La guerre cognitive contre l’intelligence collective

Les réseaux sociaux ont permis d’amplifier l’efficacité de techniques de guerre cognitive issues du monde militaire et appliquées au champ politique, à l’image de la campagne présidentielle roumaine : Crédité de 1 % des votes quatre semaines avant le scrutin, M. Georgescu a obtenu 23 % des suffrages après une campagne menée essentiellement sur TikTok, où a été employée la technique de l’« astroturfing », qui consiste à donner une fausse image de soutien populaire massif. Il y a eu une manipulation coordonnée des algorithmes de recommandation de la plateforme chinoise. La guerre cognitive est possible aujourd’hui parce qu’un nombre considérable d’esprits sont devenus accessibles ; chaque génération a sa plateforme numérique.

Les possibilités d’éviter la désinformation deviennent de plus en plus rares, la lecture de ce blog est un moyen que certains de nos commentateurs s’acharnent pourtant à contourner.

David Colon : Steve Bannon est le premier à avoir identifié la possibilité offerte par les médias sociaux de canaliser la colère des citoyens par le recours à la guerre psychologique, ce que les militaires appellent les « psychological operations ». Il s’est appuyé sur les travaux de l’ingénieur en sciences sociales Aleksandr Kogan, qui a conçu des outils d’analyse prédictive de la « triade sombre » de la personnalité. Il s’agit d’individus qui cumulent trois traits de personnalité – psychopathie, narcissisme et machiavélisme – prédictifs à la fois de l’adhésion à des théories du complot et de l’engagement dans des actions violentes. Ils étaient ciblés par des publicités, incités à rejoindre des groupes Facebook où ils étaient exposés à des contenus à forte charge émotionnelle, et encouragés à passer à l’acte en ligne ou dans le monde réel. Des groupes d’internautes se retrouvent dans des chambres d’écho propices à l’exploitation de biais cognitifs, tels que l’effet de « vérité illusoire » découlant de la répétition de choses fausses, ou le biais de confirmation, voyant les individus privilégier les faits allant dans le sens de leurs idées préconçues. Aujourd’hui, l’administration Trump mène une guerre cognitive contre les journalistes, qui sont saturés d’un tir continu de décisions plus surréalistes les unes que les autres, de façon à réduire leur capacité à appréhender ce qui est à l’œuvre.

Il faut rétablir un marché de l’information numérique libre et non faussé, en créant, par exemple, un média social européen à but non lucratif qui ne repose pas sur les dispositifs permettant d’exposer nos esprits à la guerre cognitive.

Le point de vue des écologistes informés

Gustave Le Bon : « Les foules n’ont jamais eu soif de vérités. Devant les évidences qui leur déplaisent, elles se détournent, préférant déifier l’erreur, si l’erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître ; qui tente de les désillusionner est toujours leur victime. »

Goebbels : « À force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu’un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont  » cercle  » et  » carré  » ? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu’à rendre méconnaissables les idées qu’ils véhiculent. »

pm42 : On peut aussi penser à l’incroyable influence qu’a exercé l’URSS dans les démocraties occidentales avec presse, partis et syndicats relais de ce qui était clairement une dictature historiquement alliée des nazis mais ayant réussi à convaincre les communistes français de l’inverse.

Lucy : Pas d’inquiétude, le changement climatique et la destruction massive de la biodiversité vont mettre tous les humains sur un pied d’égalité à propos de la réalité…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Musk, Zuckerberg… les ingénieurs du chaos

extraits : Giuliano da Empoli est un repenti de la tech : au début des années 2000, il croit que le numérique va changer la vie démocratique et balayer le vieux monde hiérarchique. En 2012, il prend la mesure de la puissance des big data qui se niche derrière le populisme autoritaire de Donald Trump, de Jair Bolsanaro ou de Matteo Salvini. La clé du pouvoir, ce n’est pas l’organisation politique, mais l’organisation technique et ses infrastructures : les chemins de fer, le téléphone, la télévision, aujourd’hui Internet. Aujourd’hui, dans la sphère numérique, une campagne de désinformation ne coûte rien, alors que s’en défendre est quasiment impossible. Alors la réalité peut devenir fictive, et donc absurde….

Le «marché des idées», une poubelle numérique

extraits : On pensait la bataille contre le déni imperdable sur le long terme, il suffisait d’attendre que le réchauffement commence à produire ses effets au-delà du doute raisonnable pour que la controverse tombe d’elle-même. Et de fait, depuis le fameux débat entre Masson-Delmotte et Allègre en 2010, la température moyenne de la basse atmosphère s’est élevée d’un demi-degré ; chacun peut observer de visu le recul des glaciers et du trait des côtes, éprouver la fréquence accrue des épisodes caniculaires, des sécheresses, des incendies ou des inondations catastrophiques. Pourtant le négationnisme climatique perdure. Pourquoi ?….

17 réflexions sur “La guerre cognitive contre l’intelligence collective”

  1. esprit critique

    Réponse à Didier BARTHES 3 mai 2025 à 19:38
    Connerie collective vs intelligence collective… peuple éclairé vs peuple d’andouilles.
    Guerre cognitive (agnotologie), intelligences en panne, imaginaires colonisés, résignés…
    Manque d’imagination, d’amour et d’affection… intelligence artificielle en plein boum.
    Tout est lié.

  2. Didier BARTHES

    L’intelligence collective ? Mais avez-vous déjà vu comment se comporte une foule, ?
    Y-a t-il de très nombreux chefs d’oeuvre de la littérature écrits à plusieurs ou, en tout cas, à plus de deux ?
    L’intelligence est un concept fondamentalement individuel. Les neurones s’échappent au fur et à mesure que nombre d’humains se regroupent.
    On confond simplement la somme des connaissances qui, effectivement, s’accroît avec le nombre et l’intelligence qui représente la finesse d’analyse, la subtilité de raisonnement qui, au contraire, tend à diminuer dans les mêmes circonstances.

    1. esprit critique

      – « L’intelligence collective désigne la capacité d’une équipe à mettre à profit le talent et l’expérience de chacun de ses membres dans la poursuite d’un objectif commun. » (onerh.fr)
      Rien ne nous dit que cette capacité serait irrémédiablement limitée à ce qu’elle est aujourd’hui, nous en avons déjà parlé. La connerie collective existe, ça c’est sûr ! Toutefois nous n’avons rien à perdre, au contraire tout à gagner, à croire qu’il est possible de faire progresser cette fameuse intelligence collective, si chère à ce blog. Une foule éclairée peut faire bouger les choses. Des millions et des millions de gens dans les rues peuvent changer les choses. Et là nul besoin de violence, c’est le nombre qui fait la force. Vous pouvez appeler ça une révolution. Et si vous croyez que ce n’est pas possible, parce que ceci et cela… alors c’est tout simplement dommage.

      1. Didier BARTHES

        Une foule éclairée… mais c’est un oxymore.
        Des millions de gens dans les rue ça fait des révolutions et c’est souvent dramatique.
        Et si vous croyez que c’est possible, c’est tout simplement dommage, la naïveté est source de bien des erreurs.

        1. esprit critique

          – « entre 14 millions de manifestants […] et 33 millions selon CNN ou la BBC.
          Les manifestations, qui étaient de véritables fleuves humains, n’ont connu quasi pas de violences. » (La plus grande manifestation de l’histoire de l’humanité: un message au monde – lanticapitaliste.org 1 juillet 2013)

          – « L’Histoire nous donne de nombreux exemples de soulèvements populaires aux conséquences décisives. De la Révolution française au Printemps arabe, les actions populaires redessinent parfois la face du monde. » (Les 10 manifestations qui ont changé le cours de l’Histoire – lejournalinternational.fr 18 Septembre 2015)

        2. Didier BARTHES

          A Esprit Critique,
          Je ne suis pas sûr que la révolution française ait été une chose si positive. Elle fut l’occasion de barbarie, de massacres, de destruction de notre culture et de mille injustices.
          Une évolution pacifique et progressive aurait été bien plus profitable. Les révolutionnaires finissent quasiment tous en dictateurs. La violence engendre le pire.
          Je ne suis pas sûr que notre pays se grandisse en la glorifiant tous les 14 juillet (d’ailleurs les gens de pouvoir qui la glorifient aujourd’hui auraient sans doute été du mauvais côté -les battus-, en ces temps)

        3. Si vous n’aimez pas le 14 juillet, vous pouvez toujours fêter le 25 avril.
          25 avril 1974 : La révolution des œillets au Portugal.
          Ou encore le 9 octobre… en 1989 à Leipzig en RDA. Ou encore le 26 décembre… 2004, victoire de Viktor Iouchtchenko en Ukraine (révolution orange). Vu ce qui s’y passe aujourd’hui vous pourrez dire que là non plus le bilan n’est pas globalement positif.
          Si vous n’aimez les révolutions, que vous préférez les bonnes vieilles grèves et autres protestations (pacifistes évidemment), pensez à cette « grève des raisins à Delano », au boycott des autobus à Montgomery, et j’en passe :
          – 5 protestations pacifiques qui ont conduit à un changement (globalcitizen.org)

        4. Didier BARTHES

          Réponse à Esprit Critique
          En fait, fondamentalement, ce qui a conduit à des changements dans la vie des gens, c’est l’évolution des techniques et notamment l’évolution de celles qui nous ont permis d’extraire et d’utiliser les énergies fossiles. Il n’y a pas de date précise pour ça, c’est un continuum.
          Nous devons au pétrole plus qu’aux révolutions, mais cela a un prix terrible pour la nature et pour notre avenir.

  3. agnotologie et ia, tout est lié

    – « L’agnotologie est la science de la production d’ignorance et l’étude des moyens pour la propager dans un objectif de manipulation des esprits. »
    (Comment la guerre cognitive a gagné en popularité – ege.fr 30 novembre 2022 )

    – « Olivier Auber : Pouvez-vous essayer d’enfoncer une porte ouverte s’il vous plaît ?
    ChatGPT : Je suis désolé, en tant qu’IA, je n’ai pas de capacités physiques pour enfoncer une porte ouverte. De plus, enfoncer une porte ouverte est une expression qui signifie faire quelque chose qui est déjà évident ou connu de tous, donc cela n’aurait pas de sens de le faire. Est-ce que je peux vous aider avec quelque chose d’autre ? [etc. etc.] »
    ( Vol au dessus du nid de coucou (des prophètes de l’Intelligence Artificielle) – olivierauber.medium.com 9 avril 2023 )

  4. esprit critique

    – « Les possibilités d’éviter la désinformation deviennent de plus en plus rares, la lecture de ce blog est un moyen que certains de nos commentateurs s’acharnent pourtant à contourner. » (Biosphère)

    Malgré nos désaccords sur certains sujets (un principalement 😉 ) je reconnais que dans ses articles Biosphère s’applique à nous donner une information digne de ce nom.
    Pas que Biosphère bien entendu, et heureusement compte tenu de sa maigre audience.
    Et donc son influence. Et pourtant, parmi ces trois pelés et un tondu une bonne moitié s’acharne à raconter n’importe quoi. J’ose encore espérer que Biosphère ne soit pas un échantillon représentatif… et que 50% de la Pop ne soit pas dans l’état de ces deux-là.
    Le POURQUOI nous le connaissons. Nous en avons déjà parlé, les études ne manquent pas, et ce concept de «guerre cognitive» ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes.
    Un seul exemple (tout est lié), celui du déni climatique :
    (à suivre)

    1. esprit critique

      (suite)
      – « Entre 2022 et 2023, la proportion de Français climatosceptiques a bondi de 27 à 37%.
      En avril 2023, le politologue Jean-Yves Dormagen dans Libération indique que ce sont les franges les plus conservatrices et identitaires qui sont majoritairement climatosceptiques, et que les plus modestes ont le sentiment d’être victime des mesures écologiques. »
      (Wikipédia : Déni du changement climatique)

      Et c’est là que nos phénomènes oseront dire que cette info ne vaut RIEN !
      Because Libé est un journal de gauchos s’adressant à des gauchos. Et que Jean-Yves Dormagen et que Wiki et patati et patata. Le Net regorge d’exemples de ce genre d’«arguments». Et puis cette fumeuse liberté d’expression, devenue droit de dire n’importe quoi, parce que je le veau bien, et la boucle est bouclée. Misère Misère !
      En attendant, là encore et comme par hasard, nous retrouvons les mêmes. (à suivre)

    2. esprit critique

      – « Entre 2022 et 2023, la proportion de Français climatosceptiques a bondi de 27 à 37%.
      En avril 2023, le politologue Jean-Yves Dormagen dans Libération indique que ce sont les franges les plus conservatrices et identitaires qui sont majoritairement climatosceptiques » (Wikipédia : Déni du changement climatique)

      Seulement nos phénomènes diront que cette info ne vaut RIEN ! Because Libé est un journal de gauche s’adressant à des gauchos, que Dormagen et Wiki et patati et patata.
      Le Net regorge d’exemples de ce genre d’«arguments». Et puis cette fumeuse liberté d’expression, devenue droit de dire n’importe quoi, parce que je le veau bien, et la boucle est bouclée. En attendant, là encore et comme par hasard nous retrouvons les mêmes.
      – « Il s’agit d’individus qui cumulent trois traits de personnalité – psychopathie, narcissisme et machiavélisme – prédictifs à la fois de l’adhésion à des théories du complot et de l’engagement dans des actions violentes. » (David Colon Le MONDE)

    3. esprit critique

      – « Entre 2022 et 2023, la proportion de Français climatosceptiques a bondi de 27 à 37%.
      En avril 2023, le politologue Jean-Yves Dormagen dans Libération indique que ce sont les franges les plus conservatrices et identitaires qui sont majoritairement climatosceptiques » (Wikipédia : Déni du changement climatique)

      Nos phénomènes diront alors que cette info ne vaut RIEN ! Because Libé est un journal de gauche s’adressant à des gauchos, que Dormagen et Wiki et patati et patata !
      Le Net regorge d’exemples de ce genre d’«arguments». Et puis cette fumeuse liberté d’expression, devenue droit de dire n’importe quoi, parce que je le veau bien, et la boucle est bouclée. En attendant, là encore et comme par hasard nous retrouvons les mêmes :
      – « Il s’agit d’individus qui cumulent trois traits de personnalité – psychopathie, narcissisme et machiavélisme – prédictifs à la fois de l’adhésion à des théories du complot et de l’engagement dans des actions violentes. » (David Colon Le MONDE)

  5. – La guerre cognitive : le nouveau champ de bataille qui exploite nos cerveaux
    (polytechnique-insights.com 5 février 2025)

    – Vers une définition de la guerre cognitive ?
    (Julien Claude Élie Debidour Lazzarini – 2024 – hal.science )

    La guerre cognitive a donc pour objectif de (je cite) semer la confusion, provoquer la division sociale, la polarisation politique, la délégitimation des adversaires, et la promotion d’une vision du monde favorable à certains intérêts. (p 7/6 «Résultats attendus »)

    Abêtir, décérébrer… un groupe d’individus, voire un peuple, pour en faire une armée prête à tout.
    Rien de plus facile aujourd’hui grâce à la Technologie. Et notamment la «bonne» vieille Télévision, qui compte désormais je ne sais combien de chaînes pourries. Sans oublier bien sûr Internet, contrôlé là encore par qui nous savons, et ces fameux algorithmes dont eux seuls ont le secret. (à suivre)

    1. (suite) C’est ainsi que nous sommes tous mesurés, évalués, surveillés, (géo)localisés, ciblés…
      Pour être finalement bombardés, torpillés. Coulés !
      Si encore c’était à l’insu de notre plein gré… même pas. Misère misère !

      – « ON leur dit ça c’est vrai, ils disent OK… ON dit ça c’est pas vrai, ils disent OK
      […] ON leur dit ça c’est beau, ils disent OK… ON dit ça c’est pas beau, ils disent OK
      […] ON leur dit eux gentils, ils disent OK… ON leur dit eux méchants, ils disent OK
      […] ON leur dit c’est la guerre, ils disent OK… ON leur dit faut la faire, ils disent OK ! »
      (Qu’est-ce qu’ils sont cons – Matthieu Côte – 2007)

      « Nous sommes en guerre » … qu’ON nous dit, et qu’ON nous répète.
      Mais ON ne nous dit pas quelle guerre.

  6. Oui comme en France, le Gobbels fonctionne très bien ! En France, tous les journalistes et tous les élus UmPs racontent en boucle sur tous les réseaux sociaux, tous les chaînes Tv et tous les journaux, que les migrants sont des chances pour la France, mais… Lorsqu’on est rattrapé par le réel, on se rend compte que toutes nos villes de France se transforme en Marseille.

    1. Parti d’en rire

      Heureusement qu’ ON a les Zemmour, MLP, Praud et Consort pour rétablir la Vérité.
      Et con t’a à Toi et l’autre pour faire progresser l’intelligence collective sur Biosphère.

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