la fuite éperdue des politiques devant la taxe carbone

Contradictions, contradiction des contradictions, tout n’est que contradiction. Une ministre de l’écologie veut faire de l’écologie… le premier ministre Jean-Marc Ayrault la vire. Quelques bonnets rouges manifestent contre l’écotaxe, la  taxe poids lourds, Jean-Marc Ayrault baisse la culotte. L’éditorial du MONDE* le conseille, la mise en place immédiate et en augmentation constante d’une taxe sur le carbone est absolument nécessaire pour enrayer le réchauffement climatique : « Ne pas le faire conduira, à l’évidence, à des situations plus ingérables encore. » Mais dans le même numéro, un long article réhabilite sans complexe l’esprit 4×4 en faisant le panégyrique du « Duster » qui rapporte gros à Renault mais n’échappe pas au malus écologique. D’un côté il faut taxer le carbone pour bâtir la civilisation de l’après-pétrole, de l’autre on est prêt à prendre les armes pour continuer à rouler librement. Même le REDD (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) ne fait pas l’unanimité.**

Les politiques font n’importe quoi, le président français de droite Sarkozy a abandonné la  taxe carbone, le président de gauche qui lui succède, François Hollande, fait pire : il s’empresse de diminuer le prix de l’essence. En Australie les travaillistes (la gauche) mettent en place des outils de lutte contre le réchauffement, dont la taxe carbone. Le gouvernement conservateur (la droite) qui lui succède veut faire l’inverse et c’est un « ministre de l’environnement » qui défendra un texte anti-écolo***. Autant dire que le sommet annuel sur le climat qui se tient à Varsovie jusqu’au 23 novembre débouchera sur du vent. D’autant plus que le gouvernement polonais défend ardemment sa production de charbon dans le même temps qu’il reçoit cette conférence. Contradictions, tout n’est que contradiction.

Alors, écoutez attentivement ce sage indien : « Nous avons décidé que nous n’avions pas besoin de l’argent du programme REDD****. Nous avons des châtaigniers, des fruits, du bois. Nous savons gérer notre forêt. Qu’ont à nous apprendre ces ONG**** qui n’ont même pas un morceau de terrain ? » Seul le rapport direct avec la nature réconcilie les contraires.

* LE MONDE du 15 novembre 2013, Catastrophes climatique : non au fatalisme

** LE MONDE géopolitique du 15 novembre 2013, Indiens contre « carbon cowboys »

*** LE MONDE du 16 novembre 2013, L’Australie saborde ses outils de lutte contre le changement climatique

**** Des ONG (Organisations Non Gouvernementales) font les intermédiaires à titre payant pour vendre le carbone sauvegardé dans une forêt à des entreprises qui vont s’empresser en contre-partie d’émettre beaucoup de gaz de serre ailleurs. C’est le mécanisme de la REDD (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts), une des facettes de la compensation carbone, ce qu’on appelait il y a bien longtemps le trafic des indulgences : rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché pardonné, ce qui se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes.