La génétique, terrain de jeu des racistes

Payton Gendron avait des lectures parfois puisées dans des revues scientifiques…à Buffalo dans un supermarché, il a abattu dix personnes afro-américaines à l’arme automatique. Tout, écrit-il dans son testament, est affaire de gènes : les humains à peau sombre n’auraient pas les bons. Et personne n’y peut rien ! C’est « la science » qui en atteste. Dans Nature Genetics  une analyse génomique publiée en 2018 estime que des traits aussi complexes que l’intelligence et la réussite scolaire sont inscrits pour une part substantielle dans nos gènes. Bien que publié dans une revue majeure, ces travaux n’ont aucune valeur scientifique et ne servent que de matériel de manipulation.

Stéphane Foucart : Mille fois réfuté, l’héréditarisme revient hanter les sciences de la vie. Une idée dont « il ressort invariablement que l’infériorité des groupes opprimés et désavantagés – races, classes ou sexes – est innée, et qu’ils méritent leur statut ». Certains traits tels que la stature et le groupe sanguin sont bien sûr héritables ; de même que certains facteurs génétiques sont indubitablement des causes de maladies « monogéniques ».

Les travaux cherchant des causes génétiques à des traits sociaux complexes comme la réussite scolaire, l’intelligence ou les préférences sexuelles reposent sur des principes tout autres. Il s’agit de rechercher au sein d’une population des différences statistiques sur l’ensemble du génome des individus, en tentant d’identifier les marqueurs plus probablement présents chez certaines personnes. On calcule alors un « score polygénique » pour chaque individu, par comparaison avec la population étudiée (par exemple ceux qui ont fait des études longues). Premier problème, les “scores polygéniques” ne donnent pas d’explication causale, ils n’en sont que des marqueurs. . La démarche peut relier des marqueurs génétiques à toutes sortes de choses, comme le type de café préférés et bien d’autres traits subjectifs et mal définis. Cette « naturalisation » rampante de la hiérarchie sociale – les riches seraient riches parce que génétiquement mieux équipés que les pauvres – ulcère nombre de biologistes. « La génétique montre que toute affirmation d’une supériorité en fonction d’une ascendance génétique ne repose sur aucune preuve scientifique », explique l’American Society of Human Genetics. Mais, lorsque des scientifiques peu scrupuleux proposent des méthodes pour découvrir les causes du cancer ou de l’illettrisme, les financements affluent.  En septembre 2021, dans un billet en forme de contrition, le rédacteur en chef de Science reconnaissait qu’au début du siècle passé la célèbre revue avait « joué un rôle honteux et notable dans l’acceptation scientifique de l’eugénisme aux Etats-Unis et dans le monde ».

Le point de vue des écologistes

Une donnée manque dans l’article, la spécificité de notre structure cérébrale par rapport au reste de notre corps. Les neurones se multiplient, mais ils n’ont pas un rôle prédéterminé, ils doivent attendre que les connexions entre neurones se fassent au fur et à mesure des influences du milieu social environnant, et ce même avant l’accouchement. Un milieu musical va forcément induire des dispositions à la musique, un milieu bilingue va faciliter le bilinguisme des enfants, etc.. Nous ne sommes pas dans notre comportement un être de nature, mais un humain conditionné par la société, soumis à des codes culturels. Les différences ente nous ne dépendent même pas du nombre de neurones, il est à peu près le même pour chacun d’entre nous, à peu près 86 milliards. Elle dépend de la quantité de connexions que les neurones établissent entre eux, environ 1000 à 10 000 pour chacun d’entre eux. Au total, le cerveau a une capacité de stockage d’environ un million de milliards de gigaoctets, un nombre gigantesque quand on sait qu’un ordinateur de maison dispose de 1000 gigaoctets. c’est le cerveau qui nous relie à tous nos sens. C’est la stimulation (ou non) de tous nos sens par le milieu socio-familial qui fera notre intelligence (ou notre bêtise). La socialisation primaire faite par la famille puis secondaire grâce aux contextes socioculturels traversés construit notre intelligence ; un bébé pygmée ou un futur suprémaciste blanc ont le même potentiel cérébral à la naissance. Expliquez-moi le milieu trumpiste dans lequel Payton Gendron a certainement été élevé, et je vous dirais pourquoi il s’est lancé dans une tuerie, mais il aurait pu aussi bien envahir le Capitole…

Lire, Le comportement résulte d’une socialisation, pas de l’ADN

L’écologie s’intéresse aux différentes relations que l’espèce humaine entretient avec son milieu de vie. Or nous sommes des animaux qui avons trouvé la bonne/mauvaise idée d’avoir un mot à la place des choses. C’est en codant à l’intérieur de notre cerveau les représentations des autres en action, en reprenant la réalité comme dans un miroir installé dans nos neurones, que nous nous comprenons mutuellement ou que nous nous faisons la guerre… Mais il est très difficile de faire comprendre cela a des esprits intoxiqués par leurs préjugé.

Laurent Alexandre consacre son existence à la glorification de l’ADN (il est président de DNAVision). il avait carte blanche au MONDE, se permettait d’y écrire : « Toutes les études relativisent le rôle de l’école. La réussite et les capacités intellectuelles sont fortement dépendantes du patrimoine génétique. Partager un environnement commun (famille et éducation) n’explique qu’environ un tiers des différences cognitives. Autrement dit, l’école et la culture familiale ne pèsent pas beaucoup face au poids décisif de la génétique, qui compte pour près des deux tiers dans nos différences intellectuelles. »

Bien entendu il ne présentait aucune preuve de cette affirmation gratuite ! Le médiateur du MONDE Franck Nouchi donnait en 2016 un carton rouge à Laurent Alexandre : « Laurent Alexandre réitère, sans l’étayer, l’affirmation selon laquelle « notre quotient intellectuel, in fine, n’est déterminé par notre ADN qu’à hauteur d’un peu moins des deux tiers ; le tiers restant étant lié à l’école, la stimulation familiale, l’environnement et l’alimentation» ». (LE MONDE du 6 février 2016, carte blanche et carton jaune). Lorsqu’un expert prétend exprimer une quantification génétique de l’intelligence au nom de l’état des savoirs, il s’agit à nos yeux d’un manquement caractérisé à l’éthique scientifique. (tribune signée par 20 scientifiques dans LE MONDE science du 25 avril 2018)

Lire, Fake news en génétique avec Laurent Alexandre ?

15 réflexions sur “La génétique, terrain de jeu des racistes”

  1. La génétique et le racisme est un vieux fantasme
    Le racisme c’est de la haine.
    Rien à voir avec la génétique.
    un zygote a un capital de gènes qui vont déterminer le développement des organes du fœtus y compris le cerveau.
    tous les embryons sont différents, beaucoup ne survivent pas à cause de déficiences génétiques et/ ou chromosomiques.
    Donc un bébé est aussi le fruit de ses gènes.
    Un individu aura une taille de 1,6 m et l’autre 2,1 m.
    Pourquoi le développement initial du cerveau serait uniforme?
    Un cerveau est un assemblage de connexions neuronales et d’imprégnations neuro hormonales fruit d’un déterminisme génétique et d’un développement embryologique dépendant de son environnement.
    Ensuite, le développement du cerveau chez un individu dépend de son environnement socio-économique
    Donc le racisme n’a rien à voir avec la génétique sauf pour ceux qui veulent faire des amalgames.

    1. « Ensuite, le développement du cerveau chez un individu dépend de son environnement socio-économique »

      C’est aussi un facteur, mais ce n’est pas le facteur unique et encore moins le facteur principal ! Pour preuves, la QI moyen des français baisse ! Et il baisse proportionnellement aux importations de migrants sur notre sol ! Regardons pour preuve les écoles dans les banlieues ! Ces banlieusards bénéficient pourtant de meilleurs moyens d’éducation que les français causasiens qui habitaient ces mêmes banlieues dans les années 50/70 ! Pourtant le niveau en français, en mathématique et en sciences s’effondre dans ces banlieues ! Pourtant, on parvenait à former des ingénieurs, des médecins, des chercheurs et des architectes dans ces banlieues dans les années 50/70, mais c’était des caucasiens ! Et là les africains qui fréquentes ces mêmes écoles ne parviennent pas à atteindre un même niveau de connaissances ! C’est donc bien génétique !

      1. Tomber amoureux ! Les neuroscientifiques ont décrit une véritable tempête chimique impliquant conjointement l’ocytocine, la vasopressine, le cortisol, la sérotonine, la dopamine et la testostérone lorsque nous sommes amoureux. Parallèlement, cet état particulier active un vaste réseau comprenant le noyau caudé, le putamen, l’aire tegmentale ventrale, l’insula, l’amygdale, le cortex cingulaire, le globus pallidus, la substance noire, les noyaux raphé, le cervelet ainsi que le noyau accumbens, le thalamus et diverses régions corticales… ! A croire qu’une bonne partie de notre cerveau est concernée par l’amour avec un grand A…

        Où est la détermination génétique qui nous fait préférer XX plutôt que XY?

    2. @ Thierry SP. Le titre de Biosphère est pourtant clair. Il est dit que la génétique est le “terrain de jeu des racistes”. Et je suis d’accord avec ça, bien sûr.
      Personne ne peut nier que les racistes ont toujours cherché à expliquer telles ou telles caractéristiques par la génétique (science). Ce Payton Gendron n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, il est généticien comme moi… et raciste comme qui vous voyez, ne serait-ce qu’ici.

      1. Le concept de Biosphère qui défini que les racistes utilisent la génétique pour justifier leur dogme est certainement vrai et c’est bien pour cela qu’il faut démonter cet amalgame.
        Par contre , j’ai fort peur l’amalgame inverse soit dans la tête de beaucoup. « La génétique aboutit au racisme »
        Eh bien , je dénonce aussi cet amalgame.

      2. Si la génétique aboutit au racisme … c’est parce que la science (la connaissance) est de plus en plus remise en question. Et c’est là un grave problème.
        Aujourd’hui on peut croire en n’importe quoi, et se servir de telle ou telle étude (et «étude») pour soutenir sa théorie. On l’a très bien vu avec le dérèglement climatique, avec le Covid, le Vaccin etc. Et c’est bine sûr la même chose avec cette notion de race, aujourd’hui réfutée par une très large majorité de généticiens.
        Il faut juste comprendre que nous avons tous tendance à croire ce qui nous arrange. Ce qui explique que certaines vérités (scientifiques), comme ici dans le domaine de la génétique, sont difficiles à avaler pour ceux qui tiennent à leur identité. Et ces gens là ce sont les racistes. Il faut bien appeler un chat un chat.

  2. Évidemment que l’intelligence est liée à la génétique ! On le voit très bien la différence entre les différents groupes d’espèces (lion, chien, chat, humain, oiseaux, poissons) que parmi un groupe d’espèces; par exemple entre les différentes races de chiens, où certains chiens sont plus intelligents que d’autres et donc dressables pour conduire des aveugles, identifier les drogues, etc ! S’il existe des différentes dans chacun des groupes d’espèces alors il en est de même pour les différentes races d’humains ! Mais le simple fait d’énoncer cette réalité concrète dans les faits, fait pousser des cries d’orfraie à la gauche qui qualifie de racistes tous ceux qui énoncent cette vérité ! Or le fait de nier cette vérité en faisant l’autruche ou en brimant ceux qui la perçoivent, met en échec toute politique de développement en Afrique !

    1. C’est de la logique pourtant facile à comprendre ! Et ben là non, ça veut se multiplier sans prendre en considération sa propre capacité de pouvoir élever dans de bonnes conditions ses progénitures ! En dehors des espèces humaines, il n’y a que les animaux qui veulent se multiplier à gogo sans prendre en considération les ressources disponibles et sa capacité d’éduquer ses progénitures.

      Après vous pouvez brailler tous les jurons « c’est faux, c’est pas vrai, c’est du racisme et bla bla bla bla bla), vous pouvez croire naïvement à des idéologies égalitaristes, pour autant ça ne changera rien la vérité, car la vérité ne peut pas être altérée par des idéologies, ce n’est pas des idéologies qui vont fournir des neurones supplémentaires aux crétins à gérer !

    2. Et comme je dis, tant que vous nierez cette vérité concernant cette intelligence génétique alors aucun dispositif, aucune politique et aucune mesure ne seront suffisamment adaptés pour diriger ces individus ainsi que de les faire vivre dans de bonnes conditions ! Donc puisque rien ne sera fait alors les désastres se multiplieront et s’amplifieront en Afrique ! Les idéologues de gauche restent aveugles aux résultats pourtant très visibles sur ce continent !

      Enfin, comme je dis toujours, sur Terre, avec les populations vieillissantes d’Asie (Chine et Japon principalement) et d’Europe/Amérique nord, et ben on se retrouve à être de moins en moins d’individus intelligents pour devoir gérer des individus peu intelligents de plus en plus nombreux !

    3. Plus sérieusement … si tu tiens à être crédible, dis-nous au moins d’où te viennent autant de compétences en génétique. Dis-nous déjà tes titres (docteur ou professeur en quoi exactement ?), où tu as fait tes études dans ce domaine, qui ont été tes maîtres etc. Mais ça bien sûr, c’est dans le cas où ton «savoir» est de l’acquis. Maintenant si c’est de l’inné, alors là on ne peut que rigoler.

  3. – Quelle influence de la génétique sur nos capacités et nos aptitudes ?
    1 août 2016 – sur le site Apprendre à apprendre.com
    ( Interview de Regis Mache, biologiste, Professeur Emérite à l’université Joseph Fourier et responsable du groupe d’éthique inter-universitaire de la recherche ) Extrait :

    – « Si le gène de l’intelligence ou celui qui détermine le QI n’existe pas pourquoi on en entend parler parfois ?
    Difficile à dire, mais ceux qui diffusent cela sont des personnes qui n’ont pas de connaissances en génétique ou des conclusions qu’on peut tirer valablement d’une expérience. Elles véhiculent certainement cette information (au demeurant absurde) sous le filtre de son impact médiatique. Effectivement dire qu’il y a un gène du QI n’a pas de sens. Et puis le problème est de déterminer ce qu’intelligence veut dire. »

    On sait qui est Laurent Alexandre, on sait pour quoi il rame, on connait ses idées etc.

    1. Cet autre article parle justement de lui. Et de Biosphère aussi.
      – Notre comportement vient-il de notre ADN ou de notre socialisation ?
      ( 7 FÉVR. 2016 – blogs.mediapart.fr ) Extraits :

      – « Cette question s’inscrit dans l’éternel débat sur le rapport entre l’inné et l’acquis […]
      En d’autres termes, lorsqu’on est de droite, ce sont nos gènes qui déterminent notre comportement alors que lorsqu’on est de gauche, c’est l’environnement. »
      ( Baptiste Libé-Philippot, neurobiologiste )

      Voilà donc que Biosphère est de gauche. 🙂

      1. Plus sérieusement. Voici ce que dit plus loin ce neurobiologiste :
        – « Il y a donc à chaque génération une transmission génétique et culturelle et ce que nous sommes est 100% dû à nos gènes et 100% dû à notre environnement. »

        Voilà donc qui est suffisamment clair, et qui devrait suffire à en calmer plus d’un, on peut toujours rêver. Voilà donc que là encore la pensée binaire ne suffit pas à comprendre le monde. Décidément tout est bien plus complexe que le voudraient les simplistes.
        Prétendre que la génétique joue à 79,25 % dans tel ou tel comportement, et à 74,75 % dans le QI (j’ai évidemment mis ces chiffres au pif) … et/ou que les Africains sont fainéants et idiots «par nature» (comme trop souvent lu et l’entendu ici ou là) … ne repose évidemment sur rien de sérieux. Et comme par hasard, c’est toujours du même côté que penchent ceux qui tiennent ces discours.

  4. Pour l’instant, l’effet des gènes est évalué autour de 70-80%, ce qui, si confirmé, laisse pas mal de marge de manœuvres… Pour ma part, je pense qu’il faut d’emblée négliger l’effet génétique pour des raisons humaines. Je ne saurais pas argumenter, pour l’instant, avec certitude que c’est scientifiquement négligeable. Par contre il ne fait pas l’ombre d’un doute, que quelque soit la conclusion trouvée, ça ne justifie d’aucune manière la violence d’un groupe envers un autre.

    1. Bonjour, je me permets de répondre à votre argument de 70-80 % d’effets des gènes.
      Je pense que quand on parle de science il faut éviter les chiffres hasardeux.
      Les gènes déterminent totalement notre corps (fœtus pour faire simple) mais ce développement subit aussi l’environnement du développement. Si la maman de mange pas assez ou ingère des produits toxiques , etc.
      Donc notre corps évolue et se renouvelle tout au long de notre vie en fonction de ce que nous en faisons. Nos idées sont le fruit du fonctionnement de tout notre corps et de nos expériences de vie.
      Mais toutes ces idées sont aussi le fruit du corps qui s’est formé lors de l’embryogenèse et nous ne pouvons pas lutter contre cela. C’est juste un fait. Il faut faire avec.
      Nous sommes un homme ou une femme. C’est un fait . Etc.

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