la F1, à supprimer

La lecture d’un quotidien est un exercice d’autant plus intéressant qu’on peut construire des passerelles entre différents articles à différentes pages. Prenons LeMonde du 15.03.2008. En page 18, un danger terrifiant menace l’humanité, la surabondance d’un or noir qui favorise la politique du toujours plus de Bush et consorts. En effet, ce n’est que si nous laissons le reste du pétrole sous terre (l’article dit les deux tiers, mais le pic pétrolier actuel indique qu’il ne reste plus que la moitié de nos réserves de pétrole conventionnel) que nous pourrons ainsi réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Comme une économie concurrentielle ira chercher jusqu’au dernier grain de ressource fossile  qui trouvera preneur sur le marché, il faudra bien qu’une autorité s’oppose à la dynamique marchande. Moins de pétrole et plus d’Etat, c’est la nécessité absolue de notre époque.

 

Mais en page 30, l’énorme titre nous propose d’ « Améliorer le spectacle de la F1 ». La nouvelle saison commence ce dimanche, je ne savais pas qu’il y avait des saisons pour la course automobile. Le directeur d’une écurie (on nous fait croire que les bagnoles, c’est aussi utile que les chevaux) affirme : « J’espère qu’en 2008 on va avant tout parler de sport ». Comme si l’automobile, c’était du sport ! D’ailleurs, ce type payé pour glorifier son gagne-pain avoue : «  C’est sûr, il faut améliorer le spectacle offert par la F1 ; quand tout marche bien, c’est trop prévisible ». En termes clairs, cela ne fait pas de l’audience comme quand Schumacher se fout en l’air.

 Quel rapport entre les deux articles ? Ben, les voitures, ça roule au pétrole ! Magnifier la F1, c’est aller à l’encontre de la nécessité de laisser les dernières gouttes de pétrole sous la terre. LeMonde nous intoxique, comme les autres médias (la F1 sur TF1), au service direct ou indirect du conditionnement publicitaire. Nous n’avons pas besoin que notre quotidien nous parle de Sébastien Bourdais qui « pilote enfin dans la discipline reine », nous avons besoin d’économiser l’énergie, d’aller à l’essentiel, de réduire la pagination des quotidiens. Dans un système concurrentiel, cela ne pourra se faire que si l’Etat intervient…