La France ne peut nourrir que la moitié de sa population

Quelle est la population maximum que peut théoriquement accepter la France, avec ses propres ressources et au niveau de vie que l’on estime comme minimum décent (manger, se loger, se chauffer, s’éduquer, se soigner)… tout en préservant les écosystèmes qui nous fournissent tout cela ? Cette question fondamentale n’est jamais posée. Notre correspondant Jean-Marc Tagliaferri nous donne quelques éléments de réponse.

Aux deux dernières périodes « sans pétrole »  c’est à dire  avant 1900 et entre 1941 et 1944, le sol français abritait entre 39 et 40 millions de personnes, qui se nourrissaient dans le premier cas et qui survivaient à peine dans le second (on estime que l’Allemagne pompait en France de quoi nourrir 10 à 15 millions de personnes) SAUF :

1°) qu’à la première période la France possédait plusieurs millions de chevaux de trait (on les a encore utilisés en 1914 voire en 1940), des boeufs de labour,  des ânes et des mulets. Tout cela a disparu. Donc sans énergie fossile, la productivité des champs sera moindre, à la fois parce qu’ils ne seront pas désherbés et qu’ils ne seront pas fumés ! Quand à la permaculture, certes ça peut très bien marcher, mais ça ne s’improvise pas du jour au lendemain (et mon copain permaculteur passe 10 heures par jour dans ses 1000m2, rien à voir avec le jardin d’Eden où on tend la main de son hamac quand on a faim! 🙂

 2°) qu’à l’époque les sols français étaient vivants, épais, riches en humus, les entreprises chimiques n’ayant pas encore eu à écouler leurs surplus d’explosifs comme engrais et la majorité des exploitations fumant les sols avec les déjections animales et humaines !

 3°) qu’en outre la plupart des français ne mangeait pas de la viande ou du poisson à tous les repas comme une bonne partie le fait maintenant, ce qui diminuait la demande globale.

 4°) qu’un certain nombre d’infrastructures ne sont plus disponibles, par exemple les petits canaux d’irrigation qu’on a laissé se dégrader et qui pour la plupart ne sont plus alimentés par des rivières qui s’assèchent grâce aux « aménagements » dont elles ont bénéficié. Certes il y a de grands ouvrages qui survivront au post-pétrole (barrages, grands canaux) mais pour la plupart ils nécessitent des systèmes de pompage , des tuyaux et des arroseurs et l’énergie pour les faire fonctionner. Ajoutons que lee 1/3 des terres agricoles de l’époque sont parties en forêt ou en urbanisation, autoroutes, TGV, etc. Donc mon pronostic est que le territoire français actuel pourrait nourrir durablement peut-être 30 millions de personnes « sobres » s’il venait à être privé d’engrais et de pétrole pour les machines agricoles, si on trouvait une dizaine de millions de bras pour aller remplacer les machines et si on adoptait des pratiques culturales aptes à sauver les sols.

 En réalité ceux qui veulent des immigrants supplémentaires se trompent quand ils croient que nous allons économiquement bénéficier de la présence des dentistes et écrivains du Moyen-Orient.  Pour être très cynique, les seuls immigrants « utiles » désormais sont ceux qui savent survivre en grattouillant une terre hostile, mais j’ai l’impression que c’est en train de devenir une denrée rare, car il n’y a pas qu’en France que l’éducation des jeunes est catastrophique du point de vue pratique : combien de jeunes africains qui survivent dans les bidonvilles de cités millionnaires  sauraient-ils cultiver un jardin? Je ne pose même pas la question pour les jeunes français, j’ai déjà eu la réponse avec mon neveu et mes nièces:-)

7 réflexions sur “La France ne peut nourrir que la moitié de sa population”

  1. Je me méfie tout de même de cette conclusion selon laquelle « La France ne peut nourrir que la moitié de sa population ».
    Déjà, nourrir ne veut pas dire gaver. N’oublions pas non plus le gaspillage, tout ce qui va à la poubelle. Nous sommes aujourd’hui dans une situation paradoxale où grosso-modo nous exportons ce que nous produisons et consommons (mangeons) ce que nous importons.
    Avant de parler de surnombre je pense que nous devrions réfléchir au monde que nous souhaitons construire. Bien évidemment, un monde durable, mais un monde où on n’aurait pas nécessairement besoin de bosser comme des boeufs jusqu’à la mort. Un monde dans lequel vivre ne voudrait plus dire se gaver, s’agiter, et jouir comme des porcs… toujours plus.

  2. Pour revenir à 40 millions (au lieu de 30 millions) d’habitants en France, cela veut dire plus (au sens de plus du tout) d’allocations familiales, plus (idem) d’immigration, beaucoup moins de viande, l’exode urbain, la semaine de 48 heures et la retraite à 70 ans. Tout cela nécessiterait une grosse dose de forces de l’ordre et un pouvoir politique très très clairvoyant ! Considérons aussi que 40 millions de Français, cela veut dire qu’il aurait été nécessaire de faire disparaître d’une manière ou d’une autre les 25 millions de personnes « en trop » par rapport à la population française de 2017 (65 millions).

  3. Très intéressant. Il faudrait aussi ajouter que ce pronostic ne prend pas en compte les données concernant un climat en évolution rapide au cours du XXIè siècle, compliquant sérieusement la définition de ce que pourrait être une agriculture « durable » pour notre pays.

  4. Bigre , mon commentaire a été effacé une fois de plus pourtant il n’ était guère musclé .

  5. Les pays les moins densément peuplés à la natalité basse sont les seuls à pouvoir s’ en sortir en cas de coup dur orchestré par dame nature qui en connaît un rayon en la matière car leurs ressources seront suffisantes pour nourrir les habitants locaux relativement peu nombreux. Perspicace Malthus qui avait vu clair avant tous les autres et cela au 18 ème siècle !
    Les ecologauchistes (nouveau pléonasme) nous expliqueront que l’ on peut densifier un pays ad ultima pourvu que chacune accepte de vivre dans des monades urbaines en adoptant des comportements alimentaires de paysans indiens faméliques . Le gauchisme alias mondialisme ou libertarisme , cette grave maladie mentale et la lucidité , ne vont pas ensemble

  6. Tout ce que dit cet article est hélas vrai, ajoutons en plus que pourtant la France est un des grands pays d’Europe les moins densément peuplé. La situation est encore bien pire en Allemagne, en Grande Bretagne, en Italie, en Belgique, aux Pays bas..
    Par ailleurs, pour compléter ce que vous dites Palmier, ajoutons que si beaucoup de paysans dans le Tiers Monde n’ont pas de foncier agricole c’est aussi (pas seulement mais quand même, et cela sera de plus en plus vrai) à cause de l’explosion démographique.

  7. Pour diminuer les migrations, il faudrait mieux former et aider les Africains aux métiers de la terre. Paysans sans frontières ! D’autant plus, qu’il y a dans le tiers-monde, trop de paysans sans foncier agricole, voilà une des sources des migrations.

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