La liberté comme choix en situation contrainte

Un réfugié en France se pose d’abord cette question : « Que vais-je faire de ma liberté retrouvée maintenant que je ne cherche plus à savoir ce que les autorités pensent de moi ? » Bienvenu dans un pays où on ne sait plus quoi faire de sa liberté. Dans la société thermo-industrielle, on ne choisit pas, on utilise son smartphone pour savoir ce qu’il faut penser. Alors, qu’est-ce que la liberté véritable ?

Sophia Rosenfeld : « Notre conception moderne de la liberté est calquée sur le modèle consumériste »

Thèse : Dans le passé, en Occident, la liberté a pu être envisagée comme le fait de faire bon usage de sa volonté pour rester dans le droit chemin. Hercule, déchiré entre deux femmes, l’une représentant la vertu et l’autre le vice, atteint une forme de liberté en décidant de suivre la première malgré les tentations de la seconde. Hercule est libre parce qu’il mène une vie morale, il maîtrise ses désirs. En optant pour le vice, il n’aurait pas choisi librement, ses désirs auraient choisi pour lui. Autrement dit, seul le choix de la vie morale est un choix libre qui n’a pas besoin d’une pseudo liberté de choix. Notre degré de liberté se mesure alors par notre maîtrise de soi et la rationalité de nos décisions.

Antithèse : Grâce à l’expansion du croissancisme et de la société d’abondance se sont développées, à partir du XVIIIe siècle, de nouvelles notions : liberté politique (choix de ses gouvernants), liberté d’éducation (choix de son cursus scolaire), liberté matrimoniale (choix du conjoint et divorce)… La conception contemporaine de la liberté est calquée sur le modèle du choix consumériste et s’étend à toutes les sphères de la vie. Aujourd’hui, la sensation de liberté s’éprouve dans une expérience spécifique : celle de pouvoir faire des choix pour soi-même parmi un ensemble d’options – partir en vacances ici ou là, acheter ce pull-ci ou ce pull-là, voter pour ce candidat-ci ou ce candidat-là. Apogée dans le discours d’investiture du président Donald Trump : « Vous pourrez acheter la voiture que vous voulez. »

Synthèse : L’idée de liberté de choix a certes rendu possible l’essor de toutes sortes de projets d’émancipation, du mouvement abolitionniste au XIXe siècle jusqu’aux mouvements féministes modernes. Mais il y a indéniablement des risques. Cet accent mis sur le choix individuel affaiblit notre capacité et notre résolution à prendre des décisions collectives dans l’intérêt général. Les oligarques de la tech nous garantissent une grande liberté de s’exprimer et de consommer. Ils ont compris qu’ils pouvaient utiliser le « libre » choix de consommer dans l’immédiat pour mobiliser l’opinion contre toute considération du long terme.

Il sera donc difficile de résoudre les crises globales car cela implique de trouver tous ensemble un moyen de garantir l’épanouissement de tous en situation contrainte. Résultat actuel, un libertarisme à la Elon Mosk juxtaposé à un discours autoritaire, voire fasciste, sur le pouvoir. La liberté qu’on réduit à la liberté de choix permet de garder un semblant d’ethos démocratique, alors que le système économique et politique est devenu, pour l’essentiel, autoritaire.

Le point de vue des écologistes libérés

Le mot liberté est polysémique et donc instrumentalisable. Un slogan comme « liberté » est en réalité un soporifique. Certains mots comme celui-là sont prononcés à tout-va, mais la « profondeur de l’intention » derrière ces mots n’est souvent pas bien grande. Il n’y a pas d’autres mots qui distinguent la liberté dans son sens noble, liberté de penser, d’expression… et la liberté individualiste de faire et d’agir sans autre visée que son intérêt individuel et sans en envisager les conséquences pour autrui. C’est le piège. La liberté de consommer est-elle une liberté digne de porter le nom de liberté ? Est-ce de pouvoir faire ce que je veux quand je veux ? Certainement pas. Sinon en tant que parents, vous n’avez plus besoin de vous fatiguer à inculquer des règles à vos enfants.

Mais cette liberté très utile pour le système marchand de faire des choix par soi-même pour soi même a complètement gangrené la notion de vérité. Cette vérité subjective justifie un choix qui se veut individuel uniquement motivé par nos désirs, nos intérêts. En réalité c’est une liberté manipulée par le système publicitaire et les slogans politiques. Le mensonge à la Trump fait plaisir, alors on vote Trump.


Un autre article du MONDE se pose la question : « Faut-il encore emmener les enfants au ski ? » Bien sûr que non, cela accroît le réchauffement climatique et la disparition de la neige. La véritable liberté, c’est d’être conscient des contraintes, savoir qu’on ne peut agir qu’en fonction de choses qui nous sont extérieures, avoir le sens des imites. Donc en définitive avoir un sens moral, comme Hercule !

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Liberté de la presse et démocratie en lambeau

extraits : Guerres économiques, guerres idéologiques, guerres de propagande, nous sommes en guerre et pas seulement en Ukraine ou à Gaza. Le chemin vers une intelligence collective que nous recherchons sur ce blog biosphere est de plus en plus escarpé, la vérité est marginalisée, les journalistes de plus en plus écrasés par les différents pouvoirs. Le 3 mai, c’était la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’organisation Reporters sans frontières a noté que plus de 50 % de la population mondiale vit sur un territoire « où exercer le métier de journaliste revient à risquer sa vie ou sa liberté »….

9 réflexions sur “La liberté comme choix en situation contrainte”

  1. Plus nous sommes ignorant, plus nous nous croyons libre parce que nous ne percevons pas les causes de notre aliénation. La liberté de l’individu n’acquiert un sens que dans le respect des contraintes du jeu social.
    Notre seule liberté, c’est de faire évoluer les règles si elles sont perfectibles, et de les refuser si elles sont inacceptables.

  2. Le plaisir est toujours vainqueur même face à la liberté et à l’écologie !
    Pour preuve, lire article sur Figaro intitulé : «Faisons de l’argent, des milliers de milliards d’argent» : Zelensky invite ses alliés à investir dans les terres rares en Ukraine

    Voici l’un des commentaires :
    « Jaya15 le 08/02/2025 14:44

    Zelensky a tout compris. Il n’existe pas meilleure façon pour motiver ses alliés, qui avaient tendance à traîner la patte et à ne pas mesurer tous les enjeux du projetmortifère et néfaste de Poutine. Alors j’espère que la France saura être au rendez-vous et continuera de soutenir l’Ukraine et investira massivement dans ces terres rares. Car l’Ukraine sera un jour prochain, partie intégrante de l’Europe. Il le faut. »

    1. Des commentaires comme celui-ci il y en a plein d’autres dans cet article du Figaro ! Les gens veulent la guerre pour obtenir les ressources naturelles ! Et si ces gens veulent ces ressources c’est pour consommer davantage ! Les gens veulent que la France participe à la guerre, non pas pour sauver la peau des ukrainiens, non pas pour la liberté des ukrainiens mais pour obtenir les ressources sur leur sol !

      Et oui ! Juste pour ça ! S’il n’y aurait aucune ressource sur le sol ukrainien, tous les bien-pensants UmPs s’en battrait les steaks de l’Ukraine, et les journalistes ne publieraient même pas un seul article, ni reportage Tva. Ils se font passer pour des bien-pensants mais en réalité ce sont des biens-pensants (les philosophes mettent le mot bien au pluriel pour souligner le caractère petit-bourgeois de canapé de ceux qui donnent des leçons de moral aux autres tout en s’empiffrant de biens de consommation en cachette)

      1. Esprit critique

        Encore une fois ce n’est pas une preuve. En tous cas pas une preuve de cette théorie que tu nous ressasses, alors que tu ferais bien de l’approfondir. De toutes façons tu ne peux pas généraliser pour en tirer des conclusions aussi simplistes.
        PS : Encore une fois, sache qu’il faut un E à morale. (leçons de morale)
        En attendant, garde le moral. 🙂

        1. Bah si c’est une preuve supplémentaire à toutes celles que j’ai déjà donné ! C’est bien pour obtenir des ressources naturelles pour conforter le pouvoir d’achat que les gens approuvent ces guerres ! Évidemment par hypocrisie beaucoup vont raconter qu’ils approuvent pour soit disant défendre les droits de l’hommiste mais dans le fond c’est bien pour les ressources naturelles !

      2. methode duterte

        Tout à fait d’ accord
        D’ailleurs Trump veut faire du Canada et du Groenland, très riches en diverses ressources, de nouveaux états des USA .
        Ces yankees sont insatiables et s’ ils le pouvaient , ils se jetteraient comme des charognards sur les ressources énormes de la Sibérie .
        GW Bush , ce grand malade mais vrai mondialiste, avait dit en son temps qu’ il n’ était pas question de sacrifier le niveau de vie des amerloques, d’ où leur constante prédation des ressources mondiales .
        Nos « amis  » américains sont en fait nos pires ennemis avec la muzzerie.

  3. Esprit critique

    – « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force.» (Orwell -1984)

    En attendant (ce qui ne saurait tarder), en situation de contrainte il n’y a pas de liberté.
    Et ce par définition. Le choix (si ON peut appeler ça comme ça) se limite alors à choisir entre la Peste et le Choléra. Entre marche ou crève, la bourse ou la vie, le Vaxin ou rester à la maison (en attendant qu’ON nous foute en prison), etc. etc. Et en même temps… c’est la « liberté » de choisir entre 50 marques de lessives, 500 modèles de bagnoles, entre les Alpes ou les Pyrénées pour les vacances de février. Bref ce n’est alors là que la « liberté » de choisir parmi une infinité de produits de consommations.

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