La chasse aux automobilistes est ouverte, feu à volonté

L’automobiliste est un gibier toujours en alerte. Gare aux limitation de vitesse diverses et variées qui changent parfois tous les trois kilomètres. Gare aux radars qui se multiplient à l’envie, souvent fixes, parfois volants ou même embarqués, radars de feux et même flicage par hélicoptère. Gare aux ralentisseurs, l’historique dos d’âne, le trapézoïdal, le coussin berlinois, en bande sonore ou rugueuse, sans compter toutes les modifications de la voirie pour inciter à rouler au pas. Gare aux gendarmes des champs qui vous guettent au stop ou à la ligne blanche, les policiers qui scrutent votre ceinture (de sécurité), sans oublier les pervenches des villes. Le péage urbain est pour bientôt. La vie au volant est maintenant une course d’obstacles… qui nous prépare à des lendemains sans voiture. Pour Anne Hidalgo la maire de Paris, la voiture individuelle c’est dépassé : « Le fait de posséder sa voiture individuelle, tout seul, c’était le schéma des Trente Glorieuses »*. Elle a répété son objectif de ne plus avoir de voitures à essence à l’horizon 2030 dans la capitale. Mais si c’est pour avoir des voitures électriques, il n’y aura pas de véritable rupture.

Pour un écologiste, c’est à la déconstruction du monopole de la bagnole qu’il faut travailler, le dévoiturage doit être massif. Déjà en 1974, le candidat écolo à la présidentielle René Dumont s’exprimait ainsi : « Chaque fois que vous prenez votre voiture pour le week-end, la France doit vendre un revolver à un pays pétrolier du Tiers-Monde. Sait-on que si tous les habitants du globe consommaient autant de pétrole que les Américains, les réserves prouvées ne tiendraient guère plus d’un an ? Pour faire 10 000 km, on consacre 150 heures à sa voiture (gain de l’argent nécessaire à l’achat et à l’entretien, conduite, embouteillage, hôpital). Cela revient à faire 6 kilomètres à l’heure, la vitesse d’un piéton. Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… On peut penser dès à présent à réorienter l’industrie automobile vers la production des composantes de logements ou des systèmes d’énergie solaire ou éolienne. »**

43 années se sont écoulées, les politiques restent à mille lieux des réalités géophysiques. Lors d’un pic de pollution en Île-de-France, la ministre socialiste Ségolène Royal refusait des mesures de restriction du trafic routier contre l’avis des élus locaux : « Empêcher quelqu’un de prendre sa voiture, c’est une mesure privative de liberté (…). Personne ne peut ni imposer, ni vociférer, ni exiger ». Quand on lit tous les commentateurs opposés sur le monde.fr aux positions d’Anne Hidalgo, c’est pas triste : « Notre mairesse a un ennemi unique : la voiture… Mais si vous faites partie de la myriade de cyclistes dont bcp brûlent les feux et roulent superbement sur les trottoirs, eh bien la mansuétude municipale vous est acquise : croissez et multipliez ! » Le dévoiturage a toujours du mal à progresser dans les esprits. Il faudra donc attendre le prochain choc pétrolier pour prendre collectivement conscience… de la nécessité de l’abandon de la voiture individuelle. Vivement le prix de l’essence à 10 euros le litre et la fin de centrales nucléaires. Alors seulement les automobilistes rendront les armes… mais trop tard pour laisser à nos générations futures une planète viable.

* Le Monde.fr avec AFP | 14 octobre 2017, Lors de son bilan de mi-mandat, la maire de Paris a rappelé son objectif de purger la capitale des voitures à essence d’ici à 2030

** L’écologie ou la mort, à vous de choisir – la campagne de René Dumont, les objectifs de l’écologie politique (Pauvert, 1974)]

12 réflexions sur “La chasse aux automobilistes est ouverte, feu à volonté”

  1. Bonsoir @Michel C.

    Vous avez mille fois raison d’écrire « Alors le temps… il faut le prendre ».

    Et c’est justement en raison du fait qu’il soit nécessaire que les citoyens prennent leurs temps et ne se pressent plus autant qu’actuellement ils se pressent qu’il faut impérativement que le temps de travail diminuent fortement.

    Si les heures à passer à l’usines ne baissent pas, les gens ne pourront pas recourir à l’honorable et nécessaire lenteur.

  2. Bonsoir @Michel C.

    Vous avez mille fois raison d’écrire « Alors le temps… il faut le prendre ».

    Et c’est justement en raison du fait qu’il soit nécessaire que les citoyens prennent leurs temps et ne se pressent plus autant qu’actuellement ils se pressent qu’il faut impérativement que le temps de travail diminuent fortement.

    Si les heures à passer à l’usines ne baissent pas, les gens ne pourront pas recourir à l’honorable et nécessaire lenteur.

  3. Bonjour à tous.
    @Invite2018 :
    1) « gagner du temps … perdre du temps … » Partout on n’entend que ça !
    On n’est jamais allé aussi vite, et pourtant on n’a jamais le temps. Rajoutons-y le fameux « le temps c’est de l’argent » et la boucle est bouclée. Fouette cocher ! les bourrins aiment ça.
    La décolonisation de l’imaginaire inclut évidemment notre rapport au temps.
    Déjà, combien en avez-vous au compteur, du temps ? Personne ne sait combien de temps il lui reste à vivre. Alors le temps… il faut le prendre, tout simplement. C’est une affaire de philosophie !
    Quand vous partez en bagnole et que vous vous dites, dans 1 heure je serais à tel endroit… vous faites déjà une sacrée erreur. Il peut se passer des tas de choses pendant cette heure là.

    2) L’article donne le lien « Cela revient à faire 6 kilomètres à l’heure, la vitesse d’un piéton. »
    C’est Ivan Illich qui a défini le concept de vitesse généralisée. C’est facile à comprendre : Quant on en est arrivé à travailler pour essentiellement payer la bagnole (qui sert à aller bosser), l’essence, l’entretien, l’assurance etc… et qu’on rajoute le costume, indispensable (pour être présentable), et la garde des gamins… eh bien on peut dire tout simplement qu’on est à côté de la plaque.
    —————————–

    @Didier Barthès et Marcel : Bien entendu une voiture c’est pratique. Et dans notre société on peut en effet dire qu’elle est devenue « indispensable ». C’est bien là le problème.
    Quant à ce « monde très peu peuplé » dans lequel « tout le monde pourrait rouler comme il veut, aller où il veut »… d’abord nous n’y sommes pas. Bien-entendu « la forte densité n’a que des inconvénients pour la planète », nous en parlons abondamment… Hélas nous n’avons pas de baguette magique pour le résoudre, seulement quelques propositions, plus ou moins … disons acceptables.
    D’autre part cette idée laisse entendre que ce monde là serait durable. Et bien-entendu ce n’est pas le cas. Le pétrole servant à construire et faire avancer nos bagnoles finirait un jour où l’autre par se tarir, nous ne ferions que retarder l’échéance. Même chose en ce qui concerne les matières premières, le recyclage nécessitant de l’énergie, croire qu’on pourrait recycler à l’infini est une illusion. Et croire que l’homme grâce à sa science et sa technique pourra résoudre tous les problèmes, ça c’ est une religion (le scientisme).

  4. Bonjour à tous.
    @Invite2018 :
    1) « gagner du temps … perdre du temps … » Partout on n’entend que ça !
    On n’est jamais allé aussi vite, et pourtant on n’a jamais le temps. Rajoutons-y le fameux « le temps c’est de l’argent » et la boucle est bouclée. Fouette cocher ! les bourrins aiment ça.
    La décolonisation de l’imaginaire inclut évidemment notre rapport au temps.
    Déjà, combien en avez-vous au compteur, du temps ? Personne ne sait combien de temps il lui reste à vivre. Alors le temps… il faut le prendre, tout simplement. C’est une affaire de philosophie !
    Quand vous partez en bagnole et que vous vous dites, dans 1 heure je serais à tel endroit… vous faites déjà une sacrée erreur. Il peut se passer des tas de choses pendant cette heure là.

    2) L’article donne le lien « Cela revient à faire 6 kilomètres à l’heure, la vitesse d’un piéton. »
    C’est Ivan Illich qui a défini le concept de vitesse généralisée. C’est facile à comprendre : Quant on en est arrivé à travailler pour essentiellement payer la bagnole (qui sert à aller bosser), l’essence, l’entretien, l’assurance etc… et qu’on rajoute le costume, indispensable (pour être présentable), et la garde des gamins… eh bien on peut dire tout simplement qu’on est à côté de la plaque.
    —————————–

    @Didier Barthès et Marcel : Bien entendu une voiture c’est pratique. Et dans notre société on peut en effet dire qu’elle est devenue « indispensable ». C’est bien là le problème.
    Quant à ce « monde très peu peuplé » dans lequel « tout le monde pourrait rouler comme il veut, aller où il veut »… d’abord nous n’y sommes pas. Bien-entendu « la forte densité n’a que des inconvénients pour la planète », nous en parlons abondamment… Hélas nous n’avons pas de baguette magique pour le résoudre, seulement quelques propositions, plus ou moins … disons acceptables.
    D’autre part cette idée laisse entendre que ce monde là serait durable. Et bien-entendu ce n’est pas le cas. Le pétrole servant à construire et faire avancer nos bagnoles finirait un jour où l’autre par se tarir, nous ne ferions que retarder l’échéance. Même chose en ce qui concerne les matières premières, le recyclage nécessitant de l’énergie, croire qu’on pourrait recycler à l’infini est une illusion. Et croire que l’homme grâce à sa science et sa technique pourra résoudre tous les problèmes, ça c’ est une religion (le scientisme).

  5. D’ accord avec monsieur Barthes : dépeuplons d’ abord avant de dévoiturer car la voiture est un engin indispensable !

  6. D’ accord avec monsieur Barthes : dépeuplons d’ abord avant de dévoiturer car la voiture est un engin indispensable !

  7. Quand on est pas au cœur d’une grande ville, une voiture c’est quand même bien pratique, les transports en commun ne peuvent fournir un service aussi souple et garantir autant de liberté, mais bien sûr l’automobile est inadaptée à la forte densité, d’ailleurs la forte densité n’a que des inconvénients pour la planète
    Imaginez un monde très peu peuplé, tout le monde pourrait rouler comme il veut, aller où il veut sans beaucoup abimer la nature.

  8. Quand on est pas au cœur d’une grande ville, une voiture c’est quand même bien pratique, les transports en commun ne peuvent fournir un service aussi souple et garantir autant de liberté, mais bien sûr l’automobile est inadaptée à la forte densité, d’ailleurs la forte densité n’a que des inconvénients pour la planète
    Imaginez un monde très peu peuplé, tout le monde pourrait rouler comme il veut, aller où il veut sans beaucoup abimer la nature.

  9. Bonjour @Michel C.

    Rouler à une vitesse excessive fait gagner du temps. Donc mécaniquement, ne pas rouler à vitesse excessive fait perde du temps par rapport au fait de ne pas rouler à vitesse excessive.

    Donc réduire le temps de travail sans perte de revenus est bel et bien une chose sans laquelle il ne sera guère possible que nous cessions la folie consistant à rouler en voiture aussi vite qu’actuellement nous roulons.

  10. Bonjour @Michel C.

    Rouler à une vitesse excessive fait gagner du temps. Donc mécaniquement, ne pas rouler à vitesse excessive fait perde du temps par rapport au fait de ne pas rouler à vitesse excessive.

    Donc réduire le temps de travail sans perte de revenus est bel et bien une chose sans laquelle il ne sera guère possible que nous cessions la folie consistant à rouler en voiture aussi vite qu’actuellement nous roulons.

  11. Parfaitement d’accord avec ce point de vue. Tout se résume au dévoiturage (article Biosphère du 29 fév 2016)
    Or comme il est dit «Le dévoiturage a toujours du mal à progresser dans les esprits. »
    Rien de plus normal. Le dévoiturage passe par la décolonisation des imaginaires.

    Ce n’est évidemment pas comme je l’ai lu dans un commentaire, en réduisant le temps de travail sans perte de revenus… que les gens n’auront plus besoin de rouler à vitesse excessive.
    Déjà, pourquoi nos bagnoles peuvent-elles rouler aussi vite, pourquoi sont-elles si puissantes, pourquoi pèsent-elles si lourd ?
    Réponse : parce que la bagnole est un symbole phallique ! Et que les mâles sont toujours fiers d’en avoir une grosse. Et du côté des dames, une grosse auto… ma foi, c’est toujours ça.

    Maintenant, je n’ai pas encore de réponse à cette question : Cette «course d’obstacles » infligée à l’automobiliste, avec toujours plus de points à surveiller, à gérer, à payer… serait-elle une stratégie « qui nous prépare à des lendemains sans voiture » ? Autrement dit, viserait-elle à dégoûter le drogué de sa came, à l’inciter à rouler à vélo ?
    Ou bien serait-ce une stratégie qui nous prépare à des lendemains de voitures dites « intelligentes » ? Toujours plus intelligentes ! Le QI des bipèdes étant soit-disant en baisse depuis quelques années, d’ailleurs la bagnole étant une des causes avancées… il serait alors de l’intérêt public qu’à l’avenir on se fasse trimballer dans nos gros tas de ferraille, sans avoir rien d’autre à faire que les fainéants ou les beaux.
    Ou alors tout simplement, Le Système sachant parfaitement ce que la sacro-sainte bagnole représente dans cette société de cons-ommation… il s’applique à presser le citron, toujours plus, et ce tant qu’il y a encore un peu de jus. Les pigeons adorant se faire plumer… feu à volonté !

  12. Parfaitement d’accord avec ce point de vue. Tout se résume au dévoiturage (article Biosphère du 29 fév 2016)
    Or comme il est dit «Le dévoiturage a toujours du mal à progresser dans les esprits. »
    Rien de plus normal. Le dévoiturage passe par la décolonisation des imaginaires.

    Ce n’est évidemment pas comme je l’ai lu dans un commentaire, en réduisant le temps de travail sans perte de revenus… que les gens n’auront plus besoin de rouler à vitesse excessive.
    Déjà, pourquoi nos bagnoles peuvent-elles rouler aussi vite, pourquoi sont-elles si puissantes, pourquoi pèsent-elles si lourd ?
    Réponse : parce que la bagnole est un symbole phallique ! Et que les mâles sont toujours fiers d’en avoir une grosse. Et du côté des dames, une grosse auto… ma foi, c’est toujours ça.

    Maintenant, je n’ai pas encore de réponse à cette question : Cette «course d’obstacles » infligée à l’automobiliste, avec toujours plus de points à surveiller, à gérer, à payer… serait-elle une stratégie « qui nous prépare à des lendemains sans voiture » ? Autrement dit, viserait-elle à dégoûter le drogué de sa came, à l’inciter à rouler à vélo ?
    Ou bien serait-ce une stratégie qui nous prépare à des lendemains de voitures dites « intelligentes » ? Toujours plus intelligentes ! Le QI des bipèdes étant soit-disant en baisse depuis quelques années, d’ailleurs la bagnole étant une des causes avancées… il serait alors de l’intérêt public qu’à l’avenir on se fasse trimballer dans nos gros tas de ferraille, sans avoir rien d’autre à faire que les fainéants ou les beaux.
    Ou alors tout simplement, Le Système sachant parfaitement ce que la sacro-sainte bagnole représente dans cette société de cons-ommation… il s’applique à presser le citron, toujours plus, et ce tant qu’il y a encore un peu de jus. Les pigeons adorant se faire plumer… feu à volonté !

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