La fin programmée de la publicité intrusive

Le combat contre le Far West de la société de surconsommation est lancé. Une proposition de loi pour interdire le démarchage téléphonique et lutter contre diverses fraudes aux aides publiques a été définitivement adoptée, le 21 mai 2025. Déjà validé par les députés le 14 mai a été voté par les sénateurs sans aucune voix contre. Pour le grand public, la mesure la plus spectaculaire concerne le démarchage téléphonique. Le nouveau texte interdit  à partir du 11 août 2026 cette pratique commerciale agressive en ce qui concerne la rénovation énergétique et l’adaptation des logements au handicap et à la vieillesse. Il ne sera plus toléré que si l’appel porte sur un contrat en cours, ou si le consommateur a donné au préalable son « consentement » à être prospecté, et ce de façon « libre, spécifique, éclairée, univoque et révocable ».

Pour le gouvernement, l’intérêt essentiel de cette nouvelle loi est ailleurs, dans l’action contre les fraudes aux aides publiques !

Le point de vue des casseurs de pub

Toute publicité dans le domaine public ou à plus forte raison chez moi devant des écrans est intrusive car non demandée. On n’a pas besoin de publicité pour s’informer, le passage chez le commerçant ou la comparaison avantage/coût devraient suffire. La pub est un engrenage provoquant la surconsommation. Rappelons que le 24 avril 1968, le Premier ministre Georges Pompidou annonce sans rire l’introduction de la publicité à la télévision ainsi :

« La publicité est inéluctable, je n’ai rencontré personne qui me dise le contraire. J’ai déclaré publiquement que nous n’accepterions pas de chaîne de télévision publicitaire remise à des intérêts privés…Aucun des programmes, qu’ils soient d’information, de culture et de distraction ne doit être patronné par un annonceur…Je déduis enfin de ces principes que le pourcentage du temps d’émission consacré à la publicité ne doit pas être tel qu’il dénature la succession des programmes, en abaisse le niveau global et gêne le téléspectateur… « 

Le premier spot publicitaire est diffusé le 1er octobre 1968, la publicité est alors limitée à 4 minutes par jour. Nous savons ce qu’il en est advenu. On commence tout juste à revenir vers un monde sans publicité.

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Il n’est pas interdit d’interdire… la publicité

extraits : Le 16 juillet 2024, au lendemain des législatives, le premier ministre Gabriel Attal avait commandé un travail de fond pour tenter de réguler les incitations du consommateur à acheter les produits les plus nocifs pour l’environnement. Le groupe a produit un rapport de 465 pages, baptisé « Contribution et régulation de la publicité pour une consommation plus durable ». Globalement, cette dépense annuelle de 34 milliards d’euros est utilisée pour les deux tiers (22 milliards) à promouvoir des produits aux « caractéristiques souvent contraires à une consommation durable et de qualité », de la grosse voiture à la nourriture ultra-transformée ou aux sodas en passant par la fast fashion… Les inspecteurs rappellent que le consommateur perd son latin entre la « profusion de labels environnementaux » et les « allégations souvent trompeuses » des vendeurs…..

Tout savoir sur la publicité qui nous dévore

extraits : Pour faire évoluer les comportements du consommateur dans un sens écoresponsable, nous (conférence citoyenne) voulons interdire de manière efficace la publicité des produits les plus émetteurs de GES sur tous les supports publicitaires, réguler la publicité pour limiter fortement les incitations quotidiennes et non-choisies à la consommation, mettre en place des mentions pour inciter à moins consommer du type « En avez-vous vraiment besoin ? » ou «  La surconsommation nuit à la planète. » Cette remise en cause de l’emprise publicitaire ne provient pas d’une mouvance anti-publicitaire, mais d’une représentation de la population française, la conférence citoyenne pour le climat….

Vivre dans un monde sans publicité, bientôt ?

extraits : La publicité dévore la planète et pollue nos sentiments. Vingt-deux associations, dont Les Amis de la Terre France, Foodwatch, l’institut Veblen, Résistance à l’agression publicitaire (RAP), Sherpa, Communication sans frontières…, avaient dénoncé l’influence des milliards d’euros investis en dépenses publicitaires sur les comportements, en contradiction avec la transition écologique. Les dépenses annuelles mondiales de publicité et de communication des grandes entreprises dépasseront les 1 500 milliards de dollars (1 320 milliards d’euros) en 2021.D’autant plus que le pouvoir d’influencer est complètement déséquilibré. Parmi les quelque trois millions d’entreprises en France, moins de 1 % ont accès au marché publicitaire….

Publicité et lutte pour le climat, le fiasco

extraits : Il devrait être évident pour tous les citoyens que n’importe quelle publicité est faite pour provoquer la surconsommation, donc l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Du point de vue des écologistes, la publicité, qui n’est qu’une forme sournoise de propagande, devrait être interdite. Comment continuer à accepter qu’il soit autorisé de faire le vide dans les cerveaux pour inciter à boire du Coca Cola ou à rouler en SUV ? Pourtant ce déni de l’urgence écologique trône à l’Assemblée nationale. Les députés viennent d’achever l’examen du titre 1, « consommer » du projet de loi « climat et résilience ». La prise de bec sur la publicité est significative d’un débat « démocratique » soumis aux diktats des entreprises….

3 réflexions sur “La fin programmée de la publicité intrusive”

  1. Didier BARTHES

    Ces appels sont exaspérants et j’ajoute que parfois les appelants sont eux-mêmes particulièrement insistants voire impolis. Avant je les ménageais car j’avais bien conscience du caractère ingrat de leur travail. Maintenant je suis moi-même beaucoup plus direct, ça suffit.
    Il faut interdire tout démarchage téléphonique et pour tous sujets (et l’Etat doit aussi s’y plier, il n’ a pas à nous dire ce que nous devons penser et pour quoi on doit se faire vacciner par exemple).

    1. Au moins 10 fois par jour, c’est vrai que c’est exaspérant. Même insupportable ! Pas ingérable, vu que j’arrrive encore à gérer. C’est simple, en principe je ne réponds pas aux numéros que je n’ai pas enregistrés dans mes contacts. Je me dis qu’ON n’a qu’à me laisser un message.
      Ceci dit il m’est quand même arrivé de décrocher. Et là c’est à peu près toujours la même chanson. D’entrée ON me dit que ce n’est pas une démarche commerciale (ben voyons), qu’ON m’apporte une « bonne nouvelle » (chouette !), que je suis « éligible » (??), mais que d’abord je dois répondre à quelques questions, que ça me prendra juste 5 min, d’abord les 2 premiers chiffres de ma ville…
      Là j’interromp le disque (le robot) pour lui dire qu’il n’obtiendra RIEN de moi, pas la moindre info ! Que je suis assez grand pour m’informer tout seul etc. et qu’il est donc inutile d’insister ! (à suivre)

      1. (suite) Et là en général le ou la casse burnes me dit qu’il ou elle comprend,… et renclenche illico son disque et patati et patata. Et là je raccroche ! En me disant naïvement qu’il faudrait être vraiment con pour y revenir. Eh ben non ça continue, jamais le même numéro etc.
        Bref, il me faut donc attendre le 11 août 2026 pour qu’enfin je puisse espérer qu’ON m’appelle pour m’annoncer la Bonne Nouvelle. Celle que je suis éligible au droit d’avoir la paix. Misère misère !

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