La folie du feu nucléaire entretenue par un journaliste

Le parti-pris du journaliste du MONDE Marc Semo en faveur de l’arme nucléaire est une insulte au journalisme. Son article*, titré significativement sur le monde.fr « Prix Nobel de la paix : le combat très symbolique de l’ICAN » est complètement orienté. La signature le 20 septembre dans le cadre de l’ONU par 122 Etats d’un traité d’interdiction totale des armes nucléaires serait symbolique ! Le prix Nobel de la paix décernée à l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN), une coalition de près de 500 organisations non gouvernementales agissant dans 95 pays, serait symbolique ! Fallait-il soutenir le point du vue américain du « réalisme » face aux rodomontades de la Corée du nord alors que les errements de Trump apparaissent comme un grand risque pour la sécurité mondiale ? Fallait-il insister sur le fait qu’aucun des pays de l’OTAN n’a voté le traité alors que ce sont des nations soumise au « parapluie » américain ! Fallait-il donner la parole Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, qui ironisait : « Ce traité risque d’avoir autant d’effet sur l’interdiction réelle des armes nucléaires qu’en a eu sur la guerre le pacte Briand-Kellogg qui visait à l’interdire. » ! Un journaliste peut-il se permettre d’en conclure : « Ce Nobel relève de l’incantatoire. Le désarmement nucléaire ne se décrète pas. L’équilibre de la terreur fondé sur le nucléaire a permis tout au long de la guerre froide d’éviter l’affrontement. »

Marc Semo ignore-t-il qu’on est passé à plusieurs reprises à côté d’un possible « hiver nucléaire », une planète rendue inhabitable par une guerre atomique. Comment affirmer que « l’arme atomique reste un élément stratégique clé » alors que plus personne ne croit à l’utilité des ogives nucléaires dans les conflits actuels. Comment laisser croire que le traité d’interdiction de ce genre de bombe affaiblirait encore un peu plus le traité de non-prolifération (TNP), alors que la Corée du Nord, l’Inde, Israël et le Pakistan développent leurs missiles en dehors de toute légalité internationale ? Faut-il accepter l‘impuissance totale des cinq puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU à réguler le feu nucléaire ? Comme l’exprime un commentateur sur le monde.fr, « Oui c’est : rentrez chez vous braves gens et laissez les grands dirigeants gérer votre monde, il n’y a rien à faire, 122 états ne comptent pas, l’opinion publique mondiale n’a aucun poids, le jury Nobel s’amuse, il n’y a là que du symbolique et de l’incantatoire, interdire des armes mais où avez vous vu ça?…. Vous trouvez cet article étonnant ? Perso, je le trouve honteux. »

L’éditorial du MONDE** le lendemain est heureusement plus objectif : «  L’enjeu tient en une question : combien de nouvelles puissances nucléaires dans les années à venir ? Le régime de non-prolifération est déjà mal en point. C’est justement cet effritement de la non-prolifération que dénonce, à juste titre, la coalition militante, l’ICAN. Elle a obtenu la signature de 122 Etats membres de l’ONU sur 192 au bas d’un projet de traité décrétant l’interdiction des armes nucléaires. Les signataires pointent le fait que les « Cinq » ne respectent pas leur part du TNP, qui leur impose de diminuer leur arsenal nucléaire – ce qu’ils ne font plus depuis quelques années. Le sabotage de l’accord de Vienne par M. Trump ne ferait qu’ajouter à cette irresponsabilité. »

Une tribune de Paul Quilès***, ancien ministre français la défense, devrait être lue et relue par Marc Semo : « La France, fermement opposée à ce traité d’interdiction des armes nucléaires, s’honorerait d’avoir une attitude plus ouverte. Au minimum, le président de la République devrait permettre que s’ouvre enfin le débat, toujours interdit dans notre pays, sur la pertinence et l’avenir de l’arme nucléaire.Non seulement la France ne désarme pas comme elle s’était engagée à le faire en signant le traité de non-prolifération (article VI), mais elle double les crédits pour développer des armes nucléaires inutiles et néfastes, aux dépends des besoins criants de nos forces armées. La dissuasion nucléaire est un dispositif lourd, coûteux, qui ne correspond pas aux besoins de notre sécurité. Personne ne croit véritablement à l’utilité de l’armement nucléaire dans les conflits actuels (Moyen-Orient, Afrique, Ukraine…) ou pour combattre le terrorisme. Il reste environ 15 800 armes nucléaires dans le monde… Pour ce qui me concerne, la réflexion qui a suivi la fin de la guerre froide et les nombreux contacts internationaux que j’ai pu nouer depuis cette époque m’ont ouvert les yeux sur le caractère approximatif des théories et des croyances quasi religieuses qui fondent le concept de dissuasion. J’ai pu aussi, avec le recul, réaliser l’influence déterminante du « lobby militaro-industriel » si bien dénoncé par le président Eisenhower. Le monde dans lequel nous vivons est en pleine mutation. Les hommes et les territoires sont de plus en plus interdépendants et, en même temps, de plus en plus crispés sur des identités souvent antagonistes. Dans ce monde complexe et incertain, où de nombreux facteurs d’insécurité se mêlent ou s’entrecroisent, il est devenu indispensable de repenser notre modèle de défense et de sécurité pour faire face aux risques et aux menaces du XXIe siècle. » N’oublions pas que les crises écologiques, choc pétrolier ultime, migrants climatiques en masse, stress hydrique généralisé… feront accroître les tensions géopolitiques à un point tel qu’appuyer sur le bouton rouge pourrait apparaître pour un dirigeant comme la solution obligée.

* LE MONDE du 9-10 octobre 2017, Un Nobel de la paix pour le désarmement nucléaire

** LE MONDE du 10 octobre 2017, Le Nobel, Donald Trump et le nucléaire

*** LE MONDE du 10 octobre 2017, Nobel de la paix : « Une reconnaissance internationale bienvenue »

1 réflexion sur “La folie du feu nucléaire entretenue par un journaliste”

  1. L’ Inde , menacée par les armes nucléaires du Pakistan , devrait donc les supprimer et attendre que le Pakistan , cette poubelle muzz , lui balance ses x têtes nucléaires sur la tronche .
    Bravo M. Quiles , encore un irresponsable comme tous ceux de sa clique , spécialistes de la théorie du fusil brisé et de la béance à autrui.
    Si elle ne générait pas autant de radioactivité , elle serait une arme antidémographique par excellence

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