la démondialisation contre le gauche-droite de Zaki Laïdi

Idéologue en cour qui va se répétant de tribune en tribune, Zaki Laïdi a trouvé un nouvel os à ronger : la démondialisation. Il la pense « absurde »* sur le seul exemple de l’imbrication des composants Airbus et Boeing produits un peu partout dans le monde. Or la multiplication des kilomètres que parcourt un yaourt ou la construction d’un avion n’est pas soutenable. Ces kilomètres ont besoin d’énergie fossile, d’où l’absurdité de ces va-et-vient puisque le pétrole est en voie de disparition. Dans le cas des avions le kérosène est indispensable : Boeing et Airbus sont comme les dinosaures, voués à une mort certaine. Zaki Laïdi ne sait pas tout cela, il se contente de réciter son catéchisme libre-échangiste.

Zaki Laïdi trouve la démondialisation « politiquement effrayante » car sa « modernisation » à lui se résume à l’acceptation de l’économie de marché. Depuis quelque années, la conviction de Zaïdi est simpl(ist)e : « le PS ne pourra gagner que lorsqu’il aura cessé de faire du marché un épouvantail »… ce qui équivaut en fait à une ouverture à droite ! Zaki Laïdi affirme que « La démondialisation est une idée absurde qui n’a de surcroît aucune chance de voir le jour ». Il ne se rappelle pas que le libre-échange imposé par l’Angleterre au XIXe siècle ne l’a été que pour soutenir le pouvoir des industriels contre les agriculteurs en interne et en externe au moment où le pays dominait de façon militaire le reste du monde. Avant cela l’Angleterre était protectionniste. Elle redeviendra protectionniste, comme l’Europe et les Etats-Unis, quand la Chine aura terminé sa remontée des filières pour maîtriser l’ensemble de choses à vendre, y compris les avions. Ce qui ne saurait tarder.

Cependant Zaki Laïdi donne de la démondialisation une bonne définition : « Une forme de déconnexion par rapport à l’économie mondiale au travers de la réduction des échanges commerciaux et l’autocentrage économique. » Or la descente énergétique va imposer cette contraction des échanges. Mais Zaki Laïdi vit encore aux temps du libéralisme triomphant, il n’a pas encore pris conscience que l’économie a dépassé les limites de la biosphère et que les contraintes géophysiques sont plus fortes que les vaines spéculations.

LeMonde du 30 juin 2011, Absurde démondialisation