La méditation face à une immersion sociale délétère

Avec la multiplication des écrans, nous sommes submergés par un flot d’images que certains osent appeler « informations ». Y résister requiert un effort surhumain alors qu’il faudrait préserver notre milieu mental interne afin de méditer et d’atteindre si possible un sentiment océanique, facteur de paix écologique. Des chercheurs se sont interrogés sur ces états de conscience centrés tantôt sur des contenus endogènes, tantôt sur des événements extérieurs. Le vagabondage mental, c’est terminé ; nous n’apprécions plus vraiment les dialogues en tête-à-tête avec nous-mêmes !

Matthew Killingsworth a montré que les individus rêvassent souvent mais considèrent cette activité comme désagréable. Timothy Wilson a placé des volontaires dans une pièce vide et privés de leurs objets personnels pendant six à quinze minutes, il leur suffisait juste de « penser ». La plupart des participants ont rapporté des difficultés de concentration  alors que  leur attention n’était pas en compétition avec d’autres stimuli et beaucoup ont trouvé l’expérience très déplaisante. Certains préféraient s’infliger un choc électrique plutôt que rester dans leurs seules pensées*.

Angela Sirigu, la neuroscientifique qui relate ces expériences, n’en tire aucun enseignement si ce n’est que les gens maintenant préfèrent le marchand de glace et l’apport l’extérieur. Pourtant elle décrit ainsi parfaitement le vide existentiel de nos existences formatées par le système marchand. Or si nous n »avons plus la possibilité de nous recentrer sur nous-mêmes, de rêver et donc de pouvoir ressentir tout ce qui n’est pas fait social, nous accentuons notre coupure d’avec la nature. Comme l’exprime David Selby, « Une éducation soucieuse de la Terre organiserait des expériences festives réaffirmant l’intégration de la société humaine dans la nature. De tels enseignements comprendraient un art contemplatif, la danse, des exercices de respiration profonde, la méditation… »

* Le MONDE du 16 juillet 2014, Le cerveau face à lui-même

1 réflexion sur “La méditation face à une immersion sociale délétère”

  1. Complément d’analyse : Le site http://www.natureprimordiale.org vous est proposé pour une approche du Primordial
    Se laisser envahir par des perceptions de lieux premiers, par des perceptions premières de lieux…
    Etre touchés par une dimension du réel que nous n’avions jamais vécue.
    Dans des fonds perdus de nature sauvage quelque chose d’immense nous a traversés, habités.
    Nous sentons que certains lieux : typiquement les forêts naturelles, relictuelles, anciennes, quasi-primitives…
    sont propices à cet éveil sensible que nous sommes très loin de soupçonner avant de l’avoir vécu…
    Abandonner l’ambition de conquérir la nature, et être intérieurement conquis par elle.

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