La crise mondiale des déchets nucléaires

Déchets nucléaires, « leur toxicité est de loin supérieure à celle de n’importe quel matériau industriel. » Greenpeace a mis cette expression en exergue d’un rapport présenté mercredi 30 janvier à l’échelle internationale*. On passe en revue les politiques menées dans sept pays (Belgique, États-Unis, Finlande, France, Japon, Royaume-Uni et Suède) en matière de gestion des déchets radioactifs. Le stock mondial des combustibles usés, hautement radioactifs et à vie longue, est aujourd’hui estimé à 250 000 tonnes : « aucune solution, nulle part », n’a été trouvée pour la gestion à long terme de ces déchets. On envisage de les enfouir dans le sous-sol, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, mais aucun pays n’a encore mis en œuvre cette solution. Aux Etats-Unis, le projet de stockage de Yucca Mountain (Nevada) a été stoppé. En Allemagne, l’idée de les confiner dans un dôme de sel souterrain à Gorleben a été abandonnée. Au Royaume-Uni, le gouvernement est en quête d’un site d’enfouissement à l’horizon 2040 seulement. Les pays les plus avancés sont la Finlande (avec un projet de stockage souterrain dans le granite à Olkiluoto) et la Suède (sur le site d’Osthammar). En France le stockage géologique à Bure (projet Cigéo, centre industriel de stockage géologique) « ne peut que conduire à une impasse ». Le rapport préconise, au lieu de l’enfouissement, l’entreposage de longue durée des déchets les plus radioactifs, avec l’espoir que les scientifiques trouvent un jour une solution plus satisfaisante ! De plus la gestion des déchets à haute activité s’accompagne d’une « escalade des coûts  » – 25 milliards d’euros pour Cigéo –. Reste que les déchets radioactifs sont déjà là !! Sur ce blog biosphere, nous avons déjà fait une synthèse du débat sur la gestion des déchets :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2018/06/01/biosphere-info-le-debat-sur-les-dechets-nucleaires/

Pour le démantèlement dont il faudra aussi gérer les déchets, Bernard Doroszczuk est un nom à connaître. A la tête de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il estime qu’il y a « trop de retards et de changements [dans le traitement] de déchets anciens et le démantèlement d’installations. » EDF a ainsi décidé de changer de méthode pour démanteler les six réacteurs de la première génération du parc français, à uranium naturel graphite-gaz : de ce fait, la fin de leur démantèlement a été repoussée au début du siècle prochain. C’est loin ! Tapez « Brennilis » sur votre moteur de recherche. Vous verrez comment EDF démantèle: On enlève tout ce qui n’est pas nucléaire (les bureaux, en gros). On laisse le cœur en attendant que la radioactivité diminue. Cela fait déjà 20 ou 30 ans qu’il n’a pas bougé… Du coup, que des avantages: 1) y a pas à s’en occuper. 2) si on voulait faire, de toute manière on saurait peut-être pas. 3) ça coûte rien, de toutes manières y a déjà trop de dettes chez EDF…

En 2014, nous reproduisions sur ce blog un texte de Philippe Bihouix qui peut aussi bien concerner le démantèlement que la gestions des déchets à vie longue : « Même si le « provisionnement » (l’argent mis de côté) est correct – ce qui fait largement débat -, cela n’a pas de réalité matérielle. Il s’agit de chiffres comptables et d’octets sur un disque dur. Ce n’est qu’un droit de tirage sur les ressources matérielles et humaines futures. S’il n’est pas utilisé immédiatement, et il ne le sera pas puisque tel n’est pas son but, il reste donc virtuel. Il faudra, au moment où l’on aura effectivement besoin pour réaliser les travaux de démantèlement, que la société tout entière ait les moyens matériels de les réaliser : en ressources (métaux, ciment, énergie abondante), en technologie (robotique, moyens de transports et de déplacements), en travailleurs motivés pour recevoir quelques radiations, si possible dans les limites dûment autorisées. Il faudra que l’ensemble du macro-système se soit maintenu, à l’horizon de plusieurs décennies, voire de siècles. Rien n’est moins sûr. Je fais donc le pari (facile, vous ne viendrez pas me chercher) que nous ne démantèlerons rien du tout. Tout au plus bricolerons-nous quelque peu les premières années, puis, au fur et à mesure de la paupérisation en ressources de notre société, des mesures plus simples, d’abord « provisoires », seront prises, puis les centrales seront finalement laissées en place, devenant de futurs territoires tabous. »*** Notre société thermo-industrielle s’occupe uniquement de son taux de croissance dans le présent, pas du tout de ce qu’on laissera aux générations futures : une planète dévastée et ingérable. Et il y a encore des irresponsables qui préconisent un développement du nucléaire !!!

* LE MONDE du 31 janvier 2019, Greenpeace alerte sur la « crise mondiale » des déchets nucléaires

** LE MONDE du 30 janvier 2019, « L’état des installations nucléaires est un vrai sujet de préoccupation », selon le président de l’Autorité de sûreté nucléaire

*** L’âge des low tech (éditions du Seuil 2014, collection anthropocène, 338 pages, 19.50 euros)

5 réflexions sur “La crise mondiale des déchets nucléaires”

  1. Certains des « irresponsables qui préconisent un développement du nucléaire » pensent que quelques dizaines de milliers de tonnes de déchets en plus (soit quelques grammes par habitants et par an) ne change pas grand chose au problème qu’on a déjà, et que ça vaut mieux que l’autre déchet par excellence de notre monde industriel, le CO2.
    Les Allemands ont ils été « responsables » de continuer à produire leur électricité avec du charbon et du gaz russe, alors qu’ils de toute façon un stock de déchets radioactif à gérer ?

  2. Didier Barthès

    En effet on ne pourra jamais exploiter les ressources minérales de l’espace il faut avoir une bien piètre connaissance de l’astronomie et de l’astronautique pour entretenir cet « espoir », ce serait d’ailleurs une folie pour nous permettre de poursuivre la croissance sans limite qui est sur Terre la source de tous nos maux.

  3. Laisse tomber on ne colonisera jamais l’espace ni n’en ramenera de ressources.. Toutes ces conneries c’est juste pour entretenir les idéologies rationalistes, entretenir ces dogmes scientistes pour combattre la chrétienté qui est l’arbre de vie de notre civilisation et remplacer notre population par le cosmopolitisme et le mondialisme… Toutes ces histoires bidons de conquête spatiale c’est juste une vitrine pour donner un semblant de crédibilité au rationalisme, cette vitrine permet plus facilement de remplacer des croyances par d’autres croyances

  4. @Bga80 :

    Il y a encore mieux que cela : certains docteur folamour pensent envoyer dans l’ espace des « vaisseaux minéraliers » qui s’ accrocheraient aux météorites (riches en métaux divers) et prélèveraient les métaux pour ensuite les ramener sur terre ===
    Ces bestiaux filent à plus de 80000 km/h : AUX FOUS !

  5. Ben ils n’arrêteront pas de puiser toutes les ressources naturelles, d’ailleurs ils ne s’en cachent même pas, une fois j’avais entendu un économiste sur Bfm Tv, que l’énergie disponible il fallait la chercher, il parlait du pétrole, qu’il fallait la puiser et s’en servir, que c’était idiot de laisser le pétrole disponible dormir sous le sol, bref ils ne se font un soucis de laisser des ressources naturelles pour les générations futures, toute les ressources disponibles il est bel et bien question par tous ces économistes croissantistes d’aller la chercher. Quand on leur répond, il ne faut rien laisser aux générations futures pour leurs coups dures ? Alors ils rétorqueront que la communautés scientifique aura trouver autre chose d’ici ce temps là pour les générations futures, qu’on arrête pas le progrès ! Les générations futures auront autre chose. Mort de rire ! Alors qu’en réalité, la communauté scientifique n’a accompli que très peu de progrès pour produire de l’énergie, la communauté scientifique a accompli beaucoup de progrès pour inventer des nouveaux consommateurs d’énergie, mais la communauté scientifique n’a accompli quasiment aucun progrès pour produire de l’énergie sans combustibles fossiles pour alimenter tout leur parc de machines et de robots. Ces scientistes n’ont que fait que de cramer une allumette pour brûler le charbon le gaz, le pétrole et l’uranium pour produire de l’énergie c’est tout, ils ne sont pas si intelligent que ça car c’est à la portée de n’importe quel wesh wesh ou du gaulois le plus demeuré que de comprendre qu’on produit de l’énergie en cramant des énergies fossiles. Pas besoin d’un diplôme scientiste bac +9 en physique pour comprendre ça, c’est de l’escroquerie intellectuelle pour que les scientistes se fassent passer pour plus intelligent qu’ils ne le sont véritablement ! Et évidemment s’offrit des salaires stratosphériques sur le dos du contribuable en finançant leurs planques. Donc, attendons, car attendre étant la seule solution qui nous est imposée, attendons l’effondrement, l’inéluctable effondrement, car c’est à ce moment précis où l’on assistera à la disgrâce de la science et de tous leurs techno-robots qui nous enferment dans le paradigme de la croissance.

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