La formation idéologique au PS, le néant

Pour un parti écologiste, une formation à l’écologie paraît facile. L’écologie scientifique a mesuré les différent paramètres de la détérioration de la planète par l’activité humaine, les décisions politiques à prendre en découlent quasi automatiquement (si les politiciens étaient écologistes). Le réchauffement climatique implique par exemple de réduire nos émissions de gaz à effet de serre par des réglementations et une carte carbone. Pour un parti « de gauche », c’est bien plus difficile car le modèle marxiste à la source des affrontement patrons/travailleurs pour le partage des fruits de la croissance est devenu obsolète. Au PS, le moins qu’on puisse dire est que le flou domine dans leur matrice intellectuelle. Ainsi cet article du MONDE en témoigne, résumé  :


« Le PS n’a plus de programme ni de vision. Derrière le mantra « justice environnementale/justice sociale », répété à l’envi durant les européennes, il est difficile de trouver une pensée articulée. Le PS doit dire enfin ce qu’on entend par conversion écologique de la société. La gauche, et en particulier le PS, s’est construite sur un idéal où la croissance économique et le progrès techno-scientifique permettaient les avancées sociales et le mieux-vivre. Pour les socialistes, ce qui structure le champ politique, c’est le social. Sortir d’un modèle qui permettait quasi automatiquement la redistribution n’est pas évident. L’urgence climatique et la dégradation accélérée des milieux naturels ont remis en cause cette pensée : difficile pour des générations qui ont construit leur imaginaire politique dans ce schéma de se projeter dans un monde de sobriété forcée. Peu de choses ont été élaborées dans le domaine de l’écologie. L’université d’été de La Rochelle, du 23 au 25 août, doit donner le coup d’envoi d’un travail plus profond. Selon Laurent Baumel, « Le cœur du problème, ce n’est pas notre retard programmatique mais le fait que nous n’émettions plus. Tant que la gauche sera émiettée, elle restera inaudible. »*


De toute façon le mot gauche ne veut plus rien dire du tout tant les écrits théoriques et les diverses pratiques sont innombrables et souvent contradictoires : marxisme-léninisme, stalinisme de la planification impérative, trotskisme et maoïsme, Titisme de l’autogestion, social-démocratie et populismes, etc. Les différents candidats « de gauche » à la présidentielle 2017 en témoignent, Benoît HAMON, Nathalie ARTHAUD, Philippe POUTOU, Jean-Luc MÉLENCHON. L’impossibilité de réunir ces différents courants était clairement établi e sans qu’on sache pourquoi il y aurait une véritable opposition doctrinale entre eux. Dans ce contexte, un sympathisant « de gauche » qui préférerait un parti directement écologiste serait logique. Il ne répéterait pas inutilement des mantras du type « mort au capitalisme » ou « le pouvoir est dans la rue ». Il montrerait que le social dépend des possibilités de notre milieu de vie et pas l’inverse. Il choisirait la gestion du long terme contre des politiques de court terme adossés aux marchés et à la financiarisation. Il choisirait les équilibres globaux à rétablir, que ce soit entre les humains ou avec les autres formes de vie. Il choisirait un nouveau paradigme qu’on peut résumer en « Dé », Décroissance, Démondialisaiton, Désurbanisation, Dévoiturage, effet Débond garanti. Le problème, c’est qu’aucun candidat ne portait ce message radical à la présidentielle 2017. Le problème c’est que beaucoup trop de militants en restent à l’idée « de gauche », même s’ils sont incapables d’expliquer de quelle gauche il s’agit.
Source : LE MONDE du 7-8 juillet 2019, Les socialistes cherchent leur nouveau paradigme (leur nouvelle doctrine)

1 réflexion sur “La formation idéologique au PS, le néant”

  1. Il n’y a rien d’extraordinaire que pour les socialistes ce soit le social qui structure le champ politique, c’est même le contraire qui poserait problème.
    Alain Hervé aurait dit (article précédent) : « Il faut me semble-t-il penser écologique avant de penser social. L’un détermine l’autre. Ce qui ne signifie pas que l’écologie néglige le social. » J’ai parlé de la poule et l’œuf … Bien sûr que l’un détermine l’autre, il ne peut pas y avoir de véritable écologie sans social et vice versa.

    « Selon Laurent Baumel, « Le cœur du problème, ce n’est pas notre retard programmatique mais le fait que nous n’émettions plus. Tant que la gauche sera émiettée, elle restera inaudible. »* »
    Le « cœur du problème » du PS comme des autres partis est le cadet de mes soucis. Aucun des grands partis ne tient la route, ils ne font du chiffre que sur le populisme, la plupart du temps au ras des pâquerettes. Pour moi le cœur du problème se situe dans les têtes. Et pratiquement toutes ! Dans celles des leaders des partis politiques, des syndicats, des entreprises, de nos « dirigeants » (qui ne dirigent rien) et bien sûr dans celles des « citoyens » (cons-ommateurs).
    Pour commencer le déni de réalité, présent dans toutes les têtes, on sait mais on ne veut pas y croire. Ajoutons-y une bonne dose de confusion (droite/gauche, vrai/faux, bien/mal, etc.) Rajoutons un zeste de fainéantise, bien accentuée par les machines, le sacro-saint Progrès (les robots, le numérique, la Bagnole etc. etc. ) Et puis la trouille !
    Pour moi il ne faut pas chercher plus loin.

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