Joseph Stiglitz, « Mes pronostics pour 2022 »

En 2008 et 2009, Nicolas Sarkozy avait chargé une commission, dite « Stiglitz-Sen », de redéfinir des indicateurs de progrès « au-delà du PIB » (produit intérieur brut). Voici les pistes définies (LeMonde du 27 février 2009).

1) Un indicateur PIB modifié : il s’agit de compter en négatif ce qui est négatif, et non de tout compter en positif par les valeurs ajoutées. On ne comptabilisera pas seulement les dépenses de reconstruction engagées par une catastrophe, mais aussi le coût de la catastrophe.

2) des indicateurs de développement durable : empreinte écologique, mesure de la biodiversité, émission de CO2

3) des indicateurs subjectifs : il s’agit de mesurer la perception des populations sur la qualité de la vie ou le sentiment de bien-être. 

Votée à l’unanimité en 2015, une loi « visant à la prise en compte des nouveaux indicateurs de richesse dans la définition des politiques publiques » n’est pas appliquée, et ne l’a d’ailleurs jamais vraiment été. Que dit Stiglitz fin 2021 ? Croissance, croissaance, croissaaance…

Joseph Stiglitz : « Le Covid-19 sera enfin jugulé, suffisamment de personnes auront été vaccinées, mais faire que cela permette de redémarrer l’économie mondiale ne sera pas simple… Le déclin des mesures budgétaires adoptées dans le monde entier pour atténuer les retombées économiques de la pandémie pourrait affaiblir la croissance… Aux États-Unis, les mesures de soutien à l’offre intégrées dans le programme de relance Build Back Better du président, Joe Biden, pourraient renforcer la croissance. Des garderies plus nombreuses et plus efficaces permettront à plus de femmes de rejoindre la population active … Nous devrions nous réjouir du fait que, pour la première fois depuis le début de la grande récession en 2008, la demande globale mondiale est de nouveau robuste. Espérons que, cette fois-ci, l’expansion économique servira à répondre aux besoins réels de la société, notamment en adaptant l’économie à l’ère du changement climatique… Les politiques industrielles adoptées par les États-Unis en réponse à ce qu’ils considèrent comme la menace concurrentielle chinoise pourraient être un stimulant pour la croissance à court terme et à long terme. »

Il faut lire les commentaires sur lemonde.fr pour s’apercevoir que Stiglitz est un malvoyant :

Jean-Philippe M. : Stiglitz justifie cette phrase : “ Un économiste est quelqu’un qui vous expliquera DEMAIN pourquoi ce qu’il avait prédit HIER ne s’’est pas produit AUJOURD’HUI “ …. 🙂

Tarnais : Comme hélas la quasi-totalité des économistes, Stiglitz nous invite à nous « réjouir » de la croissance. Ils se mentent à eux-mêmes en refusant de reconnaître que croissance égale dégradation de l’environnement. Les hypothétiques gains d’efficacité énergétique n’empêchent pas que de nombreux autres paramètres se détériorent, biodiversité, déchets, imperméabilisation des sols, etc.
Le monde entier est drogué à la croissance et nous en aurons encore pour des décennies, sauf accident. Mais si au moins nos têtes pensantes cessaient de s’en réjouir, ce serait un premier pas

YAZombie : Il faudrait arrêter avec ce simplisme. La « croissance » dont M. Stieglitz et les autres économistes parlent n’est rien d’autre que la croissance du *PIB*. Ce n’est donc rien d’autre qu’une notion comptable; et la décroissance que chantent certains n’est rien d’autre qu’une récession. Beau programme. Or, il faut espérer, et ça semble assez inévitable, que les mesures de réduction et de compensation des externalités de l’activité des entreprises et des personnes soient, justement, une source de croissance dudit PIB. Et on se demande bien comment on pourrait ne pas s’en réjouir…

Tarnais @ Zombie : Comment pouvez-vous parler de simplisme ? C’est au contraire en croyant aveuglément qu’une croissance sans dégâts sur l’environnement est possible, qu’on fait preuve de simplisme. Cette croissance-là n’a encore jamais existé. Permettez que ceux qui doutent qu’on puisse un jour la produire ne se réjouissent pas trop. Pendant ce temps le coût des catastrophes climatiques ont été estimées à 150 milliards en 2021. Mais, consolation pour certains, les réparations rentrent dans la croissance du PIB !

Eljulio : Les prévisions d’un économiste qui ne prend nullement en compte les limites physiques de la planète (ressources et impacts environnementaux) relèvent de la fabulation. Bonne année et bon courage car il va en falloir !

CPC : JS aurait il fait un AVC ? Le prix Nobel ignore tout du changement climatique, de l’effondrement de la biodiversité, de la surpopulation galopante, de l’épuisement des ressources de la Terre…
Bref, c’est un grand optimiste au bord du vide.

Taz : Oui. Quand je vois des gens capables d’intelligence enfiler des âneries, ça me terrifie. Comment espérer qu’une masse critique comprenne les enjeux actuels ?

Melvin : Mon pronostic. Le 0,1% des plus riches encore plus riches, les 50% des plus pauvres encore plus pauvres et 2022 plus chaude que 2021. (Par contre pour le nombre de points de croissance à imputer au développement des nouvelles technologies vertes dans un contexte de demande inélastique des matières premières boostée par la 5G et Facebouc, je sais pas).

Luna rossa : Et la terre plus polluée et le climat plus réchauffé …

Lire, DSK, Stiglitz, les dévots de la croissance

12 réflexions sur “Joseph Stiglitz, « Mes pronostics pour 2022 »”

  1. Didier BARTHES

    Les économistes croissancistes sont comme des physiciens qui feraient encore la promotion du mouvement perpétuel.

  2. Stiglitz en 2019

    – « Je crois que la croissance sans énergies fossiles est possible. En fait, la transition énergétique va même alimenter la croissance. […] Mais ce sera une sorte de croissance différente de celle que nous avons connu ces cent dernières années […] Un PIB vert est possible. Cela dit, à terme, une croissance continue, sans fin, n’est pas nécessaire. Sans croissance, ce ne sera pas la fin du monde, ni la fin du capitalisme. Je crois en un possible capitalisme progressiste et je crois toujours en l’économie de marché, mais qui doit être canalisée. Mais je crois aussi que de nombreux secteurs ne devraient plus avoir la cupidité comme moteur […] »

    à suivre …

    1. – « Oui, nous pouvons arrêter de croître. Mais dans ce cas, nous avons besoin de redistribution. […] Il faut donc soit redistribuer la richesse soit continuer à croître pour s’assurer que tout le monde ait un niveau de vie décent. Mais je crois que nous pourrons avoir cette discussion dans trente ans, une fois que la croissance nécessaire à la transition énergétique aura eu lieu. […] Le « Green new deal » proposé par une partie des Démocrates est donc une bonne idée, pour aller vers un capitalisme progressiste et qui respecte les limites planétaires. » ( Joseph Stiglitz : « Sans croissance, ce ne sera pas la fin du monde » – Usbek & Rica 29 septembre 2019 )

      1. Esprit critique

        Comptons déjà le nombre de fois où Stiglitz dit « je crois ». Le credo de Stiglitz se résume à : « Oui JE CROIS, au Capitalisme Vertueux et Progressiste, à la Croissance Verte et patati et patata. Et pour des siècles et des siècles amen.»
        Stiglitz croit à la Poupée qui tousse, il n’est pas le seul bien sûr.
        Le problème, un de plus, c’est que c’est ce genre de curés qu’on encense.

  3. « 3) des indicateurs subjectifs : il s’agit de mesurer la perception des populations sur la qualité de la vie ou le sentiment de bien-être.  »

    Mesurer, j’y viendrai après, mais en tout cas n’espérez pas altérer la perception des populations sur la qualité de vie ou le sentiment de bien être, car c’est tout simplement impossible ! Tant qu’il restera un seul individu sur terre affectionnant frimer avec ses gadgets pour se faire bien voir et surtout un individu voulant en dominer d’autres, alors le reste du troupeau mondial voudra le singer, autrement dits les individus voudront toujours cumuler le maximum de bien pour frimer et dominer autrui, alors le troupeau mondial dans sa grande majorité privilégiera toujours la croissance économique, soit la croissance d’extraction de ressources… et de pollution…

    1. Il en a toujours été ainsi, il en est toujours ainsi, et il en sera toujours ainsi tant que l’espèce humaine survivra… L’espèce humaine veut toujours plus et n’en a jamais assez, alors on scie la branche sur laquelle l’humanité est assise… Il faudra digérer la décroissance subite, l’effondrement économique et le massacre de la biodiversité, et tout ça dans le chaos et dans la violence… L’UmPs continuera de se présenter comme le grand parti du progrès, de la croissance et du pouvoir d’achat, et la majorité des électeurs voteront pour ça ! Les électeurs n’en ont rien à cirer que des girafes meurent de suffocation de chaleur en Afrique ou que des ours polaires coulent dans l’océan parce que leur iceberd fond, les électeurs voudront la 5g, de nouveaux satellites, plus de pouvoir d’achat et de gadgets, c’est tout !

    2. Bonne ânée à toi oh grand BGA ! Vu con n’est pas des bœufs à toi aussi je te la souhaite aussi légère que possible. Pense à la bière, blonde ou brune peu importe moi je l’aime légère. La pression, ne nous la mettons pas, ne nous la laissons pas mettre etc. Sauf que ce n’est pas nous qui décidons de tout ce que nous devons nous farcir, ou endurer, trimballer etc. En tous cas, moi vois-tu, je me garderais bien dire ce que sera demain, ne serait-ce que prédire comme Stiglitz : « Le Covid-19 sera enfin jugulé [et blablabla]». Je ne connais pas Madame Irma, je n’ai pas de boule de cristal, ni de Tarots. C’est tout juste si je peux dire que je ne crois pas aux miracles et que je sais un peu calculer quelques petites probas. Le Covid, Macron, Marine, Zemmour, l’Opinion, la Mode etc. pt’êt ben qu’oui pt’êt ben qu’non !
      Autrement dit on verra bien. On en reparle dans 365 jours jour pour jour pour faire le Bilan. Si on est toujours là ça va de soi. 🙂

      1. Parti d'en rire

        En attendant, essaie d’être un peu plus positif, en plus c’est à la mode.
        – « Il en a toujours été ainsi, il en est toujours ainsi, et il en sera toujours ainsi tant que l’espèce humaine survivra…[et blablabla] »
        On dirait un curé qui parle, manque plus que amen à la fin. Un curé ou un économiste, un scientiste, un catastrophiste , c’est un peu pareil.
        Mais qu’est-ce que t’en sais, Toi, de là où elle va l’espèce humaine ?
        Et/ou de la destinée de Sapiens, autrement dit de l’Homme ?
        T’as lu ça dans tes Tarots, peut-être… 🙂

      2. Écoute la bonne vieille mère Michel, pour stopper la dégradation de l’environnement, (donc là on n’en est pas encore au stade de la restauration de l’environnement), cela implique mécaniquement de consommer moins (en étant de plus en plus nombreux sur Terre, ce qui ne facilite pas l’exercice). Alors qu’est ce que j’en sais ? Ben prouve que c’est possible et présente toi à la présidentielle avec un programme écologique consistant à dire qu’il faut baisser les salaires ! Après tu me raconteras si c’est possible de lutter contre les dégradations de l’environnement ?

      3. Mère Michel à Madame Irma

        Je ne te parle pas d’un programme de sauvetage ou de restauration et blablabla, je te parlais juste de tes dons de voyance.

      4. @ Michel

        Tu ne crois pas à la magie, plaise à toi ! Tu ne te fondes que sur une forme de rationalisme peut-être, mais le rationalisme n’explique pas tout ! Pas même les sciences, quelles qu’elles soient ! Et pourtant, la magie existe ! Pas besoin que je ne t’envoie de preuve chez toi, tu en as déjà chez toi, pas besoin de regardez autour de toi tout ce qui t’entoure, tu es déjà une preuve toi-même ! Peux tu expliquer d’où proviens l’énergie qui anime la vie ? L’énergie qui anime la pensée ? Même la science ne l’explique pas, ni même le rationalisme, car si c’était le cas, alors ça ferait longtemps que les scientifiques et les rationalistes pourraient créer la vie ! Et créer un être pensant ! S’ils pouvaient l’expliquer ils pourraient le reproduire en laboratoire, et ce n’est pas le cas !

      5. MC - Esprit critique

        Qu’il y ait des choses qui me (nous) dépassent, je le sais. Le mot MAGIE est polysémique, dis-moi de quoi tu parles et je te dirais si j’y crois.

Les commentaires sont fermés.