans réformes liberticides.

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