La meilleure façon d’élever ses enfants

Léa Marie, née Naitchalal, est la directrice générale du Slip français. Elle a démarré ses études par un BEP de couture puis un bac en génie mécanique avant de faire une école d’ingénieur spécialisée dans les métiers du vêtement. Interrogé sur sa manière d’éduquer ses propres enfants, elle est admirable, mais les aigris sont toujours de sortie dans les commentaires sur lemonde.fr.

Léa Marie : Ma mère m’avait dit : « Il faudra toujours travailler pour être indépendante et si tu sais coudre et faire à manger, tu auras toujours du travail. » Je crois qu’elle a raison. Mon père était très strict, à l’ancienne, mais il nous a aussi transmis le goût de la liberté. Il s’appelait Youssef Naitchalal. Je m’appelle Marie seulement depuis que je suis mariée. On n’entend pas la même chose quand on s’appelle Marie ou Naitchalal. Je me souviens d’une fois où mon père m’accompagnait chez un dermato qui avait dit que les Arabes étaient des voleurs. Mon père a dit bien fort : « Comme les Arabes sont des voleurs, on va partir sans payer. »

Pour ne pas être envoyée en seconde et pouvoir faire un BEP couture, je ne me suis pas présentée au brevet. Et je continue à défendre ça ! Sortis de 3e, tous les enfants devraient faire une année pro. Tous ! Là, on leur demande de décider ce qu’ils veulent faire plus tard alors qu’ils ne savent rien faire de leurs mains. Le pro, ça permet aux enfants d’avoir confiance en eux, de se dire : « J’ai fait un truc, je sais produire avec mes mains. » A 17 ans, je m’assumais en travaillant le week-end et les vacances. A 4 ou 5 ans, mes deux enfants savaient déjà coudre, tricoter, faire la cuisine, bricoler. Ma fille prépare son bac. C’est une travailleuse courageuse. Elle bosse dans une fromagerie tous les samedis après-midi et entraîne bénévolement des enfants à l’athlétisme, une fois par semaine. Là, elle est en plein Parcoursup – sur liste d’attente. Elle a l’impression d’être nulle. Je lui dis : « Accepte ce sentiment de doute, il va te construire, ça va venir. » Ce sont les difficultés qui nous construisent, et pourtant on protège ses enfants des difficultés.

Ils n’ont pas eu de téléphone avant la 2de parce qu’il m’a semblé qu’ils n’étaient pas assez mûrs pour utiliser les réseaux sociaux. Mais je n’ai jamais rien imposé à mes enfants, sauf la politesse. Imposer, c’est un aveu de faiblesse. J’ai souvent rappelé à mes enfants qu’ils avaient de la chance d’avoir une chambre pour eux tout seuls. Je rapporte trop à l’argent, j’ai souvent dit : « Tu sais combien ça coûte ? » Un jour où j’avais proposé d’aller faire une balade en forêt, mon fils a dit : « Pour acheter quoi ? » J’ai compris que quelque chose n’allait pas si, à chaque fois qu’on sortait de la maison, c’était pour consommer. J’ai donc décidé qu’on irait marcher sur le chemin de Compostelle l’année suivante. Depuis 2016, on est partis presque tous les ans en parcourir des tronçons. Le premier jour, les enfants vous disent : « Y aura du Wi-Fi ce soir ? » Le lendemain c’est : « On joue à quel jeu de cartes ? » Ce sont des moments de vie uniques ! Et marcher autant, l’effort pour grimper, tout cela développe la confiance en soi.

Toute leur vie, j’ai travaillé à ce que mes enfants soient le plus autonomes possible. Je ne crois pas qu’on soit un bon parent quand on fait des enfants pour les garder pour soi. Notre rôle de parent, c’est de les pousser à partir un jour, heureux et autonomes.

Ping-pong entre les gens qui agissent et ceux qui critiquent

orizoru : Étrange comme entretien. Pas sûr de savoir quoi en retenir après lecture.

Mille : Je suis enseignant et c’est bien la première fois qu’en trois décennies je lis des propos aussi intelligents sur la formation !

Alec Touvabienovitch  : Elle a laissé les données de ses clients se faire pirater et elle donne des leçons…

BioBio : Je n’ai pas noté qu’elle donnait des leçons sur l’intégrité des donnés numériques personnelles !

Zarathustra : Elle ferait mieux de se taire plutôt que dire des évidences.

Trazibule : Paroles pleines de sagesse d’une remarquable entrepreneuse.

Vogelfanger : Une peu flippante cette dame dans le genre Madame Warrior ! Il y a des rêveurs, des bricoleurs, des intellos, des sportifs … pourquoi tous le monde au pro à fabriquer des trucs. Personnellement, je garde un excellent souvenir des cours académiques, du sport et des arts plastiques. Mais le cours d’EMT où on m’obligeait à fabriquer des trucs qui m’intéressaient pas du tou sur une machine à coudre : je trouvais ça insupportable

Gladys : Par contre, vous trouvez peut être normal que tous les élèves soient obligés de faire des maths, de la gym ou d’étudier de la littérature. Bizarre…

JackBarto : du très formaté et aseptisé, tendance éducation positive…..

69basr : Témoignage intéressant, n’en déplaise aux habituels grincheux … Qui ne font concrètement pas grand chose sinon exprimer leur fiel par écrans interposés.. quand on ne peut pas… on laisse faire ceux – celles- qui font…

check one : Quand on fait des enfants c’est forcément pour soi, par définition, ça n’empêche pas d’essayer d’être le meilleur parent possible mais il faut une dose importante d’egocentrisme, sans pejoratisme. Il faut que ce qu’ils nous apportent soit plus important que la souffrance qu’ils ressentiront dans ce monde

Michel SOURROUILLE : Je suis toujours étonné de voir des abonnés au MONDE critiquer même ce qui est au-delà de toute critique. Faire des enfants pour soi est une démarche néfaste pour leur avenir, nous ne sommes pas propriétaires de nos enfants. De plus la nécessité de revaloriser les métiers manuels est une nécessité absolue à une époque où la seule ambition est de s’asseoir derrière un bureau toute sa vie pour finir sur un canapé après avoir réclamé la retraite à 55 ans. Quant au rapport de Léa à l’argent, respect. Mieux vaut marcher que courir après, c’est ce que j’ai retenu de son témoignage.

3 réflexions sur “La meilleure façon d’élever ses enfants”

  1. la meilleure façon de faire des slips

    Je ne connaissais pas Le Slip français. Faut dire que la mode et moi ça fait deux. Faut dire aussi que le slip n’est pas ma préoccupation première. Tout ce que je lui demande c’est de se faire oublier. Autrement dit d’être confortable. Et présentable aussi, autrement dit pas trop dégueu.
    Surtout si je dois le montrer, à ma toubib par exemple. Ceci dit je défends le made in France.
    Dans cette matière, coton de préférence, tout le monde connaît cette marque dont la Pub disait, à moins que ce ne soit une blague, « Pour avoir un long mât portez des slips Petit Bateau ».
    Justement, sur divers sites, j’en vois de toutes les tailles, et de toutes les couleurs, des slips. Comme il y a slip et slip, il y a Petit Bateau et Petit Bateau. Ainsi j’en vois 3 pour 25€ et 5 pour 35€. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ils ne les vendent pas par 7 , comme les jours de la semaine, voire par 12. Bref, disons 8€ le Petit Bateau. Et puis sur leur site j’en vois un, tout rayé, en pur coton, ultra confortable… à 22€. (à suivre)

    1. (suite) Comme quoi le confort ça se paye. Le made in France idem.
      Et dans cette aventure (ou mission…) Le Slip français se doit bien sûr d’être… compétitif.
      Durable etc. Ce que je lui souhaite. Parce que même s’il reste de loin le plus abordable pour les petites bourses, je ne défends surtout pas le jetable. Ni même le low-cost.
      Cependant, même s’il est confortable et beau, Le Slip français n’est quand même pas donné. Même à moitié prix. Entre moins d’1€ le slip, certes jetable… disons 2€ le slip lavable made in China… et 22 € le slip 100% coton 100% made in France … je me demande alors où est le Juste Prix. Et c’est pour tout, et n’importe quoi, pareil !

      – « Dans deux ans, elle emploiera 300 personnes» : Le Slip français inaugure son usine près de Paris (lefigaro.fr – 17 février 2025 )

  2. Ce n’est peut-être pas la première fois qu’en trois décennies je lis des propos aussi intelligents sur la formation, le rapport à l’argent, la marche, la conso etc…. n’empêche que ça fait toujours du bien ! N’en déplaise aux grincheux qui entendent ça comme des évidences (Zarathustra), du très formaté et aseptisé (JackBarto) , autrement dit des conneries.
    Et tant pis pour eux s’ils ne comprennent rien.

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