La charte Climat & Environnement du « MONDE »

Depuis quinze années et la création du service Planète, en 2008, la couverture des questions portant sur l’environnement, la surexploitation des ressources et l’urgence climatique s’est considérablement étoffée dans Le Monde. Mais cela ne saurait suffire alors qu’il apparaît que la prise de conscience par une partie de l’opinion publique des dangers qui menacent la planète et la biodiversité peine à se traduire en des mesures concrètes. Le Monde a donc décidé de se doter d’une charte Climat & Environnement qui prend effet immédiatement. Les articles de cette charte insistent sur la nécessité d’un traitement transversal des questions écologiques, environnementales et climatiques, qui irriguent toute la société et toutes les rubriques du journal. Il est évidemment hors de question de les cantonner à la rubrique Planète, bien au contraire.

La charte Climat & Environnement du « MONDE »

L’origine humaine du changement climatique a été démontrée par la communauté scientifique internationale et Le Monde considère que la gravité de la crise écologique actuelle appelle des réponses urgentes…

Le Monde contribue par sa couverture éditoriale et par ses engagements sociétaux d’entreprise à cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre…

Le Monde est vigilant et critique vis-à-vis des discours et annonces pouvant relever de l’écoblanchiment (greenwashing)

Le Monde informe ses lecteurs sur l’impact de leurs choix de consommation et se donne pour objectif de réduire progressivement la place accordée aux produits et aux loisirs les plus néfastes pour l’environnement.

Le Monde se réserve le droit de refuser toute publicité comportant un message ambigu sur les questions environnementales…

Le Monde se fixe comme objectif de réduire progressivement la part des publicités de produits et activités exclusivement basés sur le recours aux énergies fossiles.

Le Monde s’engage à porter ses bilans carbone à la connaissance de ses lecteurs et à prendre des objectifs de réduction de son empreinte carbone fréquemment actualisés.

Pour leurs déplacements professionnels, les journalistes évitent dans la mesure du possible les transports les plus polluants, notamment l’avion. Historique de la prise de conscience du MONDE

L’historique à partir des archives de notre blog biosphere

1945-1973 : Les débuts du MONDE en la matière ont été désastreux. Dans son numéro 199 du 8 août 1945, le quotidien annonçait le largage de la première bombe atomique en manchette sur trois colonnes avec, en surtitre, cette formule ingénue et terrible : « Une révolution scientifique » (…) C’est seulement à partir de 1969 que LE MONDE ouvre un dossier « Environnement »… au service de documentation !

1974-1981 : Le premier journaliste dédié à l’écologie, Marc Ambroise-Rendu, est arrivé au MONDE en mars 1974. Son directeur, Jacques Fauvet, n’avait aucune idée de la manière dont il fallait traiter la nouvelle rubrique environnement, mais comme il y avait un ministère du même nom depuis le 7 janvier 1971, un ministre (Robert Poujade), des officines diverses, des salons de l’environnement et des réactions patronales, il fallait « couvrir »…

1981-1988 : L’élection de Mitterrand en 1981 a été un coup d’arrêt à la politique environnementale ; c’est pourquoi, quand Roger Cans reprend la rubrique environnement du MONDE, il se retrouve seul et isolé. L’affaire de Bhopal, cette fuite de gaz mortel qui tue ou blesse des milliers d’habitants d’une grande ville indienne en décembre 1984 ne donne lieu qu’à une brève le premier jour. Et le correspondant à New-Delhi n’ira à Bhopal que plusieurs mois après la catastrophe, lorsque l’affaire deviendra politique…

1998-2011 : Avec l’arrivée à la direction d’Eric Fottorino en juin 2007, LE MONDE mobilise davantage de rédacteurs à la chose environnementale : six ou sept rédacteurs au lieu d’un seul durant la période 1974-1998. A partir du numéro du 23 septembre 2008, une page est consacrée à la Planète, au même titre que les pages International ou France

2012-2013 : Les journalistes écolos du MONDE Marc Ambroise-Rendu, Roger Cans et Hervé Kempf ont témoigné que l’écologie avait pris de l’importance dans ce quotidien de référence. Mais comme il faut préserver les convenances et les recettes publicitaires, LE MONDE cultive encore la croissance, le tout automobile et les néfastes futilités…

Le départ d’Hervé Kempf le 2 septembre 2013 a révélé qu’il valait mieux pour les journalistes environnementalistes ne pas faire de « militantisme ». Le directeur du journal n’hésite pas à lui écrire : « Ce ne sont pas tes compétences qui sont en question, mais un problème d’image : nous tenons à ce que l’approche du journal reste aussi impavide que possible, tout particulièrement dans les pages Planète ». Il s’est fait traité de « chroniqueur engagé » par un directeur de la rédaction, etc. L’environnement gêne dans un journal vendu aux intérêts financiers. Plus que jamais avec la crise de la presse, LE MONDE dépend des recettes publicitaires. La prise de contrôle par MM. Bergé, Niel et Pigasse en 2010 n’avait fait que renforcer ce processus. La parole des écologistes est captive d’un système marchand qui n’a pas encore compris que l’écologie sera la pensée dominante du XXIème siècle.

2014-2019 : Rien n’a changé fondamentalement dans le journal « de référence ». Les crises multiples étouffent toute perception claire de la crise écologique qui va pourtant dans les années prochaines approfondir gravement les crises socio-économiques. Car, comme le disait un jour Stéphane Foucart devant un parterre de journalistes environnementaux : « LE MONDE est un quotidien : par définition le long terme ne vaut donc rien par rapport au court terme. »

14 mai 2019 : Notre blog biosphere a définitivement déménagé des serveurs du monde.fr depuis hier. A ce jour 14 mai 2019, nous ne savons toujours pas pourquoi lemonde.fr a éjecté ses 411 blogs abonnés dont nous faisions partie. Inutile de nous lamenter puisque nous avons immédiatement ressuscité. Notre serveur est dorénavant la « Coopérative d’hébergement numérique » https://ouvaton.coop/. Notre ambition reste la même, développer un regard critique et écolo sur la société thermo-industrielle. Il faut être à la marge pour se sentir libre.

Lire, Notre blog, c’était un regard critique sur le monde.fr

1920-1923 : LE MONDE devient de plus en plus écolo et cette charte du 21 avril 2023 en est la preuve. Mais reste le tabou suprême, ce quotidien exclut encore de parler de surpopulation mondiale, il préfère dénoncer la population carcérale

Les contributions sur lemonde.fr

Benoît Mo : Engagement pris plus de 15 ans après le Guardian…mais bon, on ne va pas bouder son plaisir,

HB78 : Mieux vaut tard que jamais. J’ai souvenir d’avoir, au ministère chargé du développement durable, d’avoir accompagné des secteurs professionnels sur de telles chartes à la fin des années 2000 – début des années 2010.

Pavédelenfer : « Il n’est pas question pour notre journal de se transformer un média militant – ce serait aller contre notre conception du journalisme » Meuh non à part les 627 articles woke tout va bien.

Crocus : Ce journal appartenant à un empereur des centrales à charbon, je comprends qu’ils tentent une entreprise d’expiation.

Mirabelle : Dorénavant, les pages Economie et Voyage (par exemple) seront donc cohérentes avec les pages Planète et prendront donc en compte le dérèglement climatique, la finitude des ressources et l’extinction du vivant ? On s’en réjouit d’avance et on attend cela avec impatience.

LeChapelierFou : On est impatients de voir le résultat. Ça va effectivement être très drôle, la manifestation de la dissonance cognitive